Essai Toyota Mark X G's : Salaryman Express
par Pierre-Laurent Ribault

Essai Toyota Mark X G's : Salaryman Express

La voiture qui fait l’objet de cet essai est doublement exotique pour nous autres Français. La Toyota Mark X n’a jamais mis les roues sur le vieux continent, et encore moins dans cette version G’s. Elle représente un segment qui commence à relever de la préhistoire dans l’hexagone, celui de la berline propulsion populaire à tendance sportive, disparu dans la crevasse presque refermée entre les tractions plus ou moins compactes à tendance déplaçoir et les premiums statutaires d’inspiration allemande.

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Espèce en voie de disparition

Il fut un temps, disons pour faire simple entre 1970 et 1995, où les berlines propulsion de segment D et E étaient les reines du marché automobile japonais. Toyota Mark II, Toyota Chaser, Nissan Laurel, Nissan Skyline, Nissan Cefiro, Mitsubishi Diamante, Mazda Luce... ces autos représentant un juste milieu entre les sedans à l'américaine et les berlines sportives à l’européenne étaient l’aspiration standard du salaryman nippon, sa récompense pour le dur travail fourni au service de la machine économique japonaise tournant alors à plein régime.

Classiques dans le style et l’architecture technique, flatteuses pour leur propriétaire sans être réellement luxueuses afin de rester accessibles aux classes moyennes, ces autos ont subi comme leurs homologues européennes les mutations du marché. Les années 2000 leurs ont été particulièrement cruelles. La fragmentation du marché familial en toutes sortes de monospaces à la practicité de plus en plus poussée et la fascination grandissante pour le cachet des allemandes, Mercedes d’abord, plus tard BMW et désormais Audi, valeur montante, ont ringardisé les propositions locales, d’autant que les constructeurs japonais eux-mêmes ont commencé à diffuser localement leurs propres armes développées pour la compétition mondiale, Lexus, Acura et Infiniti.

Les badges classiques ont disparu, complètement chez Nissan où les Laurel, Cedric et Gloria ne sont plus que des souvenirs et les berlines propulsion des Infiniti rebadgées, et réduits chez Toyota aux seules Crown et Mark X. Cette dernière a la lourde tâche de faire la synthèse entre les anciennes Mark II, Chaser, Verossa et Cresta. Mêlant un peu de luxe, un peu de sport, un peu de confort, c’est la bouée de sauvetage des Toyotistes traditionalistes qui trouvent les classe C et Série 3 trop exotiques et les Lexus et la Crown hors de portée.

L'héritière

La Toyota Mark X est la première de la lignée à troquer les fameux six cylindres en ligne de la famille JZ pour un V6 atmosphérique GR, disponible en deux déclinaisons : 2,5l de 203 chevaux ou 3,5l de 318 chevaux. La Mark X (prononcer “marque èxe”, et non mark ten), tient son nom de la plateforme “X” à moteur longitudinal et propulsion dont les évolutions depuis l’apparition en 1972 ont servi de base aux Mark II, Chaser, Cressida et leurs variantes. Apparue en 2004, la Mark X a subi un restylage important en 2009, accentuant son côté dynamique, et continué sa carrière en parallèle de ses cousines germaines IS et GS chez Lexus.

Pas vraiment tendance malgré sa ligne assez moderne, raisonnablement cossue mais ne se poussant pas du col, la Mark X est de par son héritage l’apanage du salaryman old school, celui qui travaille tard et boit sec, qui perfectionne son swing avec son parapluie sur le quai en attendant le train qui le ramènera vers sa banlieue et qui va hululer son blues de col blanc dans les karaokés avec ses collègues. Malheureusement, cette image d’Epinal du samouraï moderne au service de Japan Inc. a perdu de sa superbe et Toyota a jugé bon de donner un remontant à la gamme en créant, à l'occasion du rafraîchissement cosmétique de la gamme en 2012, la Mark X G's  qui nous intéresse ici.

Les spécialistes

Le G est pour Gazoo. Les habitués du blog auto connaissent le Gazoo Racing, département interne à l’entreprise fondé en 1998 par l’alors pas encore président Akio Toyoda pour dynamiser l’image de la marque au Japon. Combinaison d’un portail web et d’une écurie de course qui engage les Toyota 86 et les Lexus LFA en VLN et aux 24 heures du Nürburgring, c’est surtout le repaire des Top Guns, la clique des pilotes essayeurs les plus capés du constructeur, longtemps emmenés par le plus célèbre d’entre eux Hitomu Naruse, malheureusement disparu à l’issue d’un accident de la circulation en 2010. Jouissant d’un grand prestige au sein de la maison, ayant l’oreille du président Toyoda, l'avis de ces pilotes-ingénieurs a une importante influence sur les options de mise au point des véhicules de la marque.

Pour capitaliser sur cette renommée, Toyota a lancé au Japon il y a quelques années le label G’s, pour G Sports, qui dénote un modèle passé entre les mains des experts de Gazoo pour une mise au point particulièrement poussée privilégiant le plaisir de conduite, sans, et cela fait partie du concept, toucher à la mécanique d’origine. Il s'agit de faire passer le fait que les voitures de la marque sont fondamentalement bonnes, et qu’un travail de mise au point aux petits oignons sur les trains roulants peut révéler les qualités dynamiques sans l’artifice d’un paquet de chevaux supplémentaires. Si l’argument peut faire sourire quand il s’agit de la Toyota Prius ou du monospace Voxy aux allures de fourgon, la perspective est déjà nettement plus alléchante pour la Mark X dotée d'un V6 3,5l de 318 chevaux.

Cette longue explication introductive nous amène sur les routes de service d’un Fuji speedway bien calme en semaine, conviés par Toyota à “goûter” à la Mark X G’s, pour reprendre la métaphore gourmande qu’aimait à employer Naruse-san lorsqu’il expliquait de son travail.

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L'air pas commode

Ambiance studieuse

Les choses sérieuses

Conclusion

Crédit photos : Toyota (2, 3, 4), Pierre-Laurent Ribault/le blog auto et Yuji Shimizu/le blog auto

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Pour résumer

La voiture qui fait l’objet de cet essai est doublement exotique pour nous autres Français. La Toyota Mark X n’a jamais mis les roues sur le vieux continent, et encore moins dans cette version G’s. Elle représente un segment qui commence à relever de la préhistoire dans l’hexagone, celui de la berline propulsion populaire à tendance sportive, disparu dans la crevasse presque refermée entre les tractions plus ou moins compactes à tendance déplaçoir et les premiums statutaires d’inspiration allemande.

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