Attention, monument historique ! Le Type H fête cette année ses 70 ans. Apparu au salon de Paris 1947, il a été l'utilitaire de l'après-guerre. C'était le compagnon des artisans, des mairies, des postes... Pour beaucoup, c'était le tout premier fourgon. Il remplaçait un triporteur, voir une carriole à cheval. Avec sa "gueule", il eu naturellement des rôles au cinéma et à la télévision. Il s'est surtout rendu célèbre comme "panier à salade". Puis il s'est éternisé. Même le C35 n'a pas réussi à avoir sa peau ! Il semblait immortel. Les jeunes adultes des années 70 l'avaient toujours vu rouler. Même après 1981, lorsqu'il disparu des chaînes, il a continué de rendre service. D'ailleurs, on le voit encore de nos jours, dans les campagnes.
Style extérieur
Citroën a rendu hommage au Type H à Rétromobile. Il exposait notamment son ancêtre, le TUB (Traction Utilitaire Basse.) Né peu avant le conflit, le TUB eu une carrière très brève. Pour autant, beaucoup nommeront à tort le Type H TUB (ou "tube".) Pour être précis, comme il s'agit de la version fourgon 1600 kg, il faut parler de "HY".
Chez les Michelin, la fonction dicte la forme. Ainsi, le Type H est très anguleux. Son arrière semble taillé avec un massicot géant. Surtout, il est très ramassé : une hauteur et une largeur actuel, mais seulement 4,2m de long, alors que de nos jours, les fourgons dépassent allègrement les 5m. Les flancs, avec leur apparence de tôle ondulée, intriguent. En fait, Citroën se serait inspiré du fuselage du Junkers Ju 52 (alias "tante Juju".) L'intérêt de plier la tôle, c'est qu'elle est plus solide. Et puis, il y a cette immense calandre toute en hauteur... Le Type H ne déparerait pas dans Nosferatu !
Au cours de sa loooooongue carrière, il a à peine évolué. Le pare-brise est passé en une partie, la vitre arrière est devenue rectangulaire et des ouïes ont poussé sur le compartiment moteur. Mais globalement, il a gardé la même silhouette de 1947 à 1981. Cet exemplaire date de 1973. La rouille avait commencé à faire son œuvre. Mais la société de communication qui s'occupe du food truck, pour le compte de Citroën, possède un atout maître : un Citroëniste qui a déjà possédé plusieurs Type H. En seulement 15 jours, il a restauré et équipé le véhicule.
Style intérieur et équipement
Vu de 2017, le Type H n'est plus si haut que ça. Le marchepied est inutile. Les portes suicides trahissent la conception antédiluvienne. Le propriétaire prévient : il ne faut JAMAIS ouvrir les portes lorsque l'engin roule, sous peine d'être happé dehors. De quoi mettre d'emblée en confiance...
Côté équipement, c'est facile de le lister : il n'y a rien ! C'est on ne peut plus monacal. Un compteur de 11cv est posé sur la colonne de direction et il n'y a même pas de voyant pour les clignotants ! Les sièges sont composés de deux coussins rectangulaires en skaï (sans réglages possibles). Les rangements se limitent à un unique vide-poche qui ne se ferme pas. Il y a un troisième homme : le moteur, qui s'invite dans l'habitacle. Un coffre assure l'isolation. Au moins, l'hiver, il y a un chauffage central...
A l'arrière, le HY innovait avec une unique porte coulissante, l'autre servant de cachette pour la roue de secours. Le rail était fixé sur le bas de caisse, ce qui limitait l'ouverture. Derrière, le souci, c'était la rigidité. D'où des montants arrière épais. De plus, l'ensemble hayon + demi-portes n'était guère ergonomique. Mais il faut se souvenir que ce n'était que le débuts des fourgons. C'est grâce aux retours des utilisateurs que l'on a pu corriger et améliorer ensuite...
Il n'y a pas grand chose à dire sur la partie food truck, les équipements ayant été posés cette année. Le nom "Café AC" est évidemment une référence à André Citroën.
Motorisation
Pour 1947, le Type H était moderne : monocoque et traction, 3 ans avant le Peugeot D3 et 12 ans avant l'Estafette Renault. En 1968, le 1,9l, hérité de la 11cv, adopte enfin les évolutions de la 11D (apparue en 1955 !) et ses 52ch. Ce qui reste très peu. Il est associé à une boite à 3 rapports en "h", avec 1ère en bas à droite.
Citroën avait songé à un mini-Type H à moteur de 2cv, le Type I. Pour autant, même Michelin le trouvait sous-motorisé et le projet fit long feu.
Sur la route
On est à des année-lumières des utilitaires actuels ! Ici, rien n'est automatisé ; rien n'est électronique. A l'arrêt, il faut de bons biceps pour faire tourner les roues. Et bien sûr, la pédale du milieu a un rôle principalement décoratif. Il y a deux rétroviseurs extérieurs, mais de toute façon, ils sont mal tournés. En ville, notre HY se montre et se fait entendre. A un arrêt de bus, un jeune homme, casque sur les oreilles, regarde le sol... Mais l'engin l'a sorti de sa torpeur ! Les suspensions sont très raides. Comme cela, il peut transporter de lourdes charges sans s'écraser. Inconvénient : il lit la route comme une GT ! D'ailleurs, c'est de là que viendrait l'expression "panier à salade" : les personnes interpelées étaient bien secouées à l'arrière (à moins que ce soit à cause des grillages ou de la propension des malfrats à raconter n'importe quoi une fois embarqués...) A 40km/h, on est déjà en troisième. La route devient droite et on prend de la vitesse. Au volume sonore, on se croirait dans une LM P1 dans les Hunaudières... Sauf qu'on est à 70.
Globalement, comme pour la 2 cv, le but était avant tout de se mouvoir et ici, en plus, de transporter du matériel. Il fallait donc tout limiter au minimum syndical.
Tarif et conclusion
Il fut un temps pas si lointain où, contre quelques icônes de Delacroix, vous pouviez obtenir un HY bien rincé... Depuis, il a acquis un statut "collector". Aujourd'hui, comptez plutôt 5 000 € pour un véhicule quasi-hors d'usage. Un modèle en bon état peut monter jusqu'à 50 000 €, la médiane étant plutôt à 30 000 €... A moins de tomber sur un rural qui n'a pas du tout conscience de la valeur de son véhicule et n'y voit qu'une vieille fourgonnette (si, si, ça arrive.)
Avec le Type H, on mesure le chemin parcouru par les utilitaires. Aujourd'hui, ils offrent quasiment les prestations d'une berline. Le Type H, lui, n'offre pas grand chose, à part son look inimitable.
Crédit photos : JJO/le blog auto
+ | Look |
Légende ambulante |
- | Performances inadaptées à la circulation actuelle |
Prix devenus délirants |
Citroën HY |
Moteur |
Type et implantation | 4 cylindres en ligne |
Cylindrée (cm3) | 1911 |
Puissance (kW/ch) | 38/52 à 4000 |
Couple (Nm) | 132 à 1800 |
Transmission |
Roues motrices | Avant |
Boîte de vitesses | Manuelle à trois rapports |
Châssis |
Suspension avant | Barre de torsion |
Suspension arrière | Barre de torsion + bras latéraux |
Freins | Tambours AV/AR |
Jantes et pneus | Alliage 16'' 205/55 R16 |
Performances |
Vitesse maximale (km/h) | 100 |
0 à 100 km/h (s) | Ah ah ah |
Consommation |
Cycle urbain (l/100 km) | NC |
Cycle extra-urbain (l/100 km) | NC |
Cycle mixte (l/100 km) | NC |
CO2 (g/km) | NC |
Dimensions |
Longueur (mm) | 4260 |
Largeur (mm) | 1990 |
Hauteur (mm) | 2300 |
Empattement (mm) | NC |
Volume de coffre (l) | - |
Réservoir (l) | - |
Masse à vide (kg) | 1300 |