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par Joest Jonathan Ouaknine

Essai Alfa Romeo Ondine 1962

Non, ce n'est pas une faute de frappe. La voiture à l'image est bien une Alfa Romeo Ondine. C'était le fruit d'une amourette de la très sérieuse Régie Nationale des Usines Renault avec une Italienne...

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F&F Collection est un vendeur d'anciennes spécialisés dans les Italiennes. L'entreprise est basée à Montfort l'Amaury, dans les Yvelines. Le patron, Max, adore se rendre dans la péninsule pour y chiner des anciennes. Dans ses réserves, on trouve actuellement des Fiat 500, une 850 Sport Moretti et... Une Renault Dauphine ? Il s'agit en fait d'une Alfa Romeo Ondine.

Un peu d'histoire

Après la guerre, Renault eut des envies d'expansion internationale tous azimuts. A l'époque, la plupart des pays surtaxaient les importations et il fallait donc assembler sur place. La firme au losange passait alors des contrats avec des assembleurs locaux et leur expédiait des voitures en kit. Le système fut rodé avec la 4CV (donnant notamment la très exotique 4cv Hino.) Avec la Dauphine, les accords se démultiplièrent. De l'Argentine à Israël, du Mexique à l'Algérie, de petits ateliers jouaient de la clef à molette. Pour le marché italien, Renault approcha d'abord d'Innocenti (qui ne produisait alors que les scooters Lambretta.) L'état Italien, propriétaire d'Alfa Romeo, voulu occuper les ouvriers de l'usine de Portello. La Giulietta se vendait moins bien que prévu. Avec la Dauphine, la marque milanaise devait faire du volume. En échange, Renault s'engageait à distribuer Alfa Romeo en France. De 1959 à 1964, Portello assembla ainsi des Dauphine, Ondine et des R4 (!) Le lobbying de Fiat, la mauvaise volonté de Renault (qui n'a jamais mis la moindre Alfa Romeo dans ses concessions françaises) et la disparition des taxes intra-européennes eurent raison de l'accord... Mais les deux parties se retrouvèrent dès 1967. L'accord concernait cette fois des Saviem SG2 et SG4, produits sous licence à Pomigliano d’Arco.

Aujourd'hui, on associe Alfa Romeo au sport. Mais il en allait autrement dans les années 50. Au milieu des années 50, la marque au trèfle songeait à une traction de petite cylindrée (deux décennies avant l'Alfasud), la Tipo 13. Peu après le début de l'assemblage des Dauphine, le constructeur songea à une remplaçante développée en interne, toujours en traction. Le prototype Tipo 103 de 1960 était très abouti. Néanmoins, le constructeur choisit de se cantonner aux moyennes cylindrées (suite aux pressions de Fiat ?) Avec la Giulietta (1962), les ventes repartir à la hausse. Il fallu attendre la MiTo Twinair (2011) pour revoir une Alfa avec une cylindrée à trois chiffres. Renault aurait vu la Tipo 103 et il s'en serait inspiré pour la R8 (mais avec un moteur dans le coffre.)

Revenons à nos moutons. Alfa Romeo assembla 2 000 Ondine. C'est donc une rareté en soit. Qui plus est, l'exemplaire du jour n'a connu qu'un seul propriétaire : un prêtre florentin qui l'a achetée neuve en 1962 et l'a revendue 55 ans plus tard. La voiture n'a jamais été restaurée et elle est restée strictement en état d'origine (mis à part le logo "RNUR" sur le capot.)

Extérieur

Dans les années 50, les marques ne réfléchissaient pas à leur "identité". Il n'était pas encore question de transposer des traits d'un modèles à l'autre. Ainsi, la Dauphine/Ondine ne ressemble ni à la 4cv, ni à la Fregate. Sa ligne a encore pas mal de rondeurs, mais elle annonce clairement les "caisses carrées" des années 60-70...

Qu'est-ce qui différencie les voitures produites à Milan ? Pas grand chose. Outre les badges sur les ailes, les amateurs auront reconnu les feux arrières spécifiques. C'est tout. Alfa Romeo n'avait pas fait d'effort pour rapprocher la Dauphine et l'Ondine de sa gamme.

Intérieur

Devant le succès de la Dauphine, Renault décida d'en dériver une version sportive, la Gordini (1958.) Deux ans plus tard, il y eu une version plus cossue, l'Ondine. Elle avait droit au volant de la Caravelle, à des tapis de sol et à une boite à 4 rapports. On frise le suréquipement ! Derrière le volant, l'unique compteur indiquait la vitesse, le niveau d'essence et la température d'eau. Nombre de propriétaires accessoirisaient (on ne parlait pas encore de "tuning") leur voiture.

Le plus incroyable est qu'à l'époque, la Régie avait recruté une experte des tissus et des couleurs, Paule Marrot, pour égayer les intérieurs. Parmi la production tricolore du crépuscule des années 60, les Dauphine et Ondine avaient donc les intérieurs les plus chatoyants.

La Dauphine/Ondine était souvent un deuxième achat. Pour la personne qui avait débutée avec une 4cv, elle semblait immense ! L'équivalent actuel de l'Ondine, c'est la Megane Sedan Intens (qui n'est pas vendue en France). Néanmoins, son gabarit la rapprocherait de la Logan. Or, la Roumaine est 40cm plus longue. L'écart se situe surtout au niveau de l'empattement. Vue de 2017, on considérerait la doyenne comme une 2+2 places. Et à l'avant, mieux vaut ne pas être rugbyman...

Sur la route

A l'avant, il n'y a que la batterie 12V (qui était d'ailleurs propre à la version milanaise.) Le 845 cm3 "Ventoux" est derrière les sièges. Ce dérivé du bloc "Cléon-Fonte" de la 4cv eu une longue descendance, qui alla jusqu'aux premières Twingo. Comme on est en Italie, on vous recommande les lubrifiants Agip. Avec 31 ch, l'Ondine trottine. Il lui faut 32 secondes (et une très longue ligne droite) pour atteindre 100km/h. Elle atteint 115km/h en pointe, c'était pas mal pour une si petite cylindrée, en 1962.

Les Italiens n'eurent pas droit aux Dauphine et Ondine Gordini, qui disposaient d'un moteur 40ch.

Heureusement, le jour de l'essai, il fait beau. Car les lois de la physique sont immuables. Un véhicule avec tout le poids en porte-à-faux arrière, ce n'est pas idéal. La Dauphine avait le surnom de savonnette. Certains mettaient des sacs de sable pour lester l'avant. Renault tenta d'y remédier avec des pneus plus larges Quant à Alfa Romeo, il avait installé quatre freins à disque.

Conclusion

Cette Alfa Romeo Ondine est une drôle de survivance d'un accord passé entre deux constructeurs. Et puis, avec ses bosses et ses éclats de peintures d'origine, n'est-elle pas craquante ? En 1962, c'était une voiture de milieu de gamme, statutaire, plutôt bien équipée et à la présentation flatteuse... Alors que vue de 2017, elle semble minuscule, frêle, sous-équipée et austère. C'est dire si c'est nos repères ont évolué...

Durant les années 80-90, il y a eu un grand intérêt pour les "popus" français d'après-guerre. Depuis, les prix sont restés stables. Les Dauphine/Ondine s'échangent de 5 000€ à 10 000€ (hors Gordini.) Comme d'habitude, il faut se méfier des exemplaires à la peinture rutilante. Non, les Dauphine et Ondine Gordini n'étaient pas bleues avec deux bandes blanches (sauf dans les BD de Franck Margerin.) Autant dire qu'il va falloir être vigilant...

Et la voiture du jour ? Avec 2 000 exemplaires, produits d'octobre 1960 à février 1963, les Alfa Romeo Ondine survivantes sont plutôt rares. Néanmoins, l'intérêt pour ce modèle est faible. Celle de F&F Collection a été estimée à 12 000€ par un expert indépendant.

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Pour résumer

Non, ce n'est pas une faute de frappe. La voiture à l'image est bien une Alfa Romeo Ondine. C'était le fruit d'une amourette de la très sérieuse Régie Nationale des Usines Renault avec une Italienne...

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