WEC 2023 6H Spa : Toyota à travers les gouttes
Les 6 heures de Spa ont été tumultueuses, à cause de conditions changeantes et de nombreux incidents. Mais Toyota est passé maître dans l'art de passer au travers des embuches.
Les 6 heures de Spa ont été tumultueuses, à cause de conditions changeantes et de nombreux incidents. Mais Toyota est passé maître dans l'art de passer au travers des embuches.
Les 6 heures de Spa se terminent sur un nouveau doublé de Toyota, mais il y a eu de l'action et beaucoup de sorties de piste. Et les critiques risquent de fuser envers la FIA et l'ACO, car le débat sur l'interdiction des cabines de chauffe des pneus va repartir de plus belle. Alors que les pilotes pouvaient auparavant repartir des stands avec des pneus préchauffés à 80° et donc avoir rapidement un bon grip, on a vu le résultat de leur interdiction à Spa, avec des conditions humides qui non seulement ont amené des températures basses mais en plus ont accru les difficultés de mise en température, avec pas mal d'incidents à la clé. Si le but recherché est le spectacle, pas sûr que ce soit le cas. Quant à la sécurité et au bilan pièces détachées, il va rapidement faire grincer des dents...
Avant même le départ, c'était Holiday on ice. Phil Hanson (Oreca n°22) a tapé les piles de pneus au sommet du Raidillon. Claudio Schiovani (Porsche n°60) est également allé s'échouer dans un bac à graviers, alors que Christian Ried (Porsche n°77) est parti en tête-à-queue à trois reprises.
Après plusieurs tours sous voiture de sécurité, la meute a été lâchée. Sur le moment, Ferrari semblait avoir fait un bon choix en chaussant des pneus pluie, comme Peugeot, puisque les bolides italiens ont pris les devants, alors que la Toyota, partie en slicks, apparaissait en difficulté sur les premiers tours. Mais l'expérience a fait le reste puisqu’une heure plus tard, sur une piste s'étant assechée, la Toyota n°7 pointait en tête devant une Porsche Penske et une Cadillac alors que les Ferrari, contraintes de repasser par les stands pour changer de gommes, étaient reléguées à 1 tour ! Quant à la Toyota n°8, partie du fond de grille après s’être pris le mur en qualifs, elle était déjà remontée en 4e position.
Lors de la 2e heure, au bout d’1h 38 de course, le premier gros incident concernait une Cadillac. 2e mais sous la pression des Ferrari qui étaient pourtant à 1 tour, la Cadillac n°3, celle de Bourdais-Van der Zande-Aitken, est sortie violemment de la piste. Dans le Raidillon, Van der Zande a perdu son Hypercar suite à un lâchage de la direction assistée, allant taper violemment dans les pneus, dans la montée. Un choc violent, qui laissait la Cadillac en morceaux.
Après une longue neutralisation, la course a repris ses droits mais les rebondissements se sont enchaînés. La Porsche Penske 963 de Laurens Vanthoor s’est arrêtée sur la piste, en panne. C’est ensuite Jacques Villeneuve qui s’est accroché avec une Ferrari 488 LMGTE en essayant de la passer à l’intérieur de Blanchimont alors qu’il coursait la Glickenhaus. La Vanwall 680 a fini sa course dans les murs de protection, voiture pliée. A 1h30de l’arrivée, Ferrari perdait ensuite la 499P n°50. A la sortie de stands, en pneus froids, Antonio Fuoco perdait le prototype sur la réaccélération et partait directement dans les rails, abandonnant sur le coup.
Alors que les Toyota étaient à la parade encore une fois, la fin de course nous a offert une superbe remontée de la 2e Ferrari, la N°51 de James Calado, qui a repris en 25 minutes pas moins de 35 secondes à la Porsche 963 de Mackowiecki,pour finalement le passer dans le dernier tour et arracher la 3e position. Une compensation pour l’équipage qui avait perdu la pole position obtenue hier par Antonio Giovinazzi, le temps ayant été annulé pour non-respect des limites de piste.
La 5e place est prise par la Cadillac rescapée et la 6e place par la Porsche 963 « privée » du team Jota. Et nos Peugeot ? Et bien, si la fiabilité est là, ce n’est pas le cas de la performance. Les deux 9X8 ont évité les ennuis, mais elles ne sont pas du tout dans le coup. La n°93 de Di Resta/Jensen/Vergne prend la 7e place Hypercar mais termine 13e à la régulière, derrière plusieurs LMP2 et la seconde Peugeot est 17e au général…Pour comparer, le meilleur tour en course d’une 9X8 s’établit à 2.05.212 contre 2.03.868 pour une 499P et 2.02.327 pour la Toyota N°7. Un gouffre.
En LMP2, la bagarre a duré jusqu’au bout. United Autosports, Team WRT, Jota et Prema ont bataillé dur durant les six heures. En fin de course, la Prema n°63 pilotée par Doriane Pin, Mirko Bortolotti et Daniil Kvyat s'est retrouvée hors du coup après une pénalité de 3 minutes pour une infraction sous régime de neutralisation. United Autosports, avec Tom Blomqvist et Team WRT, avec Louis Delétraz, ont ravitaillé en même temps à 10 minutes du damier. United Autosports est rentré en tête mais Team WRT a quitté la voie des stands quelques secondes plus tôt. Louis Delétraz, Robert Kubica et Rui Andrade sont venus à bout du team anglo-américain United Autosports. Albert Costa, pour Europol Competition, a fait un festival en fin d’épreuve pour monter sur le podium. Les Alpine sont 7e et 8e, encore en retrait.
En LMGTE aussi, la bagarre a été rude. Après avoir raté pour une seconde la victoire à Portimao, Alessio Rovera, Luis Perez Companc et Lilou Wadoux ont décroché leur première victoire. Lilou Wadoux, devient par la même occasion la première féminine à s'imposer en WEC toutes catégories confondues, à seulement 22 ans. Corvette Racing, grâce un Nicky Catsburg en mode défense totale, arrache la 2e place avec une C8.R alourdie par la Bop, et a résisté jusqu’au bout à l'Aston Martin Vantage GTE/ORT by TF qui la talonne de seulement 0.2 seconde !
Conclusion : il va falloir du travail pour déloger Toyota. Si Ferrari se rapproche en performance, et même prend l'ascendant en qualifications, on voit encore une fois l’avantage net des japonais en termes de stratégie, d’exécution et de maitrise des aléas sur l'ensemble d'une longue course. L’expérience, tout simplement ! On constate néanmoins le potentiel supérieur des hypercars sur les « simples » LMDh. A voir ce que la Bop nous réservera pour Le Mans.
Classement complet ici
Au championnat, Buemi-Hartley-Hirakawa restent leaders avec 71 points contre 65 à Conway, Kobayashi et Lopez qui viennent de signer leur 2e victoire de la saison.
Toyota est passé à travers les gouttes et les embuches pour signé un nouveau doublé aux 6 heures de Spa. Ferrari complète le podium. En LMGTE, AF Corse impose la 488 GTE avec entre autres la jeune française Lilou Wadoux, première femme à gagner une course WEC.
Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.