Souvenirs, souvenirs : McLaren a 50 ans
par Joest Jonathan Ouaknine

Souvenirs, souvenirs : McLaren a 50 ans

McLaren, est exceptionnel.Le mot d'ordre de l'entreprise, de Bruce McLaren à Ron Dennis, semble être : "Pour vivre heureux, vivons caché." La discrétion est de mise. Les couleurs sont celles des sponsors. Les stars, ce sont les pilotes. Le nom du motoriste apparait au premier plan; "McLaren" est en retrait. Et encore, avec la 12C, puis la P1, Woking se force à être plus "glamour"...

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Les écuries de F1 n'arrêtent pas de changer de nom ou de propriétaires. Parmi les 11 structures actuels, combien étaient là il y a 10 ans ? 11? 9? 6? Non, seulement 4 (dont Sauber, qui est un cas particulier.) Dans ce contexte, arriver à 50 ans, comme McLaren, est exceptionnel.Le mot d'ordre de l'entreprise, de Bruce McLaren à Ron Dennis, semble être : "Pour vivre heureux, vivons caché." La discrétion est de mise. Les couleurs sont celles des sponsors. Les stars, ce sont les pilotes. Le nom du motoriste apparait au premier plan; "McLaren" est en retrait. Et encore, avec la 12C, puis la P1, Woking se force à être plus "glamour"...

Pourtant, il y en a des choses à raconter ! McLaren a sans cesse muté pour mieux survivre.)

Le "Kiwi"

Bruce McLaren est un talent précoce. Comme il est passionné de mécanique, son père lui achète une Austin Seven alors qu'il n'a que 14 ans. Le Néo-zélandais se mue en préparateur et s'aligne dans les course de cote. En 1958, à 21 ans, sur les conseils de "Black Jack" Brabham, il "monte" en Europe. Pilote Cooper en F2, il passe en F1 l'année suivante et s'impose d'emblée (un record de précocité qui tiendra une quarantaine d'années, jusqu'à Alonso.)

Entre deux Grand Prix, McLaren écume les circuits avec sa structure privée. Il se rapproche de celle de Timmy Mayer et Peter Revson. Il dépose les statuts en 1963 et bombarde Teddy Mayer (petit-frère de Timmy) bras droit. Au milieu des années 60, Cooper perd du terrain : les autres équipes se sont mises au moteur central arrière. McLaren sent le vent tourner et se lance lui-même en F1, en 1966.

Au début, "Bruce McLaren Motor Racing LTD" n'a qu'une demi-douzaine d'employés. Pour se maintenir à flot, l'écurie intensifie sa diversification : Can-Am, Formule Libre, Formule Tasman, F5000, Indycar, etc. Il s'essaye au GT avec la M6. McLaren vend même des F1 à des privés ! Mayer suggère de peindre les voitures en orange "papaye". Un rappel des origines néo-zélandaises et surtout un moyen d'être plus visible en cas de dépassement.

A la fin des années 60, tout va bien. Allié à Ford, McLaren dévient un habitué des podiums de Canam et de F1. Le patron s'impose lui-même au Grand Prix de Belgique 1968. Et en 1971, Mark Donohue s'impose aux 500 miles d'Indianapolis (dans une voiture appartenant à Penske.) Hélas, en 1970, alors qu'il teste une voiture à Goodwood, McLaren se tue. Il n'a que 33 ans.

Hauts et bas

Mayer prend les commandes de l'écurie. L'heure est aux sponsoring. L'écurie s'associe d'abord aux savons Yardley. En 1974, Mayer réussit à s'attirer Emerson Fittipaldi (déjà champion en 1972, avec Lotus) et "rouge et blanc" (déçu de BRM.) La M23 est l'une des F1 des années 70 les plus réussies. Le Brésilien offre à McLaren son premier titre. James Hunt récidive en 1976.

Paradoxalement, l'écurie traverse une mauvaise passe. En Indycar, Lola et Eagle se livrent à une course à l'armement et McLaren ne peut plus lutter. Idem en Canam, où Posche tue la compétition, avec la 917. Contrairement à Lola, Chevron ou March, le constructeur n'a pas vocation a être présent partout. Il se concentre sur la F1. Hélas, Mayer loupe le virage des "wing-car", puis celui des turbo. En quelques saisons, les voitures dégringolent dans la hiérarchie. "Rouge et blanc" panique. Il appelle à la rescousse Ron Dennis, dont il sponsorise l'écurie de F2, Project Four.

En 1980, McLaren et Project Four fusionnent, formant "McLaren International". Les activités américaines sont revendues. En pratique, Dennis est seul maitre à bord ; Mayer est marginalisé. En 1981, Dennis convainc Mansour Ojjeh, PDG de TAG, d'investir.

MP4

Rien n'est trop beau pour Dennis. D'autant que les poches de "rouge et blanc" et de TAG sont bien pleines. John Barnard dessine la première F1 à châssis en carbone. Niki Lauda veut bien revenir, mais seulement contre un gros chèque. Celui de Renault est annulé par la CGT et c'est McLaren qui décroche l'Autrichien. Elle récupère ensuite un Prost fâché avec Renault. Il n'y a pas de turbo sur le marché ? Pas de problème, TAG demande à Porsche d'en fabriquer un ! Non seulement McLaren retrouve les podiums, mais elle décroche 3 titres supplémentaires.

Au milieu des années 80, les Williams-Honda battent les McLaren-TAG-Porsche. Aucun souci pour Dennis, qui séduit le motoriste Japonais, laissant Williams -champion en titre- sans moteur ! Pour épauler Prost, il recrute un Brésilien en verve chez Lotus : Ayrton Senna.

En 1988, l'écurie remporte 15 des 16 courses (avec le titre pour Senna.) En 1989, nouveau doublé au championnat (à l'avantage de Prost, cette fois.) Le Français part chez Ferrari, mais Senna offre les titres 1990 et 1991 à McLaren. Une domination inédite en F1. Les Japonais rayonnent.

McLaren est à son apogée. Dennis et Ojjeh se diversifient dans l'électronique de pointe et les supercars (!) Dennis demande à Gordon Murray de créer une voiture parfaite, quel que soit le prix. Faute de moteur Honda pour la bien-nommée F1 dispose d'un BMW (issu du projet mort-né de M8.)

Flottements

Hélas, ensuite, les ennuies s'accumulent. En 1992, Williams-Renault triomphe ; Honda se retire. Dennis tente de récupérer Renault, mais ça bloque sur le pétrolier (McLaren est allié à Shell; Renault, à Elf.) Il faut faire avec un Ford "plus ou moins usine" (au grand dam de Benetton, écurie officielle de l'ovale bleue.) Senna s'impatiente et part chez Williams. Michael Andretti fait un bide et Mika Hakkinen est trop "vert". C'est le défilé des moteurs (Lamborghini, pas Lamborghini, Peugeot, pas Peugeot, Mercedes...) et des pilotes (Martin Brundle, Nigel Mansell, Mark Blundell, Jan Magnussen, Prost...) De nouveau, l'écurie rétrograde sur la grille. Même "rouge et blanc" fini par quitter le navire.

Quant à la supercar, elle débarque en pleine crise économique. Ray Bellm, un proche de Murray, se lance en GT "pour voir". La F1 s'avère une arme redoutable ; elle remporte même les 24 heures du Mans. De quoi écouler quelques châssis. En 1996, face aux 911 GT1, elle évolue en GTR. Mais elle se fait balayer par Mercedes et Porsche, qui ont davantage de moyens.

Les années Mercedes

Motoriste depuis 1995, la firme à l'étoile ronge son frein. En 1996, McLaren recrute Adrian Newey. Grâce à lui -et au départ de Renault-, les McLaren rebondissent. Hakkinen décroche deux titres, avant d'être vaincu par le rouleau-compresseur Schumacher.

C'est l'époque des constructeurs. Mercedes devient actionnaire principal de McLaren. Les voitures sont repeintes en gris, en hommage aux flèches d'argent des années 30 et 50 (aux côtés desquelles elles posent régulièrement.) Pour tous, McLaren est "l'écurie Mercedes", par analogie avec BMW-Sauber ou Renault F1 Team. C'est également chez McLaren qu'est sous-traitée la production de la supercar SLR. Et pour faire plaisir au constructeur, McLaren bâti une écurie de F3000 autour de son chouchou, Nick Heidfeld.

Pour autant, Mercedes n'a que peu de prises dans les décisions de McLaren. L'écurie prend un malin plaisir à ne pas recruter d'espoirs Mercedes. Par exemple, Kimi Raikonnen est préféré à Heidfeld. Les résultats plafonnent. En 2003, la MP4-18 joue les Arlésiennes et l'écurie utilise la "vieille" MP4-17. Newey part chez Red Bull. Juan-Pablo Montoya, recruté à grand frais, est viré après un an et demi. Même Raikonnen fini par partir.

Les choses s'arrangent en 2007 ; Lewis Hamilton et Fernando Alonso trustent les podiums. Mais la rivalité tourne au vinaigre. En prime, il y a le "spygate": Mike Coughlan, le chef designer, se balade avec des plans de la Ferrari. Dennis doit démissionner. Hamilton remporte le titre 2008, mais quelque chose s'est cassé avec Mercedes.

En 2009, Ross Brawn rachète l'ex-écurie Honda F1 et obtient un Mercedes "client". La structure domine la saison et Mercedes la rachète, revendant ses parts de McLaren. Une page se tourne.

Constructeur de GT

Mercedes a annoncé que la SLS ne serait pas produite chez McLaren. Dés lors, le constructeur développe sa propre GT. D'autant plus qu'avec la SLR, il a l'expérience de la moyenne série. Techniquement, la MP4-12C -ou 12C- n'a que peu à voir avec la F1 et la SLR : c'est une classique GT à moteur central. Son V8 double-turbo dérive d'un projet avorté de TWR, destiné à l'Indycar. Elle sort en 2011 et par la même occasion, McLaren se dote d'un réseau de concessionnaires. Héritage sportif oblige, elle se décline d'emblée en version GT3. Un Spyder est également commercialisé.

McLaren monte actuellement en gamme avec la supercar P1. Cette fois, il revient dans le baroque. Pour la "vendre", le constructeur se force à sortir de sa réserve habituelle. McLaren s'offre même des opérations d'auto-promo. En tout cas, en seulement 2 ans, il s'est fait une place parmi les constructeurs de GT.

Côté F1, les résultats sont plus mitigés. Depuis 2008, McLaren n'a plus remporté de titre. En attendant Honda, il reste allié à Mercedes. Même s'il n'est théoriquement plus qu'un simple client. La saison 2013 risque bien d'être "blanche". Jenson Button et Sergio Perez étant incapable de contrecarrer les Ferrari et les Red Bull.

Crédits photos : McLaren, sauf photo 3 et photos de la galerie N°1, 5, 6, 7 et 11 (Ford), photos 5 et 6 et photos de la galerie N°13, 15, 16, 17 et 18 (Mercedes), photo de la galerie N°4 (Penske) et photo de la galerie N°8 (Porsche)

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McLaren, est exceptionnel.Le mot d'ordre de l'entreprise, de Bruce McLaren à Ron Dennis, semble être : "Pour vivre heureux, vivons caché." La discrétion est de mise. Les couleurs sont celles des sponsors. Les stars, ce sont les pilotes. Le nom du motoriste apparait au premier plan; "McLaren" est en retrait. Et encore, avec la 12C, puis la P1, Woking se force à être plus "glamour"...

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