Scénario à suspense, remontée fantastique et victoire française. Voici les ingrédients qui ont marqué la 27e édition de Petit Le Mans, finale du championnat d’endurance nord-américain IMSA. L’épreuve a été remportée ce samedi par la Cadillac n°1 pilotée par Sébastien Bourdais, Renger van der Zande et Scott Dixon.

Après 10 heures de course, le trio l’a emporté avec un maigre coussin de 3 secondes face à la Porsche 963 n°6 de l’équipe Penske menée par Kévin Estre, Mathieu Jaminet et Nick Tandy. La marque allemande place sa deuxième voiture officielle (la n°5) sur la troisième marche du podium : Felipe Nasr et Dane Cameron s’adjugent ainsi le titre pilote dans la catégorie reine de l’IMSA.

Un tour perdu, une victoire trouvée

Mais le scénario fut particulièrement tortueux pour la Cadillac V-Series. R victorieuse. Pendant la première heure de course, l’équipage perdit un tour sur les leaders en raison d’un capteur défaillant. Revenue dans le sillage des leaders à la faveur d’un incident impliquant l’Acura n°10 de Ricky Taylor, la GTP la plus bruyante de plateau a pris la première place à un quart d’heure à peine de l’arrivée.

« Je ne sais même pas où commencer, réagissait Sébastien Bourdais à l’arrivée. L’an dernier, nous menions jusqu’à une demi-heure de l’arrivée. Cette année, nous n’avons réussi à prendre la tête que tout à la fin ».

L’une des clés de la course a été la gestion des pneumatiques Michelin : « Nous avons eu un problème de capteur de couple en début de course et nous avons été contraints de boucler 100 tours avec le même train de pneus, poursuivait l’ancien pilote d’Indycar. Dans la catégorie GTP, l’allocation était de 13 trains pour le week-end. « La course semblait perdue mais les gars ont réussi à régler cela et nous remettre dans la course à la victoire ». A 45 ans, le Manceau est le premier tricolore à l’emporter dans la classique depuis Olivier Pla en 2016. C’est aussi son premier triomphe en Géorgie.

La joie de Sébastien Bourdais et de ses équipiers sur le podium marquait aussi la fin d’une ère pour le programme Cadillac. L’an prochain, les sonores V-Series R. ne seront plus exploitées par le Chip Ganassi Racing mais par l’équipe WTR. Une troisième GTP restera exploitée par l’écurie Whelen.

8 pilotes tricolores au départ

Les tricolores de chez Porsche, Kévin Estre et Mathieu Jaminet, ont perdu le titre pilote pour quelques points. « Nous avons presque conclu notre saison avec une troisième victoire, mais le combat a été très rapproché en fin de course » réagissait Mathieu Jaminet, déçu de voir sa 963, longtemps en tête, perdre la course dans les dernières minutes.

Lamborghini avait fait appel à deux pilotes tricolores avec des fortunes diverses. En GTP, Romain Grosjean repart de Géorgie avec une décevante 8e place à 13 tours. L’ancien pilote Haas en Formule 1 a cependant signé le meilleur tour en course (1:11 :981) à bord de sa SC63. Franck Perera a remporté l’épreuve dans la catégorie GTDPRO, avec ses équipiers, Jordan Pepper et Mirko Bortolotti.

En LMP2, un autre succès tricolore est à signaler. En terminant à la quatrième place, l’Alsacien Tom Dillmann a décroché le titre dans cette catégorie avec son équipier Nick Boulle.

Bleu, blanc, rouge

Les Français ont brillé dans une épreuve très française. Lancée il y a un quart de siècle sur le modèle des 24 Heures du Mans, l’épreuve de 10 heures se dispute le court mais épineux tracé de Road Atlanta, au nord de la Géorgie. Elle réunit chaque année près de 100 000 amateurs d’endurance dans un infield (champ intérieur) constellé de camping-cars. A l’époque des prototypes ouverts, les pilotes pouvaient, dit-on, sentir les odeurs de barbecue. Et l’aspect vallonné du tracé offre aux spectateurs des points de vue spectaculaires sur la course.

Il en est de même depuis la Michelin Tower, dominant la ligne droite des stands. Le bâtiment abrite la direction de course, le centre media et des invités. Le manufacturier français est chez lui à Petit Le Mans. Le tracé s’appelle d’ailleurs officiellement « Michelin Raceway Road Atlanta ». Le siège américain de Bibendum se trouve également à Greenville, à 150 kilomètres du tracé. La marque fournit jusqu’à 6 000 pneumatiques aux écuries pendant l’évènement.

Elle poursuivra en 2025 sa fourniture exclusive de la catégorie reine GTP. La saison prochaine démarrera mi-janvier sur le mythique tracé de Daytona.