L'autre traité de l'Atlantique
L'IMSA (instance dirigeante de l'Endurance aux USA), l'ACO (pour le Mans) et la FIA se sont entendues pour une convergence des règlementations techniques des deux catégories, afin qu'elles puissent courir ensemble en IMSA comme en WEC, promettant ainsi un plateau de rêve et une visibilité mondiale pour les constructeurs. Si l'admission des LMDh dans le WEC (donc aux 24g du Mans) était déjà validée pour 2022, l'inverse, c'est à dire la possibilité pour les Hypercar de s'aligner à Sebring et Daytona, n'était pas encore formalisée. Ce sera bientôt chose faite.
Avec, à terme d'ici 2023, Toyota, Peugeot, Glickenhaus et Ferrari pour les Hypercars, et potentiellement BMW, Porsche, Audi et Acura pour les LMDh, cela laisse présager de pelotons de grande classe en Endurance, que nous n'avons sans doute pas connu depuis les brèves années fastueuses du FIA GT-1 voire même du Groupe C des années 80 (et encore, à l'époque l'IMSA jouait sa propre carte avec les GTP).
Faire converger deux approches différentes
Cette annonce est la suite logique des annonces faites en 2020, quand les catégories Hypercar puis LMDh ont été officialisées. Rappelons que l'Hypercar, qui remplace les LMP1, repose sur une règlementation qui permet une architecture technique libre (dont la ppssibilité d'implanter l'hybride aussi sur le train avant pour avoir une 4RM) mais avec un poids minimum de 1030 Kg, une puissance fixée à 500 kW (670 chevaux) avec un système hybride optionnel et la possibilité pour les constructeurs soit de partir d'une feuille blanche avec un proto soit de développer une voiture à partir d'un modèle existant. De leur côté, les LMDh, à priori moins "sophistiquées", reposeront sur un châssis fourni par 4 constructeurs au choix (Dallara, Multimatic, Ligier, Oreca) avec un système thermique + hybride implanté à l'arrière, le tout avec les mêmes contraintes que l'Hypercar, soit une puissance maxi de 670 chevaux et un poids minimum de 1030 kg.
Les constructeurs impliqués dans les différents programmes LMDh et LMH sont parvenus à un accord visant à équilibrer les performances entre les deux types de prototypes, afin de définir ue BoP (balance of performance). Certes, nous pouvons nous agacer de ces bidouillages techniques qui visent à niveler le plateau, mais c'est peut-être une condition sine qua non désormais pour espérer attirer et fidéliser de nombreux constructeurs, à l'image du GT3, même si les contre-exemples existent aussi (comme l'a démontré le retrait de Ford du GTE).
Quatre éléments clés sont retenus pour définir cette convergence : les pneus, le profil d’accélération, la capacité de freinage, l'aérodynamique. Le règlement technique final sera développé conjointement par l’ACO, la FIA et l’IMSA. Les LMH seront soumis à la conclusion d’un accord commercial individuel entre chaque constructeur et l’IMSA, accord qui respectera le règlement sportif de l’instance.
Les réactions étaient évidemment à l'unisson pour saluer cette avancée majeure, comme celle de Pierre Fillon, Président de l'Automobile Club de l'Ouest : « Cette annonce historique s'inscrit dans une volonté de construire un avenir commun pour l'Endurance. L'ensemble des parties prenantes a travaillé main dans la main pour aboutir à cet accord majeur et je tiens à les remercier très sincèrement. Pour les teams comme pour les fans, cette décision est une nouvelle fantastique. En travaillant conjointement avec nos partenaires, c'est la promesse d'un grand avenir que nous offrons à l'Endurance. Les constructeurs rêvaient de pouvoir participer aux plus grandes courses d'endurance du monde avec un seul et même modèle de voiture : cela sera désormais réalité. » *
John Doonan, Président de l'IMSA : « Ce que nous avons réussi ensemble lors de notre réunion à Paris, il y a quelques semaines, pourrait bien révolutionner les courses de prototypes partout dans le monde. Tout est en place pour créer une catégorie reine extrêmement disputée qui va accueillir un nombre impressionnant de constructeurs, parmi les plus grands du monde. Cet accord permet de mettre en valeur des technologies pertinentes lors des plus prestigieuses courses d’endurance de la planète. Ensemble, nous devons saisir l’occasion de mobiliser une nouvelle génération de passionnés d’endurance et de porter notre discipline au plus haut. Je me félicite de l’esprit de collaboration né entre notre équipe à IMSA, nos amis à l’ACO et à la FIA, et tous nos partenaires de l’univers automobile. »
Quid pour Peugeot ?
Peugeot à Daytona avec la 9x8, cela fait déjà saliver. Mais quel intérêt pour le lion de s'engager sur un championnat lié à un marché dont il est totalement absent ? A moins que le retour aux USA ne revienne sur la table. Côté pilotes, on peut aussi imaginer une sacrée dream team. Pourquoi pas un retour au bercail de Simon Pagenaud, qui a connu l'épopée de la 908 HDi, et aussi de Romain Grosjean, qui a migré en pays yankee et qui avait déjà manifesté l'an passé son intérêt à a fois pour l'hypercar et pour le retour de Peugeot. A suivre...
Notre avis, par le blogauto.com
Qui ne rêverait pas de voir Peugeot, Ferrari, Toyota, Porsche et BMW se tirer la bourre à Daytona puis au Mans, comme à la grande époque du championnat du monde des marques des années 60 ? Les deux rives de l'Atlantique vont-elles enfin renouer leurs liens ? Patience et espérance, sachant que les Bop et les convergences techniques prennent du temps et peuvent aussi être source de tensions, tant les enjeux technologiques mais aussi marketing et financiers sont grands.
Illustration : Peugeot