La vraie ferveur populaire qui s'est développée autour de la renaissance d'Alpine n'est pas passée inaperçue. Même si le lien n'est pas fait explicitement, le phénomène aura sûrement joué dans l'éclosion d'un autre projet spectaculaire dont le blog auto vient d'avoir vent et qui promet de ranimer une autre flamme en veilleuse depuis bien trop longtemps, celle de... Matra !
Car si les bolides de Dieppe ont porté haut les couleurs françaises dans le sport auto des années 60 et 70, c'est bien l'équipe Matra qui a mis le bleu en haut des podiums dans les plus grandes compétitions de l'époque, la F1 comme les 24 heures du Mans remportés en 1972, 1973 puis 1974 avec deux titres de champion du monde des marques à la clé pour les voitures de l'équipe créée par Jean-Luc Lagardère, avant que ce dernier ne décide de retirer l'équipe de la compétition et ne passe le flambeau à Ligier qui fera ses deux premières saisons de F1 avec le V12 made in Romorantin.
A l'heure où l'industrie automobile française est à la peine, et que l'on sent un besoin de se redonner confiance, il est temps pour le coq solognot de reprendre du service. Les détails sont encore flous, mais les informations recueillies par le blog auto dépeignent un projet qui semble sur de bons rails. Née d'une idée et de l'entregent de l'ancien Premier Ministre pilote François Fillon (qui plus est frère du président de l'ACO Pierre Fillon), frustré de n'avoir pu faire déboucher le projet de retour du Grand Prix de France, l'initiative rassemble un pool de grandes entreprises françaises industrielles avec des motivations qui ressemblent étonnamment à celles du Matra de Jean-Luc Lagardère : Dassault, EADS, Total pour citer les plus importantes veulent remettre sur le devant de la scène mondiale le savoir-faire technologique hexagonal, et le renouveau de l'endurance, dominée par ces nations industrieuses que sont l'Allemagne et le Japon, semble un terrain idéal d'autant que le nouveau réglement basé sur la consommation fait la part belle à l'ingéniosité.
Partir de zéro aurait été difficile et coûteux, mais il se trouve que le savoir-faire existe, laissé en jachère par les circonstances : la technologie non exploitée de la 908 hybride qui dort dans les placards à Vélizy d'un côté, et l'immense expérience d'Henri Pescarolo et de son équipe de l'autre, à la recherche d'un vecteur pour rebondir. L'idée serait de créer sur ces bases une voiture conforme au réglement LMP1 2014 pour rentrer dans le Championnat du Monde d'Endurance dans le courant de la saison prochaine si tout s'enchaîne bien, et pour le début de la saison 2015 au plus tard. Il fallait un nom pour fédérer la chose, et Arnaud Lagardère, pourtant engagé du côté de Renault et Caterham avec Charles Pic, a accepté pour la bonne cause de confier celui, hautement chargé d'histoire, de Matra Sports que le groupe Lagardère détient toujours. La plus heureuse surprise vient de la bienveillance exprimée par le Ministre du Redressement Productif séduit par la coloration franco-française de l'affaire qui cadre avec ses positions concernant l'industrie automobile. Il a promis l'appui de l'Etat lorsque nécessaire tant qu'il ne s'agit pas directement de l'argent du contribuable. Il est évidemment trop tôt pour parler des pilotes, mais circule déjà le nom de, qui d'autre, Sébastien Loeb qui rappelons-le a dû renoncer aux 24 heures du Mans 2013 faute de moyens mais qui reste dans la galaxie PSA.
On devrait en savoir plus au fur et à mesure que l'on approche des 24 heures du Mans, date choisie pour la révélation au public du projet qui répond en interne pour l'instant, en un clin d'oeil au dernier modèle produit par Matra, au nom de Murena...
Mise à jour : le 1er avril, nous aimons bien explorer un peu les environs de la réalité pour voir ce qui pourrait s'y passer... Le 2 avril 2013, le retour de Matra n'est malheureusement pas à l'ordre du jour, mais si cette fiction pouvait donner des idées à quelqu'un...
Crédit image : Bernard Fournol/le blog auto