Alonso qui a beaucoup roulé sur la Toyota N°8, ne cachait pas sa satisfaction en déclarant, à la fin de ce dimanche de roulage :
"Ça a été une bonne journée pour nous, un bon programme pour préparer la grande course dans deux semaines. La voiture a été parfaite dès les premiers tours. Pour moi, il s'agissait aussi de me familiariser avec le circuit car je m'y étais entraîné sur le simulateur, mais pas en réalité. Ce circuit est très plaisant, notamment pour ce genre de voiture. C'est même encore mieux qu'à Spa, où je pense j'avais des références avec la F1. Cette voiture est absolument dessinée pour le circuit du Mans."
Button, quant à lui, commentait sa journée en ces termes :
"La vitesse à laquelle ces prototypes peuvent passer en courbe est impressionnante. Il faut vraiment avoir confiance dans la voiture. Le problème, c’est qu’il y a beaucoup de trafic et c’est difficile de dépasser dans certains enchaînements. J’aurais aimé faire plus de tours. On voudrait toujours rouler plus et pouvoir repartir des stands avec des pneus neufs pour voir le potentiel de la voiture. Mais il faut rester concentré sur le programme d’essais. Je suis impatient pour la suite, car nous avons encore une belle marge de progression."
On sait que Fernando Alonso rêve de décrocher la triple couronne (GP de Monaco, 500 Miles d'Indianapolis et Le Mans), exploit que seul, Graham Hill a réussi. N’oublions pas qu’un autre pilote, Juan Pablo Montoya, engagé en LMP2, sur la Ligier N°32 d’United Autosports, pourrait, avec beaucoup de si…, réussir cet exploit, directement puisqu’il a déjà été sacré sur deux des trois épreuves.
Montoya qui découvrait le Mans lors de cette journée test, déclarait : "Je suis arrivé aujourd'hui à 8 heures du matin et j'ai piloté la voiture pour la première fois cet après-midi. Ici, les virages rapides sont fantastiques. Toute ma vie, j'ai adoré ça, alors j'adore les virages Porsche. Les commissaires font un travail fantastique, ils sont tout simplement extraordinaires."
Pour autant, Juan-Pablo connait déjà les courses de 24 heures puisqu'il a déjà remporté par trois fois les 24 Heures de Daytona (2007, 2008 et 2013).
Revue de détail des 24 pilotes de F1
Si Alonso jongle entre sa saison de F1 et le championnat d’endurance au sein du Toyota Gazoo Racing, nous ne retrouvons pas moins de 23 autres pilotes engagés aux 24 heures 2018 et ayant roulé lors de courses de F1. On pourrait y ajouter un 24ème, en la personne de Jose Maria Lopez, qui fut pilote de développement Renault F1 et roule sur la Toyota N°7.
A l’évidence « ces pointures » se retrouvent, en proportion, plus nombreuses en LMP1, avec la répartition suivante :
- André Lotterer et Bruno Senna sur la Rébellion N°1
- Kamui Koyabashi sur la Toyota N°7
- Sébastien Buemi, Fernando Alonso et Kazuki Nakajima sur la Toyota N°8
- Vitaly Petrov et Jenson Button sur BR1-AER N°11
- Stéphane Sarrazin sur la BR1-AER N°17
En LMP2, les trois marques de châssis accueillent 8 pilotes ex F1.
- Paul Di Resta sur la Ligier N°22
- Will Stevens sur la Ligier N°23
- Jean-Eric Vergne sur l’Oreca N°26
- Giedo Van der Garde et Jan Lammers sur la Dallara N°29
- Pastor Maldonado sur l’Oreca N°31
- Juan Pablo Montoya sur la Ligier N°32
- Luis Felipe Nasr sur la Dallara N°47
En catégorie GTE Pro les rangs sont plus clairsemés
- Antonio Giovinazzi sur la Ferrari 488 N°52
- Jan Magnussen sur la Chevrolet Corvette N°63
- Sébastien Bourdais sur la Ford N°67
- Gianmaria Bruni sur la Porsche N°91
En catégorie GTE Am on trouve seulement trois pilotes estampillés F1
- Giancarlo Fisichella sur la Ferrari 488 N°54
- Olivier Beretta sur la Ferrari 488 N°70
- Pedro Lamy sur l’Aston Martin Vantage N°98
Une édition historique ?
Depuis des années nous observons à quel point les 24 heures du Mans attirent les pilotes de Grand Prix. Tout dernièrement Romain Grosjean ne cachait pas son envie d’y participer et l’on constate avec quelle application Fernando Alonso a tenu à se préparer pour cette course qui l’a fait tant rêver. On rappellera qu'en 2015, Nico Hülkenberg (pilote F1 chez Renault Sport F1) avait remporté les 24H. Et que le pilote Toro Rosso, Brendon Hartley a remporté l'épreuve l'an dernier.
S'il ne pourra pas coiffer la triple couronne cette année, Fernando Alonso peut tout de même rentrer dans l'histoire. En effet, seuls 4 champions du monde de F1 ont aussi remporté les 24 Heures du Mans. Mike Hawthorn, Phil Hill et Jochen Rindt sont devenus champions du monde F1 après leur victoire au Mans. Graham Hill était déjà double champion du monde F1 quand il s'impose dans la Sarthe. Seul double champion du monde F1 et vainqueur au Mans, Graham Hill pourrait donc être rejoint par Alonso. Mais, si Alonso gagne cette année, il sera le seul champion du monde de F1 vainqueur du Mans dès sa première tentative. Avec Toyota seul en LMP1 hybride, c'est une probabilité non négligeable.
Mais attention...
Pour autant, l’endurance ne récompense jamais la fulgurance du pilotage sur quelques tours, mais la constance, la vigilance de tous les instants. Il n’est pas étonnant que cette sagesse arrivant souvent avec l’âge on assiste à une forme de brillante reconversion.
La Toyota N° 8 regroupant trois pilotes d’origine F1 doit constituer le fer de lance des japonais pour aller, enfin, au bout de leur rêve. L’aura dont bénéficie Fernando Alonso auprès du public devrait attirer de très nombreux spectateurs, qui se moquent bien des équivalences énergétiques entre hybrides et non-hybrides mais s’enflamment pour le panache des pilotes et le ballet hyper rythmé des mécaniciens.
Oui, comme on se plait à le répéter Le Mans c’est magique !
Alain Monnot
Photos : en-tête - Thierry Coulibaly, vignettes - WEC