A ce propos, il nous paraît opportun de présenter comment le directeur technique de Dunlop Jean-Félix Bazelin explique la situation des teams face à la météo. LBA : Pour anticiper des choix délicats est-ce que Dunlop très fortement impliqué dans la catégorie la plus disputée des LMP2 dispose d'une météo imparable ? Jean-Félix Bazelin : "Nous avons une météo comme tout le monde. Elle aussi précise et aussi spéciale que tout le monde. Elle est très bonne lorsqu'elle s'est montrée fiable et on la voue aux gémonies quand elle s'est trompée dans les prévisions. Malgré tout en vue de la course nous sommes dans des conditions très compliquées. Comme il a plu beaucoup depuis plusieurs semaines, on se retrouve avec une piste nettoyée avec des conditions d'adhérences évolutives, au fur et à mesure que les voitures vont y déposer de la gomme. Alors l'équilibre des voitures va changer. Il ne faudra pas être surpris quand les pilotes en descendant de la voiture diront qu'ils n'ont aucune adhérence. Puis, au fur à mesure que la course va se dérouler, ils nous diront que ça va de mieux en mieux. Nous savons que les réglages que nous avons prédéfinis avec les teams, ne seront pas idéaux au départ." LBA : Comment corrige-t-on le tir? Jean-Félix Bazelin : "Alors là, nous avons deux solutions. Soit on a suffisamment de connaissances quant aux réglages de la voiture pour se permettre de les 'bricoler' entre le début et la fin de la course, soit on a une petite idée du temps qu'il fera en l'occurrence il fera sec la plupart de la course . On sait donc que la piste reviendra à ce qu'elle était au standard, on donc va partir avec les réglages de base et l'on va souffrir un peu au début, pas vraiment au niveau des performances mais plus au niveau du ressenti du pilote, qui se sentira un peu sur des œufs." LBA : Chaque team bénéficie d'un conseiller Dunlop en direct ? Jean-Félix Bazelin : " Nous avons un ingénieur dans chaque team, qui d'une part fait de la récolte objective de données (températures et pressions) et d'autre part connaît les commentaires du pilote (accès au réseau radio du team) et enfin, il entretient un dialogue permanent avec l'ingénieur de piste pour définir les stratégies. On est vraiment intégré dans les teams avec briefings avant, et après essais et course. Nous avons tous compris que l'un des paramètres de la réussite, c'était la bonne entente entre les ingénieurs châssis et nous." LBA : Alors vous travaillez avec combien d'écuries, ici au Mans? Jean-Félix Bazelin : "Nous avons 20 teams en LMP2 et un partenariat avec Aston Martin avec 2 GTE Pro et GTE Am. Nous avons également un contrat en LMP1 non hybrides (les deux Rebellion et la By Kolles)". LBA : D'une manière générale en LMP2 quel temps de roulage envisagez-vous de faire? Jean-Félix Bazelin : "On vise systématiquement des double-relais, des triples, voire des quadruples relais. Si on considère avoir une bonne maîtrise, on changera les pneus au bout de deux relais. Pendant le second round on se dira, on fait deux ou on fait trois relais. En général les quadruples relais, nous les jouons pour la nuit. Les choses sont un peu stabilisées et le pilote va bien maîtriser l'évolution de ses pneus." LBA : Je suppose que vous appuyez toutes vos propositions de pneumatiques sur une base de données considérable? "En cinq années où nous étions dominants en LMP2, nous avons engrangé un nombre de données énormes en particulier au Mans, puisqu'ici c'est l'équivalent de quatre courses du championnat. On connaît bien les données voitures. On connaît bien les données piste. On sait également caractériser les revêtements. Ensuite, avec toutes ces données on fait des modélisations, affinées chaque année, nous permettant d'affiner des choix. Cela permet de sérier les problèmes et de converger plus rapidement mais heureusement, il reste l'interprétation humaine." |