Une fabrication polluante et destructrice
On le sait, la fabrication de la batterie électrique, qu’elle soit lithium-ion ou d’une autre technologie, pollue. En effet, il faut extraire le minerai qui contient le lithium, puis le raffiner et souvent lui faire subir une transformation chimique pour obtenir le composé souhaité. Et il y a d’autres éléments qui entrent dans la composition des batteries qui sont eux aussi polluants et énergivores. Cette pollution dépend du pays de fabrication de la batterie et est « effacée » au niveau équivalent CO2 en quelques dizaines de milliers de kilomètres en France, à 150 ou 200 000 km dans d’autres pays et pour une fabrication chinoise par exemple.
Mais, une fois le véhicule arrivé au bout de sa vie, que devient la batterie ? Eh bien elle peut avoir une deuxième, voire une troisième vie. En effet, les batteries modernes ont, en moyenne, une durée de vie plus importante que les véhicules qu’elles permettent de mouvoir. Ainsi, une fois le véhicule « bon pour la casse », la batterie a encore une capacité résiduelle intéressante. Elle sera moindre qu’initialement mais peut toujours servir.
Ces batteries qui auront par exemple entre 50 et 70 % de leur capacité (en kWh) initiale, pourront intégrer des véhicules ne demandant pas une autonomie conséquente. C’est le cas de beaucoup de véhicules en site fermé, ou effectuant des tournées routinières connues. Les batteries peuvent aussi intégrer une solution de stockage statique qui va permettre par exemple de stocker l’électricité excédentaire produite la journée par des panneaux photovoltaïques et la restituer le soir à la demande. Ce sont les batteries tampon.
Néanmoins, il arrive un moment où la batterie elle-même est en fin de course et c’est là qu’entre en jeu le recyclage des batteries. La filière du recyclage a eu le temps de se préparer en attendant que la matière première, les batteries à recycler, soit disponible. Ce recyclage, qu’il soit mécanique ou chimique ou un mix des deux, va permettre de séparer tous les éléments chimiques qui composent la batterie pour au final avoir des composés prêts à être réutilisés. Ils ne seront peut-être pas réemployés pour faire des batteries, pour une question de qualité et de pureté, mais l’industrie est friande de ces éléments recyclés.
Le recyclage, élément de communication indispensable désormais
Consciente qu’on ne peut pas indéfiniment creuser la Terre pour y puiser le lithium et d’autres métaux précieux, l’Union Européenne va imposer qu’en 2031, les batteries intègrent un minimum de 16 % de cobalt recyclé et 6 % de lithium et nickel recyclés. Ces métaux ne s’abîment pas avec l’utilisation et le recyclage. Ce recyclage permet également de moins polluer et de moins consommer d’énergie. Pour que la filière du recyclage soit efficace, les constructeurs automobiles ont l’obligation de recycler les batteries et leurs véhicules dans leur quasi-totalité.
Enfin, une autre voie commence à se développer qui est à la croisée des chemins entre seconde vie et recyclage. Cela consiste à désassembler les batteries et de tester la viabilité de chaque pile qui les compose. Cela permet d’écarter les piles qui sont mauvaises et les envoyer au recyclage, tandis que les piles encore bonnes sont assemblées en une nouvelle batterie reconditionnée. C’est ce que l’on fait avec les téléphones, appareils électroniques, ou autres et là aussi cela permet à la fois des économies de pollutions, mais aussi des économies financières.
De nombreux emplois en jeu
La filière du recyclage des batteries est aussi un enjeu économique en Europe. De nombreux pays, dont la France, mettent en place cette filière car il s’agit d’emplois industriels à la clé. Le recyclage, encore balbutiant il y a quelques années, est en train de prendre son envol avec de nombreux projets d’usines plus ou moins avancés ou déjà en fonctionnement.
Les constructeurs automobiles aussi sont impliqués. En effet, ils vont être confrontés à un problème d’approvisionnement en matériaux. En finançant, en y prenant part et en organisant la filière du recyclage des batteries, les constructeurs de véhicules électriques s’assurent d’avoir à disposition du lithium, cobalt, nickel et autres éléments précieux. On dit alors qu’ils « sécurisent » les approvisionnements. Et côté communication, cela permet aussi de montrer que la pollution et la destruction de la planète Terre sont prises en compte.
En améliorant le bilan pollution du véhicule électrique, les constructeurs auto et la filière recyclage rendent plus attractifs ces modèles pour ceux qui veulent limiter leur empreinte carbone. Si on couple cela à une électricité décarbonnée pour produire batterie et véhicule, mais aussi la charge électrique du véhicule au quotidien, on obtient un véhicule largement plus vertueux qu’un modèle thermique équivalent.