Le département américain de l'énergie souhaite revoir les modes de calcul
Le programme Corporate Average Fuel Economy (CAFE) calcule de façon mathématique une moyenne de consommation des véhicules vendus par chaque constructeur. Et les véhicules électriques sont très avantageux dans ce calcul qui commence à dater. Cet avantage serait indu et surestimé.
Ainsi, le département américain de l'énergie (DOE) a proposé lundi de réduire la valeur du kilométrage des véhicules électriques (VE) nécessaire pour répondre aux exigences gouvernementales en matière d'économie de carburant, une décision qui pourrait obliger les constructeurs automobiles à vendre davantage de voitures à faibles émissions ou à améliorer les modèles des véhicules thermiques. Le DOE souhaite ainsi revoir considérablement la façon dont il calcule l’indicateur de consommation de carburant équivalente au pétrole pour les hybrides électriques et électriques rechargeables pris en compte dans le programme Corporate Average Fuel Economy (CAFE) de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA).
Il est vrai que le système actuel n'a pas été mis à jour depuis plus de deux décennies. "Encourager l'adoption des véhicules électriques peut réduire la consommation de pétrole, mais accorder trop de crédit à cette adoption (sous-entendu : efficacité ) peut entraîner une augmentation de la consommation nette de pétrole, car cela aboutit au final à une économie de carburant moindre que ce que les calculs semblent indiquer. Les cotes équivalentes en milles par gallon (MPGe) sont déterminées en utilisant des valeurs pour l'électricité, l'efficacité de la production et de la distribution de pétrole et les habitudes de conduite.
Un enjeu majeur : la pertinence de passer aux VE remise en question
Les groupes environnementaux notent que les cotes d'économie de carburant des véhicules électriques sont beaucoup plus élevées pour déterminer la conformité CAFE que celles répertoriées sur le site Web consommateur fueleconomy.gov du gouvernement . L'Alliance pour l'innovation automobile, qui représente les principaux constructeurs automobiles, a averti l'année dernière qu’une baisse des taux d’équivalence retenus pourrait avoir des implications considérables et découragerait même l'adoption des véhicules électriques, remettant en cause jusqu’à sa pertinence.
Le groupe a déclaré lundi qu'il n'apparaissait pas clairement à l’heure actuelle quel serait le mode de calcul proposé par le DOE qui serait intégré dans les futures normes CAFE.
Une Volkswagen électrique ID.4 assortie d’une valeur de 380,6 MPGe sous CAFE obtiendrait ainsi 107,4 MPGe dans le cadre de la proposition du DOE, tandis qu'un Ford F-150 EV passerait de 237,1 à 67,1 MPGe. L’hybride rechargeable Chrysler Pacifica tomberait même de 88,2 à 59,5 MPGe.
Un mode de calcul trop laxiste
Le Conseil de défense des ressources naturelles et le Sierra Club ont demandé à changer le mode de calcul dès 2021, arguant que "des valeurs d'économie de carburant excessivement élevées pour les véhicules électriques signifient qu'un nombre relativement faible de véhicules électriques garantira mathématiquement la conformité sans contraindre les constructeurs à améliorer de manière significative la valeur de la moyenne réelle de l'économie de carburant de l’ensemble des flottes.
Notre avis, par leblogauto.com
Scandale à l’horizon ? Voire l’intérêt de la transition énergétique remis en question ? Cela pourrait y ressembler … réduisant alors à néant tous les efforts déployés pour nous vanter les mérites supposés des véhicules électriques … l’objectif final - mais non affiché - semblant alors plus de relancer l’économie via ni plus ni moins ce qu’on pourrait appeler un renouvellement de parc que de sauver la planète.
Un autre enjeu est pour le consommateur. On lui "vend" une économie qui est sans doute surestimée. Hors, de ces économies découlent les prix d'achat, attractifs ou non. En France, on ne présente pas les choses sous le même angle et surtout, on évite l'épineux problème d'évaluer l'équivalence entre électricité et essence/gazole.
Sources : Reuters