Bruno Le Maire a laissé entendre que les règles du bonus électrique pourraient être modifiées pour prendre en compte certains critères. Première information, le bonus électrique reculera bien de 6 000 € à 5 000 € en 2023. Ce rabotage de 1000 euros était prévu en juillet 2022, mais les conditions économiques ont fait que le Ministère a décidé de prolonger le niveau d'aide. Cependant, de nouvelles règles pourraient donc priver certains VE de l'aide de l'Etat. En effet, il y a de nombreuses voix qui s'élèvent contre un bonus trop généreux et pas assez protecteur.
"Il ne vous aura pas échappé que les Américains réservent leurs bonus aux modèles produits sur le sol américain. Je veux ouvrir cette réflexion", déclare Bruno Le Maire. "Ne devons-nous pas réserver le bonus écologique aux modèles produits en France ou en Europe ? Nous devons nous interroger".
Passer par des limites environnementales pour contourner les règles du commerce ?
Les règles européennes, validées par la France, impliquent que la protection ne peut pas être nationale. Si règles d'origine du VE il y a, elles seront forcément à portée de l'Union Européenne. En clair, un VE assemblé dans l'UE aura le bonus. Mais, on peut ruser et trouver des règles qui contournent ces contraintes.
Par exemple, on peut très bien parler de normes environnementales. Avec cela, exit les pays dont la production de batterie ou de VE (la Chine est visée bien entendu) est faite avec des normes peu regardantes. Mais, on pourrait aussi y mettre du CO2eq (équivalent CO2) pour éliminer certains pays à l'électricité fortement charbonnée/carbonée et qui sont au sein même de l'Europe.
La Slovaquie, qui produit la Peugeot 208 par exemple, a un mix (selon la base carbone de l'Ademe) à 197 g CO2eq/kWh. La France, pour donner un ordre de grandeur est à environ 17 g/kWh. Il y a un facteur 10. Une batterie assemblée en France émet 10 fois moins de CO2eq que cette batterie assemblée en Slovaquie. Reste à voir si le Ministre de l'Economie souhaite aller jusqu'à un tel protectionnisme ou s'arrêter aux frontières de l'UE.
La Chine est, bien entendu, la cible
La Chine est à 766 g/kWh électrique produit. Un tel niveau permettrait de mettre des conditions aptes à mettre l'Europe et les USA en quasi uniques fournisseurs du marché. En revanche, cela pourrait pénaliser le groupe Renault. En effet, le Renault Twizy (aide de 900 € pour un quadricycle) est fabriqué en Corée du Sud (533 g/kWh). Mais, surtout, le Dacia Spring est fabriqué entièrement en Chine avant d'être expédié en Europe.
Sa fabrication dans l'Empire du Milieu lui permet d'afficher un prix imbattable sur le marché européen. Le Renault City K-ZE dont il dérive serait plus cher s'il était assemblé en Europe, avec des batteries assemblées en Europe.
Notre avis, par leblogauto.com
Le CO2 ou l'environnement ne sont que des prétextes, ne nous y trompons pas. Le but est évidemment le protectionnisme économique pour favoriser les constructeurs qui s'implantent localement (en Europe). On enrobera cela d'un peu de verdure pour que cela passe un peu mieux.
En revanche, les VE à bas prix prendront une claque. Un Dacia Spring privé de son bonus (27% du prix actuellement), restera tout de même intéressant à 19 800 €. Mais bien moins qu'actuellement. En effet, la Twingo E-Tech Electric (plus courte de 12 cm) débute à 24 050 € hors bonus. Avec 5 000 € déduits en 2023, elle serait donc moins chère que le Spring qui n'aura plus que son style SUV pour lui.
En revanche, bonjour le mal de crâne pour Tesla dont certains Model Y viennent de Chine en attendant l'usine allemande. Un coup un bonus, un coup pas de bonus ?