Eramet suspend son projet de recyclage des batteries
par Elisabeth Studer

Eramet suspend son projet de recyclage des batteries

Signe des temps …. Eramet a annoncé suspendre son projet d'usine de recyclage de batteries en France. Invoquant le manque de marché en Europe pour justifier sa décision.

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Le groupe minier français Eramet a annoncé jeudi sa décision de geler son projet d'usine hydrométallurgique de recyclage de batteries pour véhicules électriques qu’il prévoyait jusqu’à présent d’implanter dans le nord de la France. Ajoutant que la suspension se poursuivrait "dans l'attente d'un modèle économique solide et pérenne en Europe" "Faute de montée en puissance en Europe des usines de batteries et de leurs composants, il existe aujourd'hui de fortes incertitudes, à la fois sur l'approvisionnement en matières premières de l'usine et sur les débouchés des sels métalliques issus du recyclage", indique Eramet dans un communiqué.

Un démarrage très difficile

"Nous restons totalement convaincus de la nécessité de développer une économie circulaire des métaux critiques sur le sol européen, dont le recyclage des batteries en fin de vie sera un élément clé de la chaîne de valeur future, mais la réalité est que la chaîne de valeur des batteries électriques en Europe connaît un démarrage très difficile", a expliqué la PDG du groupe, Christel Bories, lors d'une conférence téléphonique.

La sécurité des approvisionnements au cœur du dossier

"Compte tenu de la très lente montée en puissance des usines de batteries, nous ne sommes pas en mesure de sécuriser des approvisionnements en matière première pour alimenter notre projet d'usine", a ajouté la dirigeante.

En attendant d'avoir des batteries en fin de vie à recycler, le projet misait sur une alimentation venue essentiellement des rebus de production des nouvelles usines de batteries encore naissantes dans le nord de la France. Mme Bories a par ailleurs évoqué les "problèmes" de NorthVolt ou d'ACC, et les "nombreux reports de projets sur la chaîne de valeur batteries" pour justifier la décision prise par Eramet.

Manque de débouchés en Europe

Par ailleurs, "en aval", a-t-elle dit, "il n'y a aucun projet de précurseur de cathode européen qui a été confirmé », regrettant l’absence de client en Europe pour les sels métalliques issus du recyclage.

Affirmant que si l’entreprise fabriquait aujourd’hui des sels de nickel, de cobalt ou de lithium, issus du recyclage, elle devrait les vendre en Asie. « Cela ne fait pas de sens de recycler sur le marché européen pour vendre le produit en Asie", a martelé la dirigeante.

Un projet en lien avec Suez

Le projet d'Eramet, en lien avec le groupe français Suez, intègre la construction de deux usines: l'une dédiée aux tris et broyages de batteries - usagées ou issues des chutes de production – en vue de fabriquer un composant dénommé "blackmass" contenant des sels minéraux mélangés, et l'autre orientée vers l'extraction et la séparation des minéraux critiques contenus dans la blackmass, destinés à refabriquer des batteries.

Suez a indiqué en parallèle jeudi que la décision d'Eramet ne remettait pas en cause le travail en cours de Suez pour le développement d'une usine dédiée au démantèlement et au recyclage des batteries.

"Suez travaille au développement de boucles fermées de recyclage des batteries en Europe", a indiqué ce groupe dans un communiqué.

Notre avis, par leblogauto.com

Cette annonce voit le jour alors que fin septembre, le groupe automobile Stellantis avait également fait part de son renoncement à un projet concurrent de recyclage de batteries dans le cadre d'une coentreprise avec le spécialiste français de l'uranium Orano, qui projetait aussi de s'implanter dans le nord de la France. Ce dernier poursuit toutefois ses discussions sur le sujet.

La longévité des batteries des voitures électriques entraînera une pénurie de matières premières recyclées, ce qui rendra irréalistes certains objectifs de l'UE en matière de recyclage des batteries, ont estimé quant à eux récemment des chercheurs de l'Institut économique allemand ( IW ).

Sarah Lichtenthäler, co-auteure du rapport, estime que l’UE doit veiller à ce que les batteries soient collectées en fin de vie et empêcher leur exportation afin de garantir leur disponibilité en tant que ressource. « Nous n’utilisons toujours pas les ressources de manière optimale en termes d’économie circulaire », a-t-elle déclaré.

La situation pourrait devenir préoccupante alors que selon les calculs de l’IW , environ 231 000 tonnes de nickel seront nécessaires dans l’ensemble de l’UE en 2031, et près de 490 000 tonnes en 2045.

 

Sources : AFP, Eramet, IW

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Pour résumer

Signe des temps …. Eramet a annoncé suspendre son projet d'usine de recyclage de batteries en France. Invoquant le manque de marché en Europe pour justifier sa décision.

Son partenaire Suez maintient quant à lui son propre projet.

La longévité des batteries des voitures électriques entraînera une pénurie de matières premières recyclées, ce qui rendra irréalistes certains objectifs de l'UE en matière de recyclage des batteries, ont estimé quant à eux récemment des chercheurs de l'Institut économique allemand ( IW ).

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