Malgré la conversion enthousiaste des états et des constructeurs qui annoncent les uns après les autres des véhicules eco-machin et enviro-truc qui fument du gazon, tout n’est pas rose, pardon, vert, dans le monde des biocarburants agricoles (agrocarburants). Etant renouvelables, ils fournissent une alternative aux carburants fossiles dont on commence à voir le bout, mais au prix d’un certain nombre de problèmes régulièrement évoqués mais pas forcément entendus. Une nouvelle étude, publiée par la très sérieuse revue Science, fait pas mal de bruit dans les media américains depuis le début de la semaine en ajoutant un nouveau chef d’accusation: le passage aux biocarburants génèrerait en fait plus de gaz à effet de serre que l’équivalent en carburant fossile.
Le raisonnement est le suivant: le principe de base, qui veut que les plantes (maïs, soja, etc) absorbent du carbone en poussant, neutralisant ainsi les émissions générées lors de leur consommation sous forme de carburant, n’est pas remis en question, mais il fait abstraction des importantes émissions de CO2 générées que ce soit par la déforestration ou par la décomposition des vastes quantités de déchets végétaux résultant de la transformation des sols en terres cultivables.
Selon les auteurs de l’étude, Il faudra cinquante ans en moyenne (avec un maximum de 167 ans !), pour équilibrer ce surplus d’émissions avec ce qui est gagné par l’utilisation des récoltes sous forme de carburant.
Cette nouvelle information déprimante vient s’ajouter aux problèmes déjà identifiés de compétition pour les sols avec les cultures alimentaires et de la pollution et des dépenses d’énergie de l’agriculture intensive que les sceptiques mettent régulièrement en avant (et que les producteurs agricoles, bien évidemment, réfutent). Tout espoir n’est pas perdu cependant, puisqu’il y a beaucoup d’autres voies à explorer que celles actuellement privilégiées pour la production de biocarburants, telles que la culture d’algues, la biomasse, etc, mais ce débat montre qu’il n’y a malheureusement pas de solution miracle a nos problèmes de production d’énergie… ou tout du moins qu’on ne l’a pas encore trouvée.
Source: Newsweek et divers