A l’horizon 2023, l’industrie de la batterie en France (et Europe) pourra compter sur une nouvelle usine de production d’une capacité de 16 GWh (pouvant aller jusqu’à 50 GWh). On parle aujourd’hui d’un investissement d’1,6 milliard d’euros et d’environ 2000 emplois directs, sans compter les emplois indirects dépendants de ce genre de projet. Pour l’instant pas d’informations sur son emplacement, car la recherche d’un terrain de plus de 200 hectares est en cours. La décision sera prise pour 2021. A l’échelle nationale, en tenant compte des autres projets, deux à trois gigafactories seront implantées. Cela est prometteur surtout que l’écosystème industriel européen est en pleine mutation. Principalement pour réduire sa dépendance aux importations et aussi établir la base d’une chaîne de production locale et durable. Avec pour objectif une industrie plus verte qu’à l’heure actuelle.
Dans le Sud de l’Europe ?
Un état des lieux sur les différents projets en cours montre déjà une disparité entre certains pays et projets. L’Allemagne grâce à ses constructeurs automobiles domine déjà sur le nombre de projets annoncés (PSA/Saft/Renault, CATL, Northvolt AG, Daimler-Farasis, Tesla). Vient ensuite la France (PSA/Saft/Renault et Verkor), la Hongrie (Samsung SDI et SK Innovation), la Suède (Northvolt AG) et la Pologne (LG-Chem). Le sud est donc pour le moment le parent pauvre, alors que les besoins sont là, notamment pour l’industrie italienne (un projet sur le site de Fiat à Mirafiori est annoncé) et espagnole (un projet est aussi annoncé). L’emplacement d’une deuxième ou troisième usine française est donc la bienvenue.
Gigafactory et gigafactory ?
Par ce terme on entend « usine de production de batteries » mais nous allons voir que cela est plus complexe en réalité. On distingue deux types de projets : ceux à forte valeur ajoutée comme celui de Northvolt (VW et BMW) et ceux qui produisent des pack batteries à partir de cellules importées ou seulement les cellules. Northvolt AG conçoit et produit ses propres cellules. Ces mêmes cellules sont intégrées dans les pack batteries aussi produits sur place. Les métaux rares qui les composent proviendrons à 90% de mines situés en Europe du Nord. Enfin, un volet recyclage des batteries usagées fait partie intégrante du projet. Cerise sur le gâteau : toute l’énergie nécessaire pour produire les cellules de batterie au niveau régional, provient d’énergie éolienne et hydroélectrique. L’usine de PSA/Saft/Renault sous la bannière ACC pour « Automotive Cell Company » veut suivre la même approche que Northvolt AG. Une usine pilote est d’ailleurs en cours de construction sur le terrain de Saft à Nersac. Pour l’instant, aucune information sur l’origine des métaux utilisés dans les cellules, mais avec Total dans la boucle on imagine qu’ils ne proviendront pas d’Europe. Les mêmes questions se posent pour l’usine Daimler-Farasis en Allemagne et pour Verkor.
Benoit Lemaignan, président de Verkor annonce : « Notre équipe est composée d’entrepreneurs de l’industrie qui ont accumulés une vaste expérience opérationnelle, particulièrement dans la production de cellules de batteries. Nous sommes déjà multiculturels et en croissance rapide avec l’arrivée de nouveaux talents qui viennent du monde entier. Nous travaillons avec agilité, en mode fast-follower pour produire localement des cellules à faible empreinte carbone, localement et au plus vite. ». Et ajoute : « En mobilisant l’expertise de nos partenaires stratégiques, je suis confiant que nous mettrons en place les conditions nécessaires pour démarrer la construction d’une Gigafactory à haute efficacité dès 2022, puis nous livrerons les premières cellules en 2023 et élargirons nos activités industrielles, étape clé pour rendre possible la mobilité bas-carbone en Europe. ». Philippe Chain, l’un des initiateurs du projet déclare : « Nous souhaitons bâtir un Southvolt ». En reference à Northvolt AG.
Scheider Electric, pour sa part apporte son expertise industrielle. Christel Galbrun-Noel, Présidente du segment mobilité à Schneider Electric déclare. « Nous sommes enthousiastes de participer à la création de Verkor et par la possibilité qui nous est donnée de partager notre expertise technique et opérationnelle. Celle-ci rassemble le meilleur de la gestion de l’énergie et du savoir-faire industriel pour produire des batteries vertes et compétitives, dans le cadre de notre engagement à aider l’Europe pour sa transition vers les véhicules électriques ».
Le groupe IDEC quant à lui s’occupe du volet foncier du projet.
Le ministère de l’Industrie français a évidemment exprimé son soutien au projet. Qui suit totalement la stratégie du gouvernement pour rebooster une industrie automobile en berne. Le tout sous caution écologique et durable…
Notre avis, par leblogauto.com
La France veut confirmer sa place dans le train de l’électromobilité. Comme tout projet à ce stade, attendons de voir le résultat concret sur le terrain. Surtout que des obstacles peuvent aussi se dresser sur son chemin. On pense à Tesla et sa gigafactory allemande qui, sur le choix du lieu de son implantation a essuyé de vives critiques, de la part d’associations de riverains et de défense de l’environnement. Il semble que dans un premier temps Verkor produira des cellules dont on ne connait pas pour l’instant la technologie, ni le partenaire industriel. Peut-être les cellules du projet PSA/Saft/Renault ?
Il n’est jamais trop tard pour bien faire… 😉
C’est vrai, des km2 de produit de fonderie silicium qui n’ont jamais eu de sens ecolonomique que pour électrifier un site non raccordable au réseau… pour une usine, c’est « bien faire ».
Des fois, on regrette que la connerie ne tue pas. C’est juste un verdissement débile…
@lym parce que le faire en Chine sans respecter aucune norme environnementale et en faisant bosser des travailleurs esclaves, c’est nettement mieux ?.
À 8.000 km rendra l’usine plus verte ?
Je parlais des panneaux photovoltaïques sur le toit, faut (savoir?) lire!
@lym : oui, mais durant quelques temps, ça a permis de donner de l’espoir à des gens, à favoriser des élus locaux, des visites ministérielles, ….
L’espoir est comme la bêtise, il permet de vivre heureux un temps.
ca m’énerve ce terme Gigafactory… c’est le nom des usines de batterie et moteur Tesla, je ne crois pas que Schneider electric en fasse partie
C’est devenu une antonomase comme Frigidaire 😉
@SGL
Frigidaire n’est très employé de nos jours (on dit réfrigérateur).
Emmh… Pour moi, on dit ni l’un ni l’autre… On dit frigo…Qui vient de Frigidaire d’ailleurs.
Frigo est un diminutif de frigorifique (comme auto est celui d’automobile).
Le mot le plus souvent utilisé est réfrigérateur.
Oui @zafira500
On va dire que le client veut un frigo et marchant lui vend un réfrigérateur… 😉
Je propose Gigausine ou gigamanufacture, c’est mieux?
Usine tout court.
Comment disent les Québécois ? Grosseusine ? Trèsgrandeusine ?
@Amazon effectivement c’est un terme plutôt publicitaire de Tesla.
C’est un terme « tendance », qu’il convient d’afficher sans vraiment comprendre mais au moins être dans le vent. Si vous faites preuve d’esprit critique et ne suivez pas la mode, vous êtes un beauf. Donc attention à bien rentrer dans le moule ! On a dit Gigafactory !
pauvres mouches !
Gigafactory, il faudrait demander à M. Toubon, pour connaitre le terme juste en français
@Amazon : de mémoire ce n’est pas une marque.
En France, certains tentent la giga-usine ou la giga-fabrique…c’est pas plus beau selon moi 😉
Sur l’image on ne voit pas de parking pour les employés. Transport en commun assuré!
J’espère que pour ce projet, on ne coupera pas trop d’arbres et on ne grignotera pas trop de terres arables.
Mais est qu’il existe des friches industrielles de 200 hectares à exploiter?
Le site PSA de Aulnay qui ne faisait « que » 170 hectares est totalement démantelé et reconverti. Des anciens terrains militaires à reconvertir?
Mais la dépollution coute chère, et bâtir sur une forêt est moins couteux.
Y a t il une réelle nécessité industrielle et économique à construire des unités de production si étendues? Des usines multiples proches et à la taille de leur client ne sont-elles pas envisageables?
à titre de comparaison :
Poissy c’est seulement 152 hectares.
Madrid : 154 hectares
Rennes La Janais : 180 hectares (dont 50 couverts)
Sochaux : 200 hectares
Mulhouse : 320 hectares
Vigo : 664 hectares
et là on parle de site d’assemblage de véhicules pas des petites usines de moteurs , de boites de vitesses, et autres pièces. Même si certains sites ont leur fonderie etc…
bizaro
des petites usines, ça couterait plus cher
pour le moment, c’est plutôt la course à la rentabilité de ces usines de batteries, qui coutent déjà très chères. Par exemple le site Sochaux de PSA fabrique 500.000 véhicules par an. Demain, supposons 10% en version électrique. Tu ne vas quand même pas construire une usine complète pour ne fabriquer que 50.000 batteries, ou 100.000…
« des petites usines, ça couterait plus cher »
Oui les économies d’échelles, mais ça c’est un basique et surement la réponse. Mais une réponse sans étude préalable n’a aucune valeur. J’attends plutôt des réponses de gens qui en savent sur le sujet.
« Tu ne vas quand même pas construire une usine complète pour ne fabriquer que 50.000 batteries, ou 100.000… »
De « petites » unités proportionnées au besoin futur. D’ailleurs c’est quoi une petite et une grosse usine? On le voit l’Europe est en surcapacité. En fait on a que des « Gigafactory » d’assemblage de véhicules. Et on prévoit une myriade d’énormes usines de batteries génériques placées n’importe où sur le territoire Européen. Est ce que les 5 projets européens d’usines de batteries centralisées ne vont pas amener là aussi à une surcapacités et en plus une mauvaise localisation.
En fait dans la stratégie européene de la batterie touchant tous les constructeurs quel est clairement la synergie entre toutes ces usines de batteries (déjà en place et future) et les besoins des constructeurs?
Sachant vraiment où on va, des grosses usines oui, mais n’ayant pas de vue sur l’avenir de la voiture en générale et du VE en particulier, avoir plein d’énormes usines sans clients ouvertes en même temps, peut-être super efficient mais risqué. Suivre la monté en puissance du VE avec différentes usines qui s’ouvrent les unes après les autres mais tournent toutes à plein régime c’est aussi sensé. Même si in fine une fois le marché stable, leur restructuration pourrait couter cher.
Après une seule usine en France pour desservir toute l’Europe, Espagne Slovaquie, ça prend tout son sens actuellement pour le moteur électrique à modèle unique.
Aujourd’hui pour le pouvoir d’achat on centralise toute notre production en Chine, donc pourquoi pas.
Là on parle évidement d’une usine qui n’appartient pas à un groupe automobile, donc forcément qui doit fournir n’importe qui au file du temps, donc ne peut pas s’éparpiller pour être proche du client. Une grosse usine permet aussi de multiplier les chaines d’assemblage et donc les différents modèles de produits fabriqués et donc de multiplier les petits clients.
Mais là je me perd en conjecture.
Ce sont des questions posées. Et n’ayant aucune projection n’y chiffres, je ne m’avance sur aucune réponse.
les constructeurs ont des « giga usines », et l’Europe est en surcapacité
on pourrait avoir quelques giga usines de batterie, surdimensionnées, et l’Europe en surcapacité de batterie.
Mais on peut aussi avoir le même nombre de giga usines de batteries, et qui ne soient pas surdimensionnées
et inversement, ce n’est pas parce qu’on a des petites usines de batteries accolées aux usines de voitures qu’il n’y aurait pas une surcapacité de batterie en Europe
imagine donc en Chine, avec une petite usine de batterie accolée à une usine d’assemblage de voiture, dimensionnée pour cette usine. Ça a l’air OK.
Et puis une usine baisse, ou les usines d’une marque baisse, genre PSA qui a vu sa part de marché chuter, et ses usines fonctionnant à 10% de leur capacité. Forcement, l’usine de batterie accolée produira à la même cadence. Et pour la Chine, pour l’ensemble de la filière automobile, il y aura alors une surcapacité de production de batterie…
Bref, ce n’est pas parce que c’est petits et dispersés que c’est mieux. Et inversement, ce n’est pas parce que grands et regroupés que c’est forcement mauvais…
EN revanche, ce qui est sûr, plusieurs petites unités au lieu d’une grande, ça coutera plus cher (sauf si les distances à transporter sont énormes, rendant le cout du transport tout autant)
Heu, il y a un petit détail qui set l’enfumage:
« toute l’énergie nécessaire (…) provient d’énergie éolienne et hydroélectrique »
Souhaitons leur bon vent et un peu de pluie.
Pour info il y a un Vektor qui traîne dans l’article.
Sinon, pour la localisation, avec pareil nom… évidemment dans un environnement escarpé et protégé c’est plus difficile de caser 200ha d’usine.
Blague à part, on sait donc rien sinon que grâce à des énergies renouvelables on va produire des batteries d’un certain type dans une usine sur site encore à définir à construire en 2022 pour une production de quelque chose qui ressemble à des accus en 2023.
Avec toutes les autorisations administratives qui s’imposent ?
La course aux subsides européens va à meilleur train que le développement de ce projet dirait on.