On attendait de voir ce que Jaguar nous promettait pour sa renaissance. Electrique, exclusive, on avait du mal à cerner. La Type 00 dévoilée hier à Miami est un concept baroque qui n’est « ni beau ni moche, bien au contraire » et trace la route d’un Jaguar réservé à quelques « happy few ».
Historiquement, le Jaguar est sportif, il est élitiste certes, mais beaucoup peuvent rêver d’avoir un jour une Jag’. Puis Ford passe par là et rationnalise les gammes, réutilise des commodos de généralistes et des plastiques pas terribles dans les productions de Coventry. Jaguar tombe dans le « vieux bourgeois », un peu comme ces restaurants qui ont eu leur heure de gloire et servent une cuisine passée un peu lourd.
Le rachat par l’Indien Tata Motors et l’adossement à Land Rover n’y change rien. Ce que Tata a réussi à priori pour Land Rover, il le rate pour Jaguar. Les premiers véhicules électriques de la marque sont ratés et finissent d’achever la bête. Mais, revoilà un Jaguar nouveau. On aime ou on déteste, mais c’est nouveau et cela évite que la marque soit rangée au musée.
Concrètement, la Type 00 est monumentale, caricaturale même. Les occupants avant sont rejetés très loin en arrière, limite sur l’essieu arrière. Comme si on avait un V12 de Type E. Une Type E moderne. Voilà sans doute ce à quoi nous fera penser cette Type 00. Mais ici, point de V12, ni même de thermique. C’est du 100% électrique.
Un concept et un changement de communication qui fait parler
Pour le reste, le concept est étrange, des ailes très marquées, très élargies, mais une grille à l’avant et à l’arrière, comme un réfrigérateur ou un climatiseur. L’arrière est composé d’une grille et de deux traits lumineux, en haut et en bas. Pas à droite et à gauche comme on en a l’habitude. L’avant est aussi simple avec la fausse grille et deux traits pour les feux. L’avant et l’arrière se répondent symétriquement.
A l’intérieur, on retrouve cette symbolique des rayures et de la pureté des lignes. Il y a le volant, une séparation aérienne entre les deux occupants et…c’est tout. Deux immenses écrans s’escamotent dans la planche de bord et surgissent comme des remparts. Le passager n’est pas lésé avec un écran aussi grand que celui du conducteur.
Sinon, on se croirait dans une maison de design intérieur, du bois, du crème, du doré. C’est sobre et chic. C’est « luxueux » sur le papier…C’est beau comme un Bang&Olufsen, ou genre. En fait, Jaguar veut se réincarner en Rolls Royce. Pour Tata, la porte de sortie du Jaguar n’est pas la Type D, sportive pure, mais ces belles Jaguar remplies de vrais bois (pas les production Fordesque dégoulinantes de mauvais goûts). Soit, c’est un pari. Mais totalement électrique.
La plateforme est dite dédiée à ce modèle. 100% électrique, elle promet « les dernières technologies en matière d’électrification » (sic.) sans en dire plus. Dommage. Jaguar vise tout de même une autonomie de 770 km en WLTP (ou 692 km en EPA, le mode de calcul étasunien). La charge rapide promet aussi d’ajouter 321 km en 15 minutes. Evidemment, on reste attentif et on attend d’en savoir plus. Vu la taille de paquebot, on pense à beaucoup de kWh et pourquoi pas une technologie 800 Volts pour une charge vraiment rapide.
Welcome to Miami
Pour le dévoilement de son concept, Jaguar a préféré Miami à l’Europe. Deux couleurs pour cette présentation : Satin Rhodon Rose et London Blue. Officiellement, le premier est dérivé du « Pink Miami », couleur emblématique de l’époque Art Déco de la ville. Quant au bleu, il dériverait du Opalescent Silver Blue des années 60 utilisé par Jaguar, le Jaguar des chromes, du bois précieux, du cuir et de la sportivité.
Ici, on a du travertin et de l’albâtre (de la pierre NDLA), du laiton, du tissu au fibres très visibles pour contraster et montrer, selon Jaguar, le côté « fait main », de la laine. Mais, on n’évoque pas le cuir. Sans doute pas assez « branchouille » à Miami. Le choix de Miami n’est pas anodin, c’est sans doute là que résideront une majorité des premiers acheteurs de ces nouvelles Jaguar. Electriques, « à la mode », exubérantes et exclusives. De quoi faire sortir les dollars des portes-feuilles ?
Pour tempérer les ardeurs, ce concept ne sera pas le premier véhicule mis en production (s’il est mis un jour). Ce sera une 4 portes sedan « classique » qui sera présentée en 2025. Ici, on a un porte-drapeau censé montrer la voie.
Comme on l’avait déjà vu, le Jaguar dans le logo est remplacé par les lettres J et R stylisées dans un cercle. Le Jaguar qui grognait (le « Growler ») c’est tellement ancien monde, thermique, bruyant. Là, c’est « un motif artistique discret qui incorpore le « j » et le « r » des extrémités opposées de la marque de fabrique. Le terme « opposé » désigne notre approche consistant à faire les choses différemment et à défier les conventions des véhicules électriques ».
Notre avis, par leblogauto.com
Il était difficile de s’attendre à pire ou à mieux. Les teasers ne laissaient guère de doute sur le côté « Art Déco » du concept. La forme du profil n’est pas « dégueu » avec le long capot et l’habitacle très en arrière. Si ce concept était signé Rolls Royce, tout le monde aurait sans doute applaudi. Sans doute.
Mais il est signé Jaguar et forcément tout changement provoque des réticences. On aurait voulu une Type E moderne, mais thermique, sans doute. Ce sera une Type E lourd, électrique, et très très cossue (euphémisme). C’est Jaguar qui le promet. Redevenir un objet de désir car inaccessible à toutes les bourses ? A voir.