Incroyable ! Les VE chinois consomment autant que la Suède dans son ensemble en 2024

Le véhicule électrique a beau être efficient, il n’en reste pas moins gourmand en énergie, comme tout déplacement de véhicule. La Chine, très en pointe sur le VE commence à anticiper les soucis d’approvisionnement en électricité et le lissage du réseau. L’Empire du Milieu teste les véhicules électriques comme sources d’énergie pour stabiliser son réseau et soutenir les énergies renouvelables.

Alors que la transition énergétique mondiale s’accélère, la Chine prend une longueur d’avance en explorant une innovation majeure : faire des véhicules électriques (VE) des sources d’énergie capables de réinjecter de l’électricité dans le réseau national. Ce programme ambitieux, soutenu par les principales autorités économiques et énergétiques du pays, pourrait révolutionner la manière dont les voitures interagissent avec l’infrastructure énergétique.

Un tournant stratégique pour l’énergie nationale

Le parc des véhicules électriques chinois a consommé en 2024 autant que la Suède. C’est BloombergNEF qui avance ce chiffre en prenant en compte les VEB, les PHEV, véhicules particuliers mais aussi les bus et les camions électriques.

Selon les données publiques, la consommation totale d’électricité en Suède s’est élevée à environ 129,93 milliards de kilowattheures (kWh), soit 129,93 térawattheures (TWh). Pour comparaison, selon les données publiées par RTE (Réseau de Transport d’Électricité), la consommation totale d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 449,2 térawattheures (TWh) sur l’année. BloombergNEF évoque 137 TWh de son côté pour la Suède.

Le parc VE chinois a donc consommé environ 1/4 de la consommation totale d’électricité française. Ce genre de consommation peut être couvert par une surproduction importante. Cela a le défaut de surproduire quand on a moins de demande. Toutefois, on peut aussi vouloir lisser la consommation et la production pour la rendre moins erratique et plus efficiente.

Dans ce contexte de consommation électrique croissante, notamment à cause de l’explosion des ventes de véhicules électriques (plus de 11 millions vendus en 2024, soit 45 % des nouvelles immatriculations, la Chine veut désormais que ses VE ne soient pas seulement des consommateurs d’énergie, mais aussi des fournisseurs temporaires.

Le véhicule-réseau

L’idée est simple et pas nouvelle : utiliser les batteries des véhicules comme des unités de stockage mobiles qui peuvent restituer l’électricité lors des pics de demande, soulageant ainsi le réseau.

Ce système, appelé recharge bidirectionnelle ou Vehicle-to-Grid (V2G), est en phase de test à grande échelle dans le pays. Trente projets pilotes ont déjà été annoncés par la Commission nationale du développement et de la réforme, en partenariat avec l’autorité de régulation de l’énergie chinoise. L’objectif : tester non seulement la faisabilité de la technologie V2G, mais aussi son intégration avec les systèmes de recharge intelligente. Déjà, à l’époque, suite au tsunami et la catastrophe de Fukushima, on avait eu du V2H (alimenter sa maison) et du V2G.

La Leaf 2 était déjà compatible V2G avec un opérateur électrique britannique à l’époque qui promettait une rémunération pour se servir de sa voiture comme batterie. Ici, le principe est repris.

Un levier pour les énergies renouvelables

Le V2G offre une opportunité unique de soutenir la transition vers les énergies renouvelables. En incitant les conducteurs de VE à charger leurs voitures pendant les périodes creuses – où l’énergie solaire ou éolienne est plus disponible – et à les décharger lors des pics de demande, le réseau devient plus souple, plus vert, et moins dépendant des énergies fossiles.

Ce système n’est pas seulement bénéfique pour le pays : il peut aussi représenter une opportunité économique pour les conducteurs. Des simulations menées par BloombergNEF (BNEF) suggèrent qu’un conducteur pourrait gagner jusqu’à 1 100 dollars par an en participant au système V2G, dans le scénario le plus optimiste où 25 % des VE y prendraient part. Un scénario plus réaliste serait de l’ordre de 10 % de participation, ce qui reste prometteur à l’échelle d’un pays aussi vaste que la Chine.

Une stratégie nationale bâtie sur des initiatives locales

La Chine ne part pas de zéro. Depuis au moins 2020, des entreprises comme Dongfeng Motor et State Grid, la plus grande société de services publics au monde, ont testé l’intégration des VE dans la gestion de l’énergie. D’autres constructeurs comme BYD ont signé des accords importants, notamment avec Levo Mobility, pour mettre sur le marché des milliers de véhicules commerciaux compatibles avec le V2G.

Même à l’échelle internationale, des initiatives similaires ont vu le jour : en Californie, BMW et le fournisseur PG&E expérimentent depuis dix ans la recharge bidirectionnelle avec des résultats jugés encourageants. Mais c’est bien en Chine que l’échelle et le potentiel sont les plus impressionnants.

Défis à surmonter pour le V2G

Cependant, tout n’est pas simple. L’un des plus grands obstacles identifiés est d’ordre logistique et urbain. Dans de nombreuses villes chinoises, les habitants vivent dans de grandes tours d’habitation avec peu de parkings ou d’infrastructures de recharge accessibles, ce qui complique la généralisation de la recharge bidirectionnelle. Il faudra donc une planification urbaine adaptée, mais aussi des investissements massifs pour moderniser les bornes de recharge et intégrer les technologies intelligentes nécessaires au bon fonctionnement du V2G.

Un autre défi réside dans la synchronisation des flux énergétiques. L’idée de recharger la journée et de décharger la nuit repose sur des comportements cohérents de millions de conducteurs, ce qui nécessite des incitations financières attractives et une éducation du public.

Un modèle potentiel pour le reste du monde

Malgré ces défis, les experts s’accordent à dire que la Chine est en train de bâtir un modèle qui pourrait devenir la norme mondiale. Kai Li Lim, chercheur à l’université du Queensland, souligne que la taille du parc automobile chinois, combinée à l’ambition politique et technologique du pays, fait de la Chine le « meilleur laboratoire à ciel ouvert pour tester le V2G ».

Si la Chine parvient à adopter une norme nationale V2G, elle pourrait imposer ses standards technologiques au reste du monde, comme elle l’a déjà fait dans d’autres secteurs (panneaux solaires, batteries, etc.). Cette domination dans la recharge bidirectionnelle aurait des conséquences majeures sur la chaîne d’approvisionnement mondiale, les protocoles de recharge, et même sur les décisions politiques liées à l’énergie dans d’autres pays.

Notre avis par leblogauto.com

En faisant de ses millions de véhicules électriques de véritables batteries roulantes capables de soutenir le réseau électrique, la Chine redéfinit le rôle du véhicule dans la société. Ce qui était auparavant une simple voiture devient un maillon essentiel du système énergétique. Avec cette initiative, le pays ne cherche pas seulement à répondre à sa propre demande croissante d’électricité, mais à montrer la voie vers une mobilité intelligente, durable et interconnectée.

Le succès du programme V2G chinois pourrait catalyser l’adoption mondiale de cette technologie, accélérer la transition énergétique et positionner la Chine comme leader incontesté de l’énergie verte intelligente.

Tout savoir sur la recharge bidirectionnelle.

Avec Bloomberg, RTE, Le Figaro et Données mondiales.

Crédit illustration : Byd.

(29 commentaires)

  1. Une idée lumineuse mais pas nécessairement rentable…
    Recharger la voiture la journée quand les énergies renouvelables sont disponibles …mais n’est ce pas en majorité dans la journée que l’on a besoin d’avoir sa batterie disponible ?
    Quelle durée de vie de la batterie si celle ci sert à alimenter le réseau en plus du véhicule ?

    1. @Xavier, vous pouvez avoir une grosse majorité de VE garées dans les parkings des sociétés (espérons que cela soit des ombrières photovoltaïques !) non-utiliser pendant 7 à 9 heures et ayant un besoin d’autonomie que de 50 km pour la journée, sur une capacité de 500 km !?

      – La durée de vie… Je me souviens d’un article qui disait que c’était tellement faible que cela n’avait aucune conséquence sur la durée de vie… Reste à savoir si c’est vraiment vrai ?

  2. Ça fait des années que je dis qu’un parc de VE conséquent + les EnR, font très bien ensemble !
    En France, nous avons pris beaucoup de retard sachant que l’on a généralement beaucoup d’électricité globalement dans la journée…. Encore faut-il pouvoir le lisser.

    1. Pas capté l’info la plus importante et factuelle de l’article: Le poids de la conso des VE en Chine! Le reste c’est un bla-bla difficilement applicable et qui va en prime poser des pb de longévité de batterie rendant l’affaire peu rentable pour leurs proprios, le coût de la décote ou de la panne venu.
      Autant le V2H pour se dépanner ponctuellement peut présenter un intérêt, mais le V2G ça va faire un flop retentissant autant par manque d’adhésion des proprios de batteries à roulettes qui seront les baisés de l’affaire que par la complexité inextricable de leur gestion en réseau.

  3. Je ne comprends pas l’intérêt de la V2G. Vous rechargez votre voiture si possible en heures creuses et vous fournissez de l’électricité à qui et à quel tarif (gratuitement ?) alors que tout possesseur de VE essaye de garder le plus possible sa batterie bien pleine.
    Quand on est en camping ou en cas de coupure d’électricité je comprends… mais en pleine ville, à quoi ça sert ?
    Le stockage d’électricité dans de grosses batteries en zones urbaines et périurbaines me parait bien plus adéquat, genre les Powerwall et Megapack de Tesla.

    1. @panama… De ce que je comprends (moi, un non-spécialiste) en ville, l’intérêt marche « SI » il y a déjà un gros parc conséquent de VE… Et apparemment, on prélèverait que ? 10 à 25 % des batteries ?
      Une mesure assez symbolique pour le possesseur de VE, qui n’a besoin de 100 % du plein de sa batterie que 1 % du temps.
      Mais imaginez 10 à 20 millions de VE qui donnent un peu d’électricité… Au bout du compte, c’est énorme pour le pays quand le besoin se fait sentir ?
      Après, évidemment, le but n’est pas de vider une batterie.

      1. @lym, je n’ai pas la science infuse… J’ai dit : « De ce que je comprends (moi, un non-spécialiste) »
        Si vous comprenez le Français !?
        Je ne suis pas en train de rouler les mécaniques en disant que j’ai tout compris ! … Justement

        …et je suis citadin… La VE n’a très peu d’intérêt… Comme je venais de l’écrit, il y a moins d’une heure.

        Il faut se justifier de tout !?

  4. Quelle connerie….
    Miser sur des VE pour compléter ses besoins énergétiques est une bêtise sans nom. On peut pas compter de façon stable et dans le temps que les VE seront « en ligne » ni qu’ils pourront absorber des fluctuations importantes en cas de besoin.

    1. Je ne comprends pas… Lisser et optimiser la consommation des EnR sont une connerie pour vous ?
      Vous préférez une centrale au charbon… Fuel… Gaz de Poutine ou de Trump !?

      1. La connerie, à la base, c’est les En-dites-R qui obligent à doublonner la totalité de leur capacité de production en thermique pour encaisser leur intermittence sans faire tomber un pays.
        Dans un tel cadre, faut pas se raconter des histoires: Les VE-tampon ne seront que l’équivalent (à ménager) de nos capacités hydroélectriques qui sont les plus instantanées, donnant juste au thermique le temps de démarrer pour encaisser sur une durée dépassant 5 ou 10mn. Ce ne sera absolument pas un substitut.

        1. C’est justement ce qui est recherché. Au lieu de provoquer des tarifs negatifs lors des pics ENR, l’excédent est stocké dans les batteries et vous payez une misère les kwh.
          Que vous pourrez revendre la nuit sans vent au tarif élevé.

          1. Sauf que c’est le plus souvent la nuit que les VE chargent tandis qu’ils seront plutôt utilisés en journée, plus encore dans un cas V2G ou la simple facturation ce qui serait reversé sur le réseau devra passer par son contrat de fourniture électrique: Exit le chargeur au boulot, sauf à vouloir faire un cadeau au patron et à condition qu’il ait le chargeur offrant cette fonctionnalité. Pour les charges en route, reverser n’est pas un sujet, c’est pomper le réseau le plus vite possible l’objectif.

            Et la nuit: Point de production PV et le vent tombe statistiquement, impactant aussi l’éolien.

            AMHA, cet objectif V2G ne tiens pas la route avec des batteries non résidentielles. Ou alors il faut considérer le cas du VE très peu utilisé restant tous les jours au domicile, ce qui au vu de leur coût d’achat a peu de chances de se produire: Pour justifier un VE, il faut justement un besoin quotidien assez important pour amortir le surcoût à la pompe du thermique et pas assez pour devoir charger en route été comme hiver. Cela doit se situer entre 50 et 150km/jour. Pas le profil « conducteur du dimanche » donc.

            Le V2H a par contre du sens pour se dépanner égoïstement si on habite un coin ou les coupures sont fréquentes et peuvent durer un moment.

          2. « Sauf que c’est le plus souvent la nuit que les VE chargent tandis qu’ils seront plutôt utilisés en journée »
            Sauf que les voitures sont souvent à l’arrêt pendant 90 % du temps dans la journée.

        2. Les barrages STEP ne sont pas intermittents.
          La biomasse non-plus …. La géothermie et l’hydrogène blanc également.
          Si l’on ne cherche pas à développer… C’est n’existe pas, donc ça ne marche forcément !
          Une flotte de VE bidirectionnel n’est qu’un outil en plus pour le lissage… Ce n’est dans aucun cas l’alpha et l’oméga de la solution.

    1. J’ai entendu aujourd’hui que les étudiants qui assemblent les iPhone pour 4 $ de l’heure sont toujours d’actualité en Chine en 2025.
      Même s’il aurait 700 millions de classe moyenne comme nous… Il aurait encore plus de 700 millions de très pauvres.

  5. Le grand paradoxe de ces 10 dernières années… La Chine est un grand pollueur… MAIS, en même temps, ils ont toute la panoplie pour équiper tous les pays de monde à devenir vertueux !
    Ils sont même des leaders dans le domaine….

    1. Encore une fois tu es incapable d’avoir un raisonnement plus complexe

      La Chine est la plus grande industrie de la planète. Ce que tu consommes chez toi est fait en Chine. Ou dans n’importe quelle partie du monde. Donc tu participes aux rejets puisque tu es incapable (au sens métaphorique) de travailler comme un chinois.

      Par tête d’habitant, la Chine pollue moins sur les usa ou l’UE ou d’autres zones.

      Ensuite, la Chine est le plus grand investisseur mondial dans les énergies propres. Même leurs centrales à charbon sont de dernière génération.
      Enfin, aucun pays n’a à ma connaissance près de la moitié de son parc électricité
      La Chine c’est aussi le plus grand réseau tgv du monde et le moins de jet privés. Les hommes d’affaires chinois prennent les trains grandes vitesse.
      C’est aussi le plus grand pays en plantation d’arbres.
      En recherche et développement, ils ont a5 des années lumières devant.

      Par tête d’habitant, un américain ou un allemand ça pollue plus. Ca investit moins dans les énergies propres et ça excelle moins dans certains cas à l’université

      La Chine est le pays à avoir le plus améliore sa qualité d’air.

      Toi tu montes dans des metro pourris à l’air cancérigène, des bus qui balances du souffre (quand leurs bus sont électriques), un parc automobile vieux et diselisé et pire, avec une industrie plus petite sur l’industrie coréenne ou turque.

      Tu es donc sous développé par rapport au eux (factuellement) et tu viens faire tes grosses déclarations binaires.
      Je suppose que tu n’as jamais bossé dans une grosse boîte avec plusieurs nationalités
      Je vais te le dire d’emblée. Un chinois ne te répondra pas. Il te fera un sourire, il sera poli. Mais dans le fond , il pensera que tu n’es pas très futé raison pour laquelle il n’augmentera pas et te laissera plonger dans tes certitudes

      C’est très confucéen (connais tu la pensée confucéenne) ? Sinon va lire quelques proverbes au moins. Qui c’est y a peut être de l’espoir

      1. « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale. »
        Hein le fils de Raffarin !?
        Tout ça pour nous dire des banalités… Pauvre garçon !
        Dans votre présentation de la Chine … Vous faites exprès d’oublier de préciser que la Chine est une dictature qui utilise largement des prisonniers et de l’esclavage pour faire du dumping dans le monde entier ?

        Un petit reportage sur du vécu vis-à-vis de l’hégémonie chinoise qui a bien profité aux sociétés allemandes pendant 20 ans… Mais le temps est au retour du bâton !

        « Ce que j’ai vu à la foire d’Hanovre est très inquiétant pour l’avenir industriel de l’Europe… »

        https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/les-experts/ce-que-j-ai-vu-a-la-foire-d-hanovre-est-tres-inquietant-pour-l-avenir-industriel-de-l-europe_VN-202504150471.html

      1. A terme oui !
        Ils possèdent les technologies pour y parvenir.
        Après, il faut avoir la volonté totale… C’est certain qu’en ce moment la Russie leur livre du pétrole et gaz a des prix défiants toute concurrence… C’est évident que leurs EnR et centrales nucléaires deviennent de facto moins urgentes.
        Les Chinois sont intelligents, ils sont opportunistes…

    1. Tout à fait… Et c’est le but recherché !
      C’est donc une des solutions d’avenir… Parmi 100 autres.

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