Où l’on reparle de l’affaire qui avait opposé Volkswagen et le groupe de fournisseurs bosniaque Prevent. Les procureurs suspectent désormais que la mort d'un homme soupçonné d'avoir joué un rôle dans un différend entre le constructeur et son partenaire bosniaque d’être un suicide.
La justice recherche des liens entre une mort suspecte et l’affaire Prevent
Les procureurs de la ville de Brunswick ont déclaré la semaine dernière qu'ils enquêtaient sur la mort d’un homme retrouvé dans une voiture incendiée en vue de trouver d’éventuels liens avec un employé de Volkswagen suspendu car soupçonné d’avoir enregistré illégalement des conversations.
Le journal local Helmstedter Nachrichten , citant des sources non identifiées, a déclaré la semaine dernière que la personne décédée était un employé de VW qui avait fait des affaires avec le groupe de fournisseurs bosniaques et qui faisait l'objet d'une enquête pour écoute clandestine.
L’identité du défunt entourée de mystère et de silence
Les procureurs ont déclaré vendredi que les premières preuves indiquaient un suicide, mais que l'enquête n'était pas terminée.
Ils ne voulaient pas commenter l'identité du défunt, disant seulement qu'il était le propriétaire de la voiture.
Conflit entre Volkswagen et Prevent en 2016
Pour rappel, VW et le groupe de fournisseurs bosniaques sont rentrés en conflit en 2016 en raison d'un désaccord sur les prix, ce qui a poussé les filiales de Prevent à interrompre les livraisons de housses de siège et de pièces en fonte pour boîtes de vitesses, entraînant des pertes de production dans six des usines de VW.
VW et Prevent ont depuis été impliqués dans des réclamations et des demandes reconventionnelles pour des dommages causés par le litige.
Volkswagen annule ses contrats avec Prevent en 2018, avec un effet quasi immédiat
En avril 2018, le groupe Volkswagen a annulé tous ses contrats avec son fournisseur bosniaque Prevent. En retour à cette annonce, l’équipementier avait affirmé que l’action de VW était illégale, le constructeur ne lui donnant en guise de préavis qu’un délai de un jour. Ajoutant qu’il envisageait une action en justice. Selon lui, l’action entreprise par Volkswagen a entraîné des pertes d’emplois et une réduction drastique des heures travaillées pour ses employés. L’annulation de tous les contrats avec VW contredit les «principes commerciaux de bonne foi», avait déclaré le fournisseur dans un communiqué.
Impact sur l’emploi de l’affaire Prevent/ Volkswagen
Prevent avait alors indiqué que les contrats à long terme conclus avec Volkswagen avaient été annulés sans préavis le 21 Mars, le constructeur refusant d’accepter des pièces du fournisseur à partir du 22 Mars. Une situation d’autant moins acceptable pour Prevent qu’il avait récemment réalisé des investissements substantiels en vue de produire les composants demandés par VW.
Le fournisseur a été contraint de licencier 90 personnes chez Prevent Foamtec à Stendal, en Allemagne. Environ 700 employés d’autres entreprises du groupe Prevent situées sur le territoire allemand étant par la suite confrontés à des réductions de temps de travail ou à des licenciements. « Dans la mesure du possible, les employés sont en cours de transfert vers d’autres usines au sein du groupe », avait alors déclaré Prevent.
Volkswagen se dit choqué
VW a déclaré vendredi qu'il était choqué par l'"incident" et qu'il soutiendrait les procureurs dans la mesure du possible.
«À notre connaissance, il n'y a jusqu'à présent aucune information fiable sur ce qui a conduit à l'incident», a déclaré le constructeur automobile.
Quand Prevent pointait du doigt la politique d’achat de VW
En 2018, Prevent avait tenu à indiquer que la politique d’achat désastreuse de VW affectait des centaines de fournisseurs et surtout leurs employés. « VW répète un modèle de comportement qui a conduit au différend de 2016« , avait-t-il tenu à rappeler.
Pour rappel, Prevent Group, une société basée à Sarajevo, est contrôlée par Nijaz Hastor, l’un des hommes les plus riches de Bosnie. Lorsqu’en 2016 Nijaz Hastor a stoppé sa production en 2016, six usines VW ont dû se résoudre çà faire de même, suite à une pénurie d’équipements.
En 2016, Hastor avait arrêté la production de housses de siège et de boîtes de transmission pour VW, en dépit de la volonté du constructeur, forçant VW à interrompre la production dans six de ses 10 usines allemandes construisant des Golf, Passat, moteurs, transmissions et châssis.
Les arrêts de travail avaient alors ralenti près de 28 000 salariés VW et un nombre indéfini d’employés d’autres usines fournisseurs.
D‘importantes conséquences financières
Déjà en 2016, le groupe Prevent accusait VW d’avoir dénoncé des contrats sans explication ni indemnité. Le journal Motortrend avait alors indiqué que l’équipementier exigeait que VW rembourse les frais engagés par les filiales de la société bosniaque en vue d'ajuster leurs usines pour pouvoir réaliser les opérations - annulées à la suite - par Volkswagen. Sans compter sur les éventuelles indemnités de désistement ou frais d’annulation de contrats.
Selon Bloomberg, l’accord initialement prévu entre VW et son fournisseur se chiffrait à 500 millions d’euros et devait débuter en 2017. Au final, CarTrim et ES Automobilguss, les deux filiales de Prevent directement impactées par le conflit estimaient alors leur manque à gagner à plusieurs dizaines de millions d’euros et réclamaient des indemnités en conséquence. Selon le Süddeutsche Zeitung, les fournisseurs réclamaient alors un total de 58 millions d’euros à Volkswagen.
Selon Prevent , VW cherchait à répercuter sur ses fournisseurs les pertes occasionnées par le scandale du dieselgate en leur infligeant des conditions draconiennes. Le fabricant de pièces aurait été forcé de prendre position pour assurer sa survie.
Notre avis, par leblogauto.com
Il pourrait flotter autour de cette histoire comme une odeur nauséabonde … associée à celle du dieselgate.
Sources : Reuters, Automotive News, Helmstedter Nachrichten, Bloomberg