Reprise Toyota Valenciennes avec horaires aménagés
Le 16 mars dernier, la direction du site valenciennois déclarait suspendre « jusqu’à nouvel ordre » l’activité de l’usine par mesure de précaution et ceci malgré le fait qu’aucun cas de coronavirus n’avait été confirmé parmi plus des 4000 employés sur le site. Mais, lors d’un nouveau Comité social économique (CSE), convoqué mercredi, la reprise du travail a été votée « à la majorité », assure la direction.
Toyota a ainsi confirmé « en CSE extraordinaire le redémarrage progressif de ses activités le 21 avril", avec "une seule équipe de jour (de 07H00 à 15H00) pendant deux semaines" et "des horaires aménagés".
Former les salariés Toyota à nouvel environnement
“L’objectif de cette reprise sera de former les salariés à un nouvel environnement répondant à un protocole de mesures sanitaires strictes”, a ajouté Toyota. Précisant que "85% des salariés ont confirmé leur disponibilité".
Les premiers salariés reprendront certes leurs activités dès mardi prochain mais la production effective de la Yaris ne reprendra qu’un peu plus tard. Les premiers jours seront consacrés à la formation des employés aux mesures sanitaires mises en place pour assurer une reprise du travail en toute sécurité.
"Nous favoriserons le volontariat dans un premier temps, mais l'objectif est que tout le monde puisse être formé aux gestes barrières à terme - port du masque obligatoire, visières de protection, distances de sécurité...", a précisé à l'AFP la direction.
Production très inférieure à la capacité nominale
La production sera orientée sur 50 véhicules par jour contre 400 habituellement a tenu également à préciser Toyota. Laissant ainsi entendre que l’objectif de la reprise était avant tout de tester les nouveaux procédés mis en place, et que le site fonctionnait en mode dégradé.
Pour la CFDT, "l'idée n'est pas de faire du chiffre, mais d'avoir une approche pédagogique pour intégrer les nouvelles mesures sanitaires". " Il n'y a pas de pression de production", a assuré à l'AFP Thomas Mercier, secrétaire CFDT et secrétaire du CSE.
"Si les salariés ne sont pas présents sur le site, ils ne pourront pas intégrer les nouvelles normes. Le meilleur expert est le salarié lui-même. On est obligé de pratiquer pour s'adapter", estime-t-il.
Selon lui, le site d'Onnaing devient ainsi le premier site de Toyota à reprendre l'activité en Europe, tous les autres étant à l'arrêt.
Un scandale selon la CGT
Pour la CGT, qui a voté contre cette décision, Toyota "fait prendre un risque aux salariés et à toute la population". "C'est un scandale et c'est planter un couteau dans le dos des soignants alors que le virus est encore très actif dans le pays", a dénoncé Eric Pecqueur, secrétaire général CGT et élu au CSE.
"La direction déconfine plus de 3.000 salariés pour rétablir une production qui n'est pas essentielle et utilise la force en affirmant qu'elle obligerait à venir s'il n'y avait pas suffisamment de volontaires, sous menace d'être passible de licenciement".
Notre avis, par leblogauto.com
Toyota marche sur les œufs … Il fait partie des premiers sites automobiles de l’Hexagone à reprendre une activité … pour ne pas dire le premier. Certains syndicats sont d’ores et déjà vent debout contre une telle décision. N’oublions pas que l’employeur est responsable de la santé physique et mentale de ses salariés.
Une éventuelle contamination de ses employés pourrait même être considérée comme un accident du travail s’il était prouvé qu’elle soit consécutive à une exposition aux risques sur le site même de l’employeur.
Ce que dit précisemment à ce sujet le Ministère du Travail :
"Face à la pandémie, la responsabilité de l’employeur est évaluée au cas par cas, au regard de plusieurs critères : nature des activités du salarié et son niveau d’exposition aux risques, compétences de l’intéressé, expérience, étendue des mesures prises par l’employeur, notamment en termes de formation et d’information, d’organisation du travail, d’instructions délivrées à la chaîne hiérarchique. Ces mesures doivent, le cas échéant, être réactualisées en fonction de l’évolution de la situation dans l’entreprise mais aussi des instructions des pouvoirs publics. En cas d’infection au virus, s’il est pris en charge au titre d’un accident du travail par la sécurité sociale, une éventuelle faute inexcusable de l’employeur qui ouvre droit à une réparation intégrale du préjudice ne peut être retenue que s’il est démontré que celui-ci avait conscience du danger auquel était exposé le salarié et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver.
Dans le cadre du Covid-19, les mesures nécessaires sont celles préconisées par le Gouvernement, en particulier les mesures prises pour respecter les gestes barrière et les règles de distanciation."
Elisabeth Studer avec AFP