Lancé par Frédéric Péchenard comme un pavé dans la mare juste avant les fêtes de fin d'année, le sujet du taux zéro reçoit une levée de boucliers même du coté des partisans d'une sévérité renforcée. Aujourd'hui l'association 40 millions d'automobilistes répond aux question de Le Blog Auto.

Le taux zéro est une réponse inadaptée

Sur ce point, l'association par la voix de son Délégué Général, Pierre Chasseray (photo), est claire : "La tolérance zéro n'est pas une solution. Elle n'est ni souhaitable, ni acceptable, ni efficace. Lorsque l'on regarde les pays mondiaux qui pratique le taux 0 comme le Brésil ou la Russie, on s'aperçoit que ce sont aussi des pays qui ont des chiffres de mortalité sur les routes dues à l'alcoolémie qui sont dramatiques".

"Rappelons une nouvelle fois que l'Allemagne avec un taux légal similaire au notre ou l'Angleterre qui tolère pourtant une limite à 0.8g/l de sang observent, eux, des résultats extrêmement encourageants. La part des accidents mortels dus à l'alcool en Allemagne est trois fois inférieure à la notre et deux fois inférieure en Angleterre à absorption d'alcool équivalente".

Lorsque l'on évoque un manque de contrôles d'alcoolémie sur les routes de France, la réponse est tout aussi tranchée : "Soyons réalistes, même si le nombre de contrôles routiers est évidemment faible, ce n'est pas avec leur simple augmentation que nous parviendrons à régler le problème de l'alcoolémie au volant. Les autres pays européens comme l'Allemagne et l'Angleterre parviennent à des chiffres beaucoup plus encourageants en termes de mortalité sur les routes sans effectuer pour autant davantage de contrôles routiers".

"Nous devons penser autrement la Sécurité Routière et enfin comprendre que c'est surtout en amont que nous devons parvenir à faire passer un véritable message de dissuasion. La répression à elle seule n'est pas suffisamment dissuasive et a atteint ses limites".

La répression a atteint ses limites

L'association milite pour une meilleure formation et information, en amont, des conducteurs. "La réalité, c'est que pour faire respecter une règle, nous devons la faire comprendre et accepter. Une loi, c'est un contrat moral avec les citoyens. C'est admettre une tolérance pour mieux la faire respecter. Le taux légal à 0.5g/l de sang est une tolérance acceptable et respectée par le plus grand nombre, voire même l'immense majorité. Imaginons à présent les moyens de préventions pour faire évoluer les années à venir vers des 'millésimes' de Sécurité routière".

Pierre Chasseray pointe également du doigt certaines aberrations du système qui devraient faire prendre conscience aux décideurs de ces limites : "Lorsqu'un jeune conducteur (permis probatoire à 6 points) prend le volant avec un taux d'alcool supérieur à 0.5g/l de sang, il perdra inéluctablement son permis en cas de contrôle et pourtant il fait le choix de conduire tout de même. C'est bien la preuve irréfutable de la limite d'un système répressif. La répression n'a de sens que si elle est précédée de véritable moyens de prévention".

"Il ne faudrait pas en effet tout axer sur l'alcool et se désintéresser des autres addictions qui pourraient devenir les problématiques de demain. C'est en cela que nous devons informer et démarrer dès aujourd'hui des messages de prévention forts et ne pas tout focaliser sur une seule problématique (...) ni sectoriser par ages les mesures qui devront être mises en place car il ne s'agit pas d'une spécificité ciblée sur une catégorie de la population mais bine d'un enjeu national sur lequel nous ne pouvons rester inactifs".

40 millions d'automobilistes, force de proposition

Mais l'association ne fait pas que s'opposer sans proposer. "La question de la formation est elle aussi essenteille et nous venons, il y a quelques jours de lancer une grande opération pour une réforme du permis de conduire et du permis à points introduisant des pistes de travail autour d'une meilleure formation à la conduite. vous pouvez notamment la retrouver sur notre site Internet www.40millionsdautomobilistes.com. Nous venons pour celà de faire parvenir à tous les Députés, Sénateurs et préfets mais aussi au Président de la République, au Premier Ministre et au Ministre de l'Intérieur, un livret reprenant plusieurs propositions".

"Il y a deux façons de penser le renforcement de la sécurité. La première est évidente. Nous devons absolument et impérativement renforcer les infrastructures de sécurité sur les routes comme par exemple les marquages au sol comme les bandes sonores pour contrebalancer la somnolence au volant mais aussi multiplier les glissières de sécurité qui sauvent des vies. Nous devons penser aussi aux 2 roues et systématiser les doubles glissières".

"Le second axe, c'est multiplier les campagnes de prévention. Etre présent dans le quotidien des Français dès le plus jeune âge pour que le respect de la règle soit un reflex similaire à celui du bouclage de la ceinture de sécurité. Pourquoi par exemple ne pas imaginer qu'en boite de nuit, nous laissions nos clés de voiture et notre blouson au vestiaire. A la sortie, nous les récupérerions après avoir souffler dans un éthylotest. Ce n'est pas répressif. Ce n'est pas contraignant. C'est facile à mettre en place.Evidemment, il serait impossible de ne pas rendre les clés à celui qui les exige et ce n'est pas l'objectif. Le seul objectif, c'est d'inciter à faire respecter".

Ces propositions seront bien entendu reprises et mises sur la table par "40 millions d'automobilistes" au cours de l'année lors des séances du Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR). Reste à espérer que le discours de prévention et de formation soit enfin entendu.

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Chantal Perrichon - le "zéro alcool" n'est pas une solution

Source : 40 millions d'automobilistes pour LeBlogAuto, photo : 40 millions d'automobilistes