Sécurité Routière : 80 km/h dès juillet, mais pas que...
Le Comité Interministériel à la Sécurité Routière (CISR) a rendu son verdict. Les routes à double sens sans séparation seront limitées à 80 km/h dès juillet 2018.
Le Comité Interministériel à la Sécurité Routière (CISR) a rendu son verdict. Les routes à double sens sans séparation seront limitées à 80 km/h dès juillet 2018.
Le Comité Interministériel à la Sécurité Routière (CISR) a rendu son verdict. Les routes à double sens sans séparation seront limitées à 80 km/h dès juillet 2018.
La mesure du passage des routes secondaires à 80 km/h se précisait récemment. A renfort de communication, le gouvernement préparait le terrain. Voilà la mesure officialisée. Partant du constat que "La vitesse est la première cause des accidents mortels en France (31 %), suivie de l’alcool, puis des stupéfiants (19 % et 9%)". Et que "Le réseau routier sur lequel les accidents mortels sont les plus fréquents est celui des routes à double sens sans séparateur central (55% de la mortalité routière)".
Le gouvernement en tire les conclusions qu'il faut "18 mesures fortes dont la baisse de la vitesse maximale sur les routes à double sens sans séparateur central, une plus grande sévérité pour les conduites addictives et l’usage des téléphones mobiles en conduisant, et une protection accrue des piétons."
Passé ce discours officiel, qu'en est-il exactement ? Difficile à dire car il manque une donnée essentielle, le nombre de kilomètres parcourus chaque année sur ces routes à double sens sans séparateur central. Si le kilométrage annuel est plus important qu'ailleurs, il est alors statistiquement logique d'y avoir plus d'accident.
Nonobstant une justification qui ne satisfera que ceux qui sont déjà convaincus, les principales mesures à venir sont les suivantes. Passage à 80 km/h des "routes à double-sens, sans séparateur central en dehors des routes à deux fois deux voies et des routes à trois voies".
Sachant que la mesure est contestée, le gouvernement promet de regarder dans 2 ans les conséquences sur les accidents. Engagement qui ne coûte pas grand chose (contrairement au changement des panneaux ou l'apposition d'autocollants pour changer la vitesse limite). On rappellera que le passage à 80 km/h a été expérimenté sur 3 tronçons et qu'aucun rapport n'a été rendu public. Et pour cause, les tronçons, très courts, ont connus des aménagements propices à plus de sécurité.
Certains pointent déjà du doigt le fait que ceux qui roulent déjà au-delà de 90 km/h continueront à le faire, en l'absence de plus de contrôles physiques.
Autre mesure, la pose systématique d'un éthylomètre anti-démarrage (EAD) après 2 infractions (à partir de 0,5 g d'alcool/l de sang). Un suivi médico-psychologique sera de plus demandé. Actuellement cette mesure s'applique pour les délits alcooliques (plus de 0,8 g/l).
L'installation restera à la charge du conducteur et l'obligation d'un EAD devrait rester d'une durée maximale de 5 ans. En revanche, l'obligation (non sanctionnée) de détention d'un éthylotest dans la voiture est supprimée. Jamais appliquée, cette mesure a démontré sa totale inefficacité.
Par contre, pour lutter contre l'alcool et les stupéfiants, les forces de l'ordre pourront demander aux opérateurs de services de navigation (Waze, Coyote, etc.) de suspendre le signalement des contrôles d'alcoolémie et de stupéfiants. Et ce, pour éviter que des contrevenants ne soient prévenus par ces "assistants à la conduite" et échappent aux contrôles.
Concernant le téléphone, les sanctions se durcissent. Si un conducteur commet une infraction menaçant la sécurité d'autrui (et se fait prendre bien entendu) le téléphone à la main (même sans être en conversation, ou en train de lire/composer un SMS), le permis pourra alors être retenu sur le champ.
De même, une personne commettant une infraction dite "grave" pourra voir son véhicule placé en fourrière immédiatement. Sont concernés la conduite sans permis, usage de stupéfiants, conduite avec un taux d’alcool délictuel (> 0,8 g/l). La mise en fourrière, par décision de la préfecture, peut aller jusqu'à 7 jours et pour récupérer son véhicule, le contrevenant devra présenter son permis, son assurance et payer les (gros) frais de gardiennage.
Pour les récidivistes des infractions, fans de stages de récupération de points, ce dernier passera de 2 à 3 jours avec une journée "psychologique" pour comprendre (ou faire comprendre) la récidive. Le prix du stage augmentera forcément.
D'autres mesures sont plus centrées sur la formation, la communication, la prévention et touchent les piétons, les cyclistes ou les deux-roues motorisées. L'ensemble des mesures peut être lu ici. Pour les piétons, les passages dits protégés (ex-cloutés) pourront être agrémentés d'une ligne d'effet (comme les feux) pour mieux indiquer l'endroit où un véhicule doit s'arrêter pour laisser passer un piéton. De nombreux pays ont déjà cette mesure.
Mais, surtout, les refus de priorité aux piétons pourront désormais être verbalisés "à la volée" ou via la vidéo. Concrètement, un agent de la force public qui vous verrait ne pas céder la priorité à un piéton pourra relever votre plaque et rédiger le PV à postériori sans vous arrêter.
En "échange" de ces nouvelles mesures et conscients que certains conducteurs conduisent sans permis après une infraction car "ils n'ont pas le choix", le gouvernement devrait permettre aux conducteurs pris à plus de 40 km/h au dessus de la limitation et condamnés à une suspension de permis de conduire un véhicule équipé d'un "contrôleur électronique de vitesse".
Enfin, le gouvernement promet plus de transparence sur l'implantation des radars, croisée avec l'accidentalité, ainsi que les recettes. Les médecins seront également mis à contribution pour aborder la sécurité routière avec les "séniors" mais également les personnes dont la santé pourrait être un point à ne pas négliger sur la route.
On a donc non pas une mesure mais 18. L'objectif officiel n'est plus de 2000 morts par an. Désormais, il faut "sauver" 1 vie par jour soit entre 350 et 400 morts évitées. Selon des études critiquées, la baisse de 90 à 80 km/h pourrait sauver ces 400 vies. Bingo ! Avec cette baisse, on s'approcherait (voir passerait) la barre symbolique de 3 000 morts/an.
On peut se réjouir de voir qu'il n'y a pas que de la répression mais aussi des promesses de formation, de communication, etc. Il est dommage cependant de ne pas avoir plus de contrôles physiques. Ces contrôles pouvant être financés par une partie de la "manne" des radars.
Alcool et stupéfiants bien sûr, mais aussi distance de sécurité, mobile, clignotants ou port de la ceinture. Pour rappel le nombre d'automobilistes tués sans ceinture est d'environ 360. L'objectif du gouvernement.
Source et illustration : CISR/Gouvernement
Le Comité Interministériel à la Sécurité Routière (CISR) a rendu son verdict. Les routes à double sens sans séparation seront limitées à 80 km/h dès juillet 2018.
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