Alors que les prix des carburants ne cessent de s’envoler, pesant sur le pouvoir d’achat des Européens, Bruxelles vient désormais y mettre son grain de sel et guider la politique des Etats membres, en recommandant d'aider directement "ceux qui en ont le plus besoin", en versant des "chèques spécifiques", plutôt que d'abaisser uniformément la TVA sur les carburants. C’est en effet ce qu’a indiqué le Commissaire européen Thierry Breton sur l'antenne de BFM/RMC lundi.
Bruxelles recommande des chèques spécifiques
"Ce qui pèse le plus sur les ménages et notamment les ménages défavorisés c'est l'augmentation de l'énergie, et là il faut vraiment accompagner très vite cet impact mondial sur ceux qui en ont le plus besoin", a déclaré Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur et à l'Industrie.
"D'où notre recommandation, qui a été mise en oeuvre notamment en France, c'est d'avoir des chèques spécifiques pour accompagner. Et il faudra le faire encore vraisemblablement jusqu'à l'été", a-t-il ajouté.
Interrogé sur l'aide de 100 euros pour les Français gagnant moins de 2 000 euros nets par mois, annoncée à l'automne par le Premier ministre Jean Castex, le Commissaire a estimé "qu'il ne faudra pas hésiter à le refaire".
Une baisse de la TVA sur les carburants serait d’un faible impact … selon Bruxelles
S’agissant d’une baisse éventuelle de la TVA à 5,5% sur les carburants - que Bruxelles pourrait accepter en considérant l'essence comme un produit de première nécessité - Thierry Breton estime que son "impact" serait "peu élevé pour le budget et pour les consommateurs par rapport à d'autres solutions évoquées plus directes".
Bruxelles plaide pour des mesures ciblées
"Je pense qu'aujourd'hui ce qui est vraiment nécessaire, c'est vraiment d'aider ceux qui en ont le plus besoin, il y a au moins 25% de la population française qu'il faut aider, et je crois que c'est beaucoup plus efficace plutôt que de faire quelque chose d'uniforme" a ajouté le commissaire européen.
Notre avis, par leblogauto.com
Bruxelles veille ainsi au grain …. du déficit budgétaire des Etats membres ! Ni plus ni moins. Et ce, alors que les dirigeants français et italiens Emmanuel Macron et Mario Draghi ont appelé en décembre dernier à réformer les contraintes budgétaires de Maastricht.
Plaidant ainsi en faveur d'une "plus grande marge de manœuvre" budgétaire au sein de l’UE pour favoriser les investissements et insistant sur la nécessité de réformer les critères définis par l’Union européenne, lesquels fixent notamment le plafond d’endettement des États. Des règles qui avaient été mises entre parenthèses, durant la crise sanitaire, afin de maintenir les économies du cartel européen.
Le 9 décembre, Emmanuel Macron avait déjà annoncé vouloir faire de la réforme des critères de Maastricht l'une des priorités de la présidence française de l'UE, estimant que la question du "pour ou contre le 3 %" de déficit était "dépassée".
Hors, le taux d’imposition actuellement pratiqué sur les carburants dans l’Hexagone constitue une véritable manne budgétaire pour le gouvernement, lui permettant de contrebalancer autant que faire se peut les dépenses majeures menées en faveur des plans de soutien pris dans le cadre de la pandémie.
Pour Bruxelles, une baisse de TVA entraînerait le creusement d’un déficit bien au-delà des seuils fixés.
Sources : AFP, France24, BFM/RMC