Limitation à 80 km/h : 349 vies épargnées sur 20 mois
par Thibaut Emme

Limitation à 80 km/h : 349 vies épargnées sur 20 mois

Il y a 2 ans, l'ancien Premier Ministre Edouard Philippe imposait le 80 km/h généralisé et promettait un bilan. Le voici.

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Le Gouvernement a beau être revenu sur le 80 km/h généralisé sur les routes à double sens sans séparateur central, la Sécurité Routière produit tout de même l'évaluation de cette mesure. C'est le CEREMA (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) qui a été sollicité pour évaluer la mesure du 1er juillet 2018 au 28 février 2020. Le confinement généralisé faussant la mesure, l'évaluation s'arrête avant.

Premier chiffre : 349 tués de moins grâce à la mesure. Pour arriver à ce chiffre, le CEREMA a pris en considération les années 2013 à 2017 et leur moyenne, semestre par semestre. Selon l'étude, la baisse est observée sur le réseau concerné par l'abaissement de la limite alors qu'ailleurs est observée une hausse de 48 décès. Sur une année, cela correspond à 200 vies qui seraient épargnées selon ce bilan.

Le CEREMA balaie certains reproches faits à la limite à 80 km/h comme le fait que voiture et poids-lourds seraient à la même vitesse, augmentant le danger. En fait, est constatée "une baisse significative des accidents par collision arrière impliquant un poids-lourd". En revanche il n'y a pas de variation significative du nombre d'accidents causés par un dépassement dangereux (ni hausse ni baisse).

700 millions d'euros d'économie

Un autre des reproches fait à l'abaissement de la limitation de vitesse est la perte de temps. Pour regarder cela, le CEREMA indique avoir regardé Google Maps et les historique de traces GPS (?) pour en conclure que la perte sur 1 km parcouru en trajet domicile-travail était de 1 seconde. "Dans 19 % des cas, il a observé non pas une perte de temps, mais un gain".

Toujours selon le CEREMA, la vitesse moyenne constaté sur les tronçon concernés n'auraient diminuée que de 3,3 km/h. "Un meilleur respect de la mesure pourrait permettre d'épargner davantage de vies sur les routes concernées. Ainsi, en décembre 2019, 58 % des conducteurs de véhicules légers circulaient encore au-dessus de 80 km/h, dont 23 % au-dessus de 90 km/h".

Enfin, les opposants ont souvent reproché la perte économique pour la société induite par la baisse généralisée de la vitesse. Là aussi le CEREMA ne trouve rien à redire, au contraire. "Pour connaître l'impact économique de la mesure, le Cerema s'est livré à une comparaison des coûts induits par l'abaissement de la vitesse, et notamment l'allongement des temps de parcours, et des gains financiers, notamment produits par la diminution des accidents, mais aussi par la moindre consommation de carburant. La mesure permet ainsi à la société française d'économiser 700 millions d'euros sur une année".

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Evidemment, nous n'allons pas remettre en cause le travail du CEREMA. Cependant, quelques observations : pour certaines de ces observations, le CEREMA regarde le réseau hors agglomération, hors autoroute. Mais, ce réseau n'est pas exclusivement composé de routes à 80 km/h. La baisse constatée sur ce réseau est difficilement attribuable au 80 km/h puisqu'elle a eu lieu sur des routes à 70, 60, 50, ou même 110 km/h. La comparaison au sens strict aurait dû être faite sur les seules portions passées de 90 à 80. Mais cela semble impossible à faire.

Autre observation, pour regarder le temps perdu avec le 80 km/h, le CEREMA prend 297 trajets. En aucune manière ces trajets ne sauraient être représentatifs bien que pris sur l'ensemble du territoire. C'est un bien trop petit échantillon statistique.

Surtout, le CEREMA lui-même indique que la baisse de vitesse sur les tronçons à double sens sans séparateur central n'était que de 3,3 km/h. La conclusion est qu'avec une baisse réellement de 10 km/h, le nombre de tués en moins sur les routes seraient immanquablement plus élevé. En fait, on peut tout à fait voir le point dans l'autre sens : malgré une baisse non significative de la vitesse, le nombre de tués a baissé de 10% sur ce réseau.

Bientôt de retour ?

Surtout, le focus semble mis sur les particuliers, sur les trajets du quotidien. Pourtant les professionnels et les longs trajets sont aussi touchés par cette mesure. Pourquoi les exclure des mesures sur le temps de trajet ?

En fait, tout cela ressemble à joli emballage d'une mesure non acceptée. A moins que ce soit un moyen de dire aux Présidents de département qui repassent la limitation à 90 km/h qu'ils font faux pas et seront tenus pour responsable si les chiffres de la Sécurité Routière sont moins bons dans les prochains mois.

D'ailleurs, la Sécurité Routière sort un sondage IPSOS pour finir en mettant un gros noeud sur le rapport : "l'acceptabilité mesurée (...) est en nette progression : 30 % des Français y étaient favorables en avril 2018, ils sont aujourd'hui 48 %". Vous êtes prévenus, à la première hausse, les 80 km/h feront leur retour.

Le rapport final est disponible ici.

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Pour résumer

Il y a 2 ans, l'ancien Premier Ministre Edouard Philippe imposait le 80 km/h généralisé et promettait un bilan. Le voici.

Thibaut Emme
Rédacteur
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