Carlos Ghosn bientôt libéré sous caution ?
par Thibaut Emme

Carlos Ghosn bientôt libéré sous caution ?

Autant son arrestation (étrangement) médiatisée avait cueilli tout le monde, autant ce dernier rebondissement pourrait faire de même. Le tribunal de Tokyo a rejeté jeudi la requête du parquet d'étendre une nouvelle fois sa garde à vue, ouvrant la voie à une libération sous caution de l'ex-homme fort de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.Selon la chaîne publique NHK relayée par l'AFP, Carlos Ghosn pourrait être relâché dès vendredi, voire jeudi, en échange du paiement d'une caution. En effet, la justice a annoncé avoir "rejeté" l'extension de sa garde à vue dans un bref communiqué.

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Mais tout n'est pas encore certain pour Ghosn. Les procureurs de Tokyo, dont le procureur adjoint Shin Kukimoto, devraient faire appel de cette décision, selon l'agence de presse Jiji. "Nous allons procéder de manière appropriée" déclare Shin Kukimoto. Si le bureau des procureurs ne fait finalement pas appel, ou si l'appel n'aboutit pas, Monsieur Ghosn devrait alors pouvoir déposer une caution (montant non encore fixé) et recouvrer une certaine liberté. Enfin, cela c'est si les procureurs ne trouvent pas un troisième motif pour le mettre de nouveau en garde-à-vue. Il faut rappeler que la garde-à-vue actuelle est la seconde d'affilée après la première qui avait duré 23 jours, maximum légal au Japon qui n'empêche pas de trouver d'autres motifs de garde-à-vue dans la foulée.

1 mois de garde-à-vue

Hier, cela a fait un mois que Carlos Ghosn a été arrêté et placé en garde à vue à la prison de Tokyo. Son bras droit, Greg Kelly a également placé sous écrou. Ghosn a été officiellement inculpé le 10 décembre 2018 d'avoir omis de déclarer aux autorités boursières environ 5 milliards de yens (38 millions d'euros) de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015. Inculpation étendue à Kelly également.

Pour prolonger la garde-à-vue, les Procureurs de Tokyo ont lancé une enquête préliminaire sur de "nouveaux" soupçons de minoration de ses émoluments. Au lieu de la période 2010 à 2015, c'est la période 2015-2018 qui est cette fois au coeur de l'attention, pour un montant de 4 milliards de yens (31,1 millions d'euros). Une façon légale de "contourner" la limite de 23 jours (3 + deux renouvellements de 10 jours NDLA) de la garde-à-vue.

Nissan est également poursuivi en tant qu'entité morale, le parquet jugeant que la responsabilité de l'entreprise est aussi engagée car c'est elle qui a remis les rapports incriminés aux autorités boursières.

"Sous le choc"

Le patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, a justifié son attitude une nouvelle fois lundi. "Notre compagnie est sous le choc, nous ne sommes pas dans une situation normale, mais mon sentiment est que nous devions définitivement mettre un terme à des agissements aussi graves", avait-il déclaré. Visiblement, la lune de miel entre Saikawa et son "mentor" Ghosn était terminé, et certains évoquent une volonté de Ghosn d'évincer Saikawa de sa succession chez Nissan.

Visiblement, le coup a été "préparé" chez Nissan puisque c'est une enquête interne, lancée en 2016 au sein du constructeur japonais qui a fourni les billes pour l'arrestation de Carlos Ghosn. Pour ce dernier, ce 19 novembre est le début de la descente du piédestal. Dans la foulée, Ghosn a été démis de ses mandats de Président du Conseil d'Administration de Nissan, puis de Mitsubishi.

A Paris, pour l'instant, le groupe Renault le maintient à son poste, tout en constatant son impossibilité de fait d'exercer la présidence et en désignant une direction temporaire bicéphale. Des discussions ont également lieu pour lui trouver un remplaçant définitif (on évoque JD Senard, patron de Michelin). Visiblement, le dossier transmis - enfin - par Nissan à sa maison mère a lancé ces discussions.

Deuxième inculpation ?

C'est toute l'alliance qui est ébranlée. Pas tout à fait un groupe comme les autres, l'Alliance est le fruit d'un travail diplomatique important fait par Carlos Ghosn lorsque Renault a sauvé Nissan de la faillite en 1999. Carlos Ghosn envisageait de serrer "pour de bon" les liens entre Renault et Nissan. Il n'a pas eu le temps de le faire et les liens pourraient bien se desserrer et l'Alliance se disloquer. Au Japon, on trouve anormal de rester une filiale (capitalistiquement parlant) de Renault et de se faire dicter les décisions par le groupe Renault, devenu plus petit que sa filiale.

La décision du Tribunal de ne pas prolonger la garde-à-vue pour le deuxième motif ne signifie pas que pour ce dernier Carlos Ghosn pourrait s'en sortir sans inculpation. En effet, l'avocat Yasuyuki Takai, ancien membre de l'unité spéciale du bureau des procureurs de Tokyo explique à l'AFP : "(Le Tribunal) a sans doute jugé que l'on pouvait d'ores et déjà trancher sur le fait de l'inculper ou non sur le deuxième motif sans nécessité de prolonger la garde à vue".

Outre les accusations de dissimulation de revenus, Nissan reproche à son ancien sauveur des abus de biens sociaux, notamment l'utilisation aux frais de la compagnie de résidences de luxe aux quatre coins du monde.

S'il est libéré sous caution, Carlos Ghosn aura au moins la possibilité de voir très souvent son armée d'avocats, et retrouver un "confort" plus important qu'au centre de détention. Si les inculpations aboutissent (ce qui est le cas dans plus de 99% des cas au Japon) il pourrait bien y retourner. Mais ce sera un "autre épisode" de ce feuilleton digne de Dallas.

Avec AFP

Illustration : Groupe Renault

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Pour résumer

Autant son arrestation (étrangement) médiatisée avait cueilli tout le monde, autant ce dernier rebondissement pourrait faire de même. Le tribunal de Tokyo a rejeté jeudi la requête du parquet d'étendre une nouvelle fois sa garde à vue, ouvrant la voie à une libération sous caution de l'ex-homme fort de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.Selon la chaîne publique NHK relayée par l'AFP, Carlos Ghosn pourrait être relâché dès vendredi, voire jeudi, en échange du paiement d'une caution. En effet, la justice a annoncé avoir "rejeté" l'extension de sa garde à vue dans un bref communiqué.

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