Subvention du prix des carburants = incitation à consommer
L’ONG NABU (Nature and Biodiversity Conservation Union / Syndicat pour la Conservation de la Nature et de la Biodiversité ) considère la remise sur le carburant à la station-service mise en place par le ministre fédéral des Finances Christian Lindner ce week-end comme une incitation malavisée.
"Une subvention du prix de l'essence serait un outil de soutien coûteux qui encourage une plus grande utilisation des sources d'énergie fossiles au lieu d'économiser de l'énergie" indique ainsi l’ONG NABU . Si elle considère que l'État devrait effectivement soutenir financièrement les clients en difficulté, elle estime que cela ne devrait pas contrecarrer la tendance générale à réduire l'utilisation des combustibles fossiles et à soutenir des alternatives plus respectueuses de l'environnement.
Le gouvernement fédéral a "raté l’occasion" de contraindre les constructeurs
Le gouvernement fédéral, également à l'instigation du ministre des Transports Volker Wissing, a décidé de ne pas resserrer les limites de consommation de carburant pour les voitures, ajoute encore l’ONG, « ratant ainsi l'occasion" - selon elle - "d'obliger les constructeurs à développer des véhicules plus économiques et à passer plus rapidement à l'électrique ».
"Le frein le plus efficace au prix du carburant réside dans des voitures efficaces - ou mieux encore, celles qui se passent complètement de pétrole", estime encore NABU, rappelant que ce n’est que depuis peu que Volker Wissing plaide contre de nouvelles normes d'efficacité automobile au niveau de l'UE.
L'ONG NABU plaide en faveur d’une limitation de vitesse
Les propositions de NABU : "afin de mettre à la disposition des citoyens des alternatives bon marché à court terme, des billets à un euro pour les transports publics locaux devraient être temporairement proposés à tous et la TVA sur les billets de train devrait être supprimée. Une limitation de vitesse à 120 km/h sur les autoroutes, 80 km/h sur les routes de campagne et 30 km/h en zone urbaine réduirait immédiatement la consommation de carburant. Des primes d'achat pour les vélos, les vélos électriques et les vélos cargo seraient une mesure judicieuse pour créer des alternatives durables à la voiture. Les employeurs devraient également proposer ou maintenir les réglementations relatives au télé-travail les plus généreuses possibles."
Une remise sur le prix du carburant serait "très problématique d'un point de vue économique et social » selon Greenpeace
Greenpeace va encore plus loin. Affirmant même qu'une remise sur le prix du carburant serait "très problématique d'un point de vue économique et social". L’ONG estime ainsi que de telles mesures seront contre-productives face aux incitations à économiser du carburant et profiteraient de manière disproportionnée aux revenus élevés, qui ont tendance à posséder plus de voitures et à parcourir de plus longues distances que ceux qui ont des niveaux de revenu inférieurs.
Selon Greenpeace, une meilleure solution consisterait à augmenter davantage le soutien aux prix du chauffage mis en place pour les ménages à faible revenu et de mettre en œuvre rapidement le du concept de «prime énergie» qui redistribuerait le produit de la tarification du carbone, au profit de ceux qui ont l'empreinte carbone la plus faible.
BUND veut mettre fin à la politique des transports axée sur la voiture
L'ONG BUND a averti pour sa part que l'Allemagne manquera probablement cette année encore ses objectifs de réduction des émissions polluantes du secteur des transports, ajoutant que ceux-ci "doivent en fait être réduits de moitié au cours des huit prochaines années".
Il serait maintenant temps de "mettre fin à la politique des transports axée sur la voiture des dernières décennies", avertit encore BUND pour qui « une remise sur le prix du carburant ne traite que les symptômes et fait temporairement baisser les prix sans être durable". Ajoutant qu'une limitation de vitesse serait nécessaire "maintenant plus que jamais".
70 % du prix de l’essence déjà fixé par l’Etat en Allemagne
Dans une tribune du quotidien économique Handelsblatt, le journaliste Thomas Sigmund a soutenu l'idée du ministre des Finances de soutenir directement les automobilistes par le biais d'un rabais. "Tout d'abord, c'est enfin une idée créative qui mérite d'être débattue", a-t-il déclaré. Les navetteurs, les familles et les entreprises ont besoin d'un soulagement rapide et 70% du prix de l'essence sont déjà fixés par l'État, a écrit Sigmund. Un rabais serait plus ciblé qu'une réduction d'impôt, que les entreprises de combustibles fossiles pourraient ne pas répercuter sur les consommateurs. Il serait faux de penser que les prix élevés du pétrole ne nuisent qu'aux ménages à faible revenu. "Cela affecte de nombreux ménages et en particulier les familles de la classe moyenne", a-t-il déclaré.
Un « non-sens populiste" pour Der Spiegel
En revanche, dans un éditorial pour Der Spiegel, Gerald Traufetter a qualifié l'idée de "non-sens populiste". La situation « dramatique » actuelle en Ukraine ainsi que les effets possibles de la pauvreté énergétique en Allemagne justifient une solution plus globale, a-t-il soutenu. Traufetter a également déclaré que la mise en œuvre du concept de « bonus énergétique » conduirait à de meilleurs résultats.
Notre avis, par leblogauto.com
Revers de la médaille ? Habiter un pays ou les écologistes et groupes environnementaux ont un poids très important ne confère pas tous les avantages aux automobilistes …
Intéressant de voir le débat qui a cours outre Rhin. A comparer avec la France où le gouvernement a été fortement incité à agir sur le prix du carburant.
En octobre 2021, alors que les prix à la pompe étaient déjà supérieurs à ce qu'ils étaient pendant la crise des gilets jaunes en octobre-novembre 2018, l’écologiste Sandrine Rousseau avait souhaité "augmenter le prix de l'essence" pour dissuader les automobilistes ». Une proposition loin de faire l’unanimité au sein même de son parti.
Mathieu Panciatici, conseiller départemental écologiste, s’était même indigné de ces propos en déclarant : "je ne sais pas sur quelle planète est Sandrine Rousseau." Considérant que les ménages les plus concernés par la voiture sont souvent les ménages les plus pauvres, il était alors favorable à un chèque énergie, mais demandait des mesures de plus grande ampleur. Plaidant parallèlement pour le développement des bus, notamment sur les Alpes-Maritimes, « pour inciter à ne pas prendre la voiture."
Sources : Handelsblatt / Der Spiegel, France Bleu Azur