La mise en garde-à-vue de Carlos Ghosn au Japon entraîne des réactions en chaîne. Dans l'impossibilité manifeste de tenir son rôle au sein du Groupe Renault, Carlos Ghosn n'a pas été démis de ses fonctions par le Conseil d'Administration réuni dans l'urgence.
En revanche, ce même conseil a nommé une direction temporaire. Comme pressenti ces dernières heures, l'homme de confiance de l'état français (administrateur référent), Philippe Lagayette a été nommé Président par intérim du groupe Renault. Une présidence non exécutive donc.
De son côté, Thierry Bolloré, Directeur Général Adjoint est nommé temporairement Mandataire Social. C'est lui qui gérera les affaires courantes en attendant d'en savoir plus sur les développements de l'affaire Ghosn au Japon. Bruno Le Maire, Ministre de l'économie, a pour sa part indiqué que le gouvernement respectait la présomption d'innocence. Ajoutant qu'à date, le fisc français n'avait rien à reprocher à Carlos Ghosn.
Toutefois, si l'affaire devait se développer au Japon, le Conseil pourrait se réunir de nouveau et démettre officiellement Ghosn de ses fonctions. Les conseils d'administration de Nissan et de Mitsubishi doivent se réunir jeudi. Il est annoncé qu'ils devraient se séparer de l'emblématique patron franco-libano-brésilien. Il faut savoir que le système japonais est un peu comparable au système américain. La garde-à-vue peut durer jusqu'à 23 jours, ce qui laisse le temps au procureur de décider s'il poursuit ou non la personne. Les procureurs ne poursuivant que lorsqu'ils sont convaincus de gagner, le système affiche des taux de condamnation proche de 100%.
La fin du seul homme fort à la tête de l'Alliance
Toute cette agitation n'est pas bonne du tout pour l'Alliance et les deux groupes, Renault et Nissan. Après une première journée à près de -4%, l'action Nissan a plongé de près de 7% aujourd'hui. Idem pour Mitsubishi. De son côté, l'action Renault a surtout plongé hier (décalage horaire oblige) avec -8,43% tandis qu'aujourd'hui la baisse a été contenue à 1,19%.
D'autres volets devraient s'ouvrir suite à l'arrestation de Carlos Ghosn au Japon. En effet, certaines sources qui veulent garder l'anonymat, indiquent qu'il y aurait eu des malversations au niveau de Renault-Nissan BV, le holding de droit néerlandais qui chapeaute l'Alliance. De quoi faire tanguer un peu plus le bateau Renault-Nissan-Mitsubishi.
Du côté japonais, on réaffirme vouloir le bien de l'Alliance, importante pour ses plus de 5 milliards d'euros de synergies (et 10 à terme selon le plan Drive the Future 2017-2022). Toutefois, le vizir, Saikawa, qui se voit déjà calife à la place du calife, a indiqué qu'il faudrait revoir les équilibres au sein de l'alliance.
"A propos de problèmes structurels, 43 pourcents sont détenus par Renault et la direction de Renault est à l'heure actuelle à la tête de Nissan. Bien entendu, ce n'est pas la seule raison, mais c'est l'un des facteurs. Le conseil...devra se pencher à fond sur ce problème aussi". Le conseil d'administration de Nissan promet d'être "la fête à Carlos Ghosn" et sans doute le début de la fin de la structure qu'il a patiemment mise en place.
Illustration : Nissan/Renault