Théo Pourchaire champion de Formule 2 2023, et après ?

La dernière course était encore remplie de suspense puisque Vesti pouvait mathématiquement être titré à la place de Pourchaire. Vesti 9e sur la grille, Pourchaire 14e seulement, la course était ouverte. Comme toujours en F2, il y a deux stratégies : partir en tendres puis tenir en mediums, ou partir en mediums pour chausser les tendres à la fin et remonter. Vesti avait décidé cette deuxième option, Pourchaire la première. A un moment, Vesti s’est retrouvé derrière Pourchaire qui a magnifiquement défendu ses chances malgré des gommes plus usées et mediums versus tendres.

Cette résistance qui a duré plus de 2 tours a permis à Pourchaire de supprimer quasiment toute chance pour Vesti de gagner. Martins, coéquipier de Pourchaire chez Art était en embuscade pour prendre le meilleur tour en course à Vesti. Vesti a tout tenté, s’accrochant même avec Maloney à quelques mètres de l’arrivée. Mais en terminant 3e et Pourchaire 5e, Vesti échoue dans sa quête du titre.

On a donc un Français titré en Formule 2. C’est le premier depuis que la F2 a repris le flambeau de la GP2 (où on a eu plusieurs Français titrés). Pour le moment, Pourchaire est tout à sa joie. Mais, il ne sait pas ce qu’il fera exactement l’an prochain. Car être champion de F2 ne donne aucune assurance d’aller en F1. Une fois titré, la règle veut qu l’on ne peut plus participer à la F2.

Une saison qui laisse un goût de trop peu

Surtout que s’il est titré cette saison, Pourchaire a fait une « saison d’épicier ». Une seule victoire en « feature race » à Bahreïn. Depuis ? 9 podiums pendant que Vesti signait 6 victoires (dont dont 2 en « feature race », la course principale). De l’extérieur, beaucoup considèrent que Vesti aurait fait un champion plus « flamboyant ». Mais gagner ne suffit pas, la preuve. Pourchaire a su engranger les points quand il ne pouvait pas gagner. Et au final, cette tactique paie.

En 2021, Pourchaire fait une bonne première saison. En 2022, il est 2d, mais loin derrière l’intouchable Drugovoitch. Et Drugovitch il est où maintenant ? Bref, pour Théo Pourchaire, la chance de F1 est-elle passée ? Fred Vasseur, quand il dirigeait Alfa Romeo Sauber, avait promis de tout faire pour l’amener en F1, à condition qu’il soit champion. Sauf qu’il a pris une saison de trop Théo pour conquérir le titre. Et Zhou a re-signé, tout comme Bottas. Pourchaire est donc toujours pilote de réserve et de développement de celle qui ne s’appellera plus Alfa Romeo en 2024.

Pourchaire va devoir ronger son frein et espérer avoir une opportunité en F1. Comme toujours, on en revient au même constat : sans essais privés, on ne peut pas évaluer les jeunes pilotes. Mais, il y a une vie en dehors de la Formule 1. Pourchaire est jeune (20 ans depuis fin août) et peut patienter un peu. Mais il devra trouver une ou deux séries auxquelles participer sous peine de disparaître des écrans radars.

Un titre si important, et si insignifiant

Leclerc, Russell, de Vries, Schumacher, Piastri, Drugovitch et maintenant Poruchaire. De bien beaux noms du sport auto, mais…Piastri champion de F3 en 2020 est titré dès sa première saison en 2021. Il a dû patienter pour avoir un baquet. Schumacher est champion après sa deuxième saison. La suite on la connait, un tour en F1 et pour le moment s’en va. Nyck de Vries, titré en 2019 après 3 saisons, a pu avoir une opportunité en F1 seulement cette saison et a été cramé par Red Bull.

Etre titré en F2 n’est pas du tout une assurance de carrière en F1. Russell et Leclec sont des contre-exemples, mais Norris ou Albon, vice-champion et 3e de la saison 2018 qui a vu Russell être titré ont été promus en F1 sans être champion de Formule 2.

Un autre souci des jeunes, champions ou pas, c’est que les « papis » s’accrochent à leur volant. La génération 1980-1990 est encore fournie : Alonso (1981), Hamilton (1985), Hülkenberg (1987), Ricciardo (1989), Bottas (1989) sont encore là et bien là. En revanche, on peut regretter de voir que plus d’écuries ne misent pas sur la jeunesse et préfèrent prendre des pilotes certes bons, mais qui ne seront jamais champion du monde.

Bref, bravo Théo Pourchaire pour ce titre de champion du monde de Formule 2 2023. Vesti devrait revenir se battre en 2024, mais il aura sur sa route un certain Victor Martins, qui décroche le titre de meilleur rookie (débutant) 2023.

A noter qu’après 6 saisons, la Dallara F2 2018 tire sa révérence. En 2024 ce sera encore une Dallara avec le même moteur V6 3,4 litres turbo de Mecachrome, adapté aux carburants de synthèse.

(8 commentaires)

  1. Pour que la F1 soit la suite logique de la F2 il faudrait qu’un pilote de F1 saute tous les ans pour laisser sa place au champion de F2. Est ce que c’est le cas? Est ce qu’il y a un départ chaque année? Il y a beaucoup de changements entre les équipes chaque année mais je n’ai pas l’impression qu’il y ait autant de départ que ça, sans même parler des « vieux » qui ne veulent pas laisser leur place. J’ai l’impression que la F2 n’est qu’une impasse, il faudrait qu’il y ait une obligation pour que la F2 débouche sur la F1 pour que ça fonctionne, avec un petit bonus pour l’écurie qui récupère le champion par exemple (puisqu’il n’y a que les carottes qui fait avancer le monde…)

    1. Le souci principal est que les équipes ne peuvent pas tester les jeunes…à part sur 1 ou 2 séances libres EL1 dans la saison.

      Avant, les écuries limaient le bitume avec les jeunes et pouvaient comparer et sélectionner un prometteur.

      Il y avait aussi les écuries qui n’étaient là que pour accueillir les jeunes en devenir. Sauf que le gâteau est trop bon et que personne ne veut partager.

      Pour y arriver, la FOM et la FIA ont d’abord demandé que les écuries aient 2 voitures identiques sur l’année et fassent tous les GP sauf 2 ou 3 (j’ai oublié). Donc les poireaux qui s’engageaient sur 2 ou 3 GP max avec voiture clients…on oublie.

      Et il a fallu que chaque voiture soit construite par ou pour l’écurie.
      Cela a tué les voitures clientes…même si la FIA a remis la possibilité d’acheter des pièces (boîte, suspension arrière, etc.).

      Au final, on a un petit monde qui tourne en cercle fermé. Et des pilotes qui n’auront pas leur chance de montrer quoi que ce soit.
      La F1 n’est pas une fin en soi, heureusement…mais cela reste le pinacle du sport auto pour le moment.

  2. Le problème est toujours le même: l’absence de roulage et d’essais libre pour permettre aux jeunes pilotes de se former au pilotage d’une F1…
    Il est plus facile pour une équipe de viser un vieux moustachu au sens propre comme au figuré genre Bottas, que de prendre un jeune pilote qui mettra du temps à se mettre au niveau, sauf exception.
    Remettons des séances d’essais de mi-saison comme avant et les jeunes pilotes retrouveront plus facilement des places

    1. Voilà !

      Si la FIA et la F1 ne craignent que les écuries en profitent pour en tirer des enseignements, ils n’ont qu’à fournir un châssis et une carrosserie communs à tous et organiser les roulages.

      Là on en est rendus à feinter pour la journée de roulage de demain à Yas Marina. Ces tests post-saison ne verront qu’une seule voiture en piste par écurie avec 2 jeunes pilotes au volant (donc déjà il ont un temps divisé par deux).

      Et les écuries feintent…la voiture en piste doit être la même que celle du GP d’hier. Donc certaines écuries ont amené de nouvelles pièces pour la course quitte à se planter. Mais ils pourront comme cela travailler déjà sur ces pièces pour l’an prochain (souvent ce sont les petites écuries qui font cela, ne changeant pas tout d’une saison à l’autre).

      Et comme les essais de pré-saison à Bahreïn seront limités aussi, seulement trois jours quand c’était 2×4 jours à Barcelone…et bien c’est encore moins de roulage potentiel pour les jeunes pilotes potentiels.

      Imaginez…roulage sur 4 jours sur un circuit européen (quitte à en prendre un qui ne soit pas au calendrier), obligation de faire rouler les jeunes pilotes. Tu mets un billet à 40 € les 4 jours, tu remplis les tribunes…comme quand la F1 débutait à Barcelone. Certes pas de bagarre en piste, pas de course…mais on voyait les F1 sur plusieurs journées pour « rien ».

  3. Faire venir 1, 2 … 3 équipes supplémentaires ouvrirait plus de baquets. Il y aurait plus de spectacle sur la piste et augmenterait la capacité à faire monter de jeunes pilotes dans les équipes le moins capées. Bref, comme avant …

    1. ça ouvrirait plus de baquets et ça augmenterait le spectacle, mais je ne sais pas si ça changerait quelque chose pour les jeunes pilotes. C’est sur qu’avec une équipe en plus, ça fait 2 baquets en plus et potentiellement pour des jeunes, mais dans 5 ans, quand ces jeunes ne seront plus jeunes, est ce qu’ils laisseront leur place aux jeunes de dans 5 ans? A mon avis, on se retrouverait dans le même cas quelques années après la création de ces nouvelles équipes.

  4. L’absence de turn-over dans la F1 actuelle est un vrai problème pour la F1.
    Sclérosée, encore plus repliée sur elle-même maintenant qu’elle est rentable, elle participe à l’épanouissement du WEC ! Schumacher chez Alpine, De Vries chez Toyota, le WEC va siphonner ce vivier de pilotes aussi rapides voire plus que les pilotes de F1 actuels. Conséquence, beaucoup de pilotes, plutôt que passer des années à galérer en F3 et F2, se retrouvent avec des bons volants en Endurance.
    Quand on voit le podium réalisé par notre Doriane nationale ce w-e en F4 Asia qu’elle découvrait, c’est une certitude, les meilleurs pilotes du monde ne sont plus en F1.
    Quand à Pourchaire, il pourrait très bien se retrouver en WEC ou en IMSA en 2025.

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