La saison du DTM 2019 marque à coup sûr un tournant dans l'histoire du fameux championnat Allemand de voitures de tourisme, entre nouvelle règlementation, départ d'un constructeur historique, arrivée d'un nouveau et rapprochement avec le SuperGT. Suffisant pour relancer l’intérêt ?
Nouvelle règlementation, nouvelle ère ?
- Le DTM inaugure cette année la nouvelle règlementation "Class One", qui sera adoptée par le championnat japonais Super GT en 2020. Les maîtres-mots de cette nouvelle règlementation sont la maitrise des coûts et la hausse des performances, afin de se rapprocher du niveau des GT nippones. Les voitures, plus légères de 50 kilos, adoptent un nouveau moteur 2 litres 4 cylindres Turbo plus puissant que les précédents V8, avoisinant les 600 chevaux, ce qui rapproche les performances des DTM de celles d'une GT. Les meilleures devraient franchir la barre des 300 Km/h.
- Si vous trouvez que le DRS de la F1 tue l'art du dépassement, regardez plutôt : Le système DRS en DTM est optimisé avec un aileron arrière identique à celui utilisé en Super GT. Le pilote pourra désormais l’activer dès qu’il sera à moins de 3 secondes de la voiture qui le précède, contre une seconde auparavant. De plus, tous les compétiteurs pourront activer leur DRS dans les 5 derniers tours, quelque soit l’écart dans le peloton.
- Le DTM inaugure cette année un système de "Push to pass" inspiré de l'Indycar. Il donne un boost de 30 chevaux supplémentaires, activable à 12 reprises en course par pilote.
Rapprochement avec le SuperGT
Dans les cartons depuis plusieurs années, le rapprochement avec le célèbre championnat de GT du Japon aboutit cette année à l'organisation d'une course commune, le 24 novembre, à Fuji. Une douzaine de voitures DTM sont attendues sur le circuit japonais. Le meeting sera disputé selon le format du championnat allemand avec deux courses dans le week-end sans changement de pilote. Toutes les voitures devraient évoluer avec des pneus Hankook, qui est le manufacturier officiel du DTM.
Au préalable, Honda, Lexus et Nissan enverront une voiture en tant qu'invités lors de la finale du DTM à Hockenheim.
Calendrier DTM 2019
Les rendez-vous de Zandvoort, de l'Hungaroring et du Red Bull Ring sont annulés, alors que Zolder fait son retour après 17 ans d'absence. Le calendrier passe de 10 à 9 dates, avec toujours 2 courses par meeting.
- 4-5 mai Hockenheim
- 18-19 mai Zolder (Belgique)
- 7-8 Juin Misano (Italie)
- 6-7 Juillet Norisring
- 20-21 Juillet Assen (Pays-Bas)
- 10-11 Août Brands Hatch (Angleterre)
- 24-25 Août Lausitzring
- 14-15 Septembre Nürburgring
- 5-6 Octobre Hockenheim
In and Out
- Mercedes, constructeur emblématique de la discipline (record de victoires et de titres pilotes), s'est retiré pour concentrer ses efforts sur la Formule E. Une perte importante pour le championnat.
- En lieu et place de Mercedes, c'est Aston Martin qui prend la relève avec la Vantage. Pour la première fois depuis Alfa Romeo en 1996 (dernier année de la présence du Biscione), un constructeur non-allemand est engagé en DTM, même si cette arrivée n'est pas vraiment officielle...
- Plusieurs pilotes emblématiques du DTM s'en vont, dont Gary Paffett (double champion 2005 et 2018), Pascal Wehrlein et Edoardo Mortara, partis en Formule E. Mattias Ekström, qui avait encore fait une pige l'an passé, ne devrait pas revenir.
Le DTM fait-il encore rêver ?
Ceux qui ont connu le DTM du début des années 90, avec l'apogée du délirant ITC, peuvent bien se poser la question. Le retrait de Mercedes est évidemment un coup dur, pour un championnat qui, à l'instar de la Nascar aux USA (elle aussi en difficulté d'ailleurs), était un peu un monument national du sport automobile germanique. Les tribunes sont moins remplies et moins enflammées qu'à l'époque. Le plateau 2019 est d'ailleurs rachitique, avec 18 voitures seulement...
- Le DTM a cédé aux sirènes des artifices (DRS, pneus à dégradation rapide) tandis que l'aérodynamique a pris sur le pas sur la mécanique, comme en F1. Les voitures DTM se sont transformées en quasi-prototypes que l'on verrait bien au départ du Mans, mais l'esprit est-il encore là ? On a souvent assisté ces dernières années à des courses où la stratégie prenait le pas sur les bastons en piste (ce qui est un peu la base du succès des Touring Cars).
- Autre faiblesse, le manque de stars, allemandes ou non. A ce jour, les Rast, Wittmann et consorts n'ont pas l'aura des Bernd Schneider, Klaus Ludwig et autres Uwe Alzen pour les remplacer dans le cœur des Allemands. Le DTM a aussi profité à un moment de son statut de "2e carrière" pour les gloires de la F1, à l'instar du CART des années 90. Le DTM a vu ainsi défiler dans les années 2000 Jean Alesi, Mika Hakkinen, David Coulthard ou encore Heinz-Harald Frentzen, avec des fortunes très diverses. Et ne pas parlons pas de l'âge d'or des années 90, où l'on croisait sur la piste Hans Stuck, Keke Rosberg, Alesandro Nannini, Gabriele Tarquini, JJ Lehto, Nicola Larini aux côtés des jeunes pousses comme Dario Franchitti, Jan Magnussen ou Giancarlo Fisichella.
Équipes et Pilotes DTM 2019
(statistiques DTM 1ère époque, ITC et nouveau DTM confondus)
AUDI
10 titres pilotes (1990,1991,2002,2004,2007,2008,2009,2011,2013,2017)
6 titres constructeurs (2004, 2007, 2011, 2014, 2016 , 2017 )
105 victoires
Audi Sport Team Abt Sportsline
Présente également en Formule E, c'est l'équipe emblématique de la firme aux anneaux, championne à plusieurs reprises avec Mattias Ekström.
Robin FRIJNS (Pays-Bas, 27 ans) 2 podiums
Ancien espoir de la filière Red Bull en monoplace, Frijns est aussi présent en Formule E. Pour l'instant, sa 1ère saison DTM a été discrète.
Nico MÜLLER (Suisse, 27 ans) 1 victoire, 6e championnat 2013
6e saison en DTM pour le Suisse, qui compte 1 succès en 2016 (Norisring) mais n'a pas encore vraiment réalisé de coup d'éclat.
Audi Team Phoenix
Présent depuis la renaissance du DTM en 2000 (d'abord avec Opel), l'équipe a gagné 1 championnat en 2013 avec son pilote fétiche Rockenfeller.
Mike ROCKENFELLER (Allemagne, 35 ans) Champion 2013, 5 victoires
Champion DTM 2013 et vainqueur des 24 heures du Mans en 2010 sur l'Audi R15, "Rocky" est un pilier de la firme d'Ingolstadt. Mais depuis quelques saisons, ses performances sont plutôt en dents de scie.
Loic DUVAL (France, 36 ans) 1 podium
Le français, qui a connu d'abord une belle carrière au Japon, a été Champion du monde d'Endurance avec Audi en 2013, année où il a gagné le Mans. Par contre, son bilan en DTM après deux saisons est assez maigre, avec 1 podium et une 17e place au championnat 2018.
Audi Team Rosberg
L'équipe fondée par Rosberg père en 1994 fête ses 25 ans de présence en Tourisme. Elle fut de l'aventure Opel Calibra en ITC et a accompagné la renaissance du DTM en 2000. C'est une autre structure emblématique. Sur le papier, elle dispose du duo de pilotes le plus aguerri.
René RAST (Allemagne, 32 ans) Champion 2017, 10 victoires
Triple champion de la Porsche Supercup, Rast a gagné le DTM dès sa première saison complète. En 2018, après une entame de championnat laborieuse, il a terminé la saison en trombe avec un record de 6 victoires de suite (!) et a manqué d'un souffle le titre. Il est le favori naturel de la saison 2019.
Jamie GREEN (Angleterre, 36 ans), 2e Championnat 2015, 16 victoires
Présent depuis 2005, c'est un peu le "champion sans couronne" de la discipline, souvent placé mais jamais titré. Il sort d'une saison 2018 ratée.
Audi Sport Team WRT
Multi-titrée dans divers championnats GT avec la R8, le team WRT débute en DTM cette année.
Jonathan Abderdein (Afrique du Sud, 21 ans)
Transfuge du championnat d'Europe de F3, le jeune sud-africain débute évidemment dans la discipline. Pour l'instant, il n'a pas de palmarès très particulier.
Pietro FITTIPALDI (Brésil, 22 ans)
Dernière recrue après une prestation concluante lors des essais officiels, le jeune brésilien à l'illustre patronyme est aussi le pilote de réserve de Haas F1 Team.
BMW
6 titres pilotes (1984,1987,1989,2012,2014,2016)
3 titres constructeurs (2012,2013,2015)
81 victoires
BMW Team RMG
Pilier de BMW depuis le retour de la firme bavaroise en 2012, RMG peut compter dans ses rangs sur un bon trio de pilotes, dont Marco Wittmann.
Marco WITTMANN (Allemagne, 29 ans) Champion 2014 et 2016, 11 victoires
Seul double champion engagé, Wittmann est un prétendant régulier au titre, mais ses résultats sont davantage en dents de scie depuis deux saisons
Bruno SPENGLER (Canada, 35 ans) Champion 2012, 15 victoires
L'autre vétéran de la discipline, dont les débuts remontent à 2005, n'est plus vraiment à la fête depuis quelques saisons. Il n'a gagné qu'une course sur les 5 dernières saisons et a fini les trois derniers championnats au-delà du top 10.
Timo GLOCK (Allemagne, 37 ans) 5 victoires
L'ancien pilote Toyota en F1, doyen du plateau, progresse d'année en année et a terminé 5e du championnat 2018, son meilleur résultat depuis ses débuts en 2013.
BMW Team RBM
L'équipe belge a toujours été un peu dans l'ombre de RMG. Elle est présente en DTM depuis 2012. et fait un peu office de "junior team".
Philipp ENG (Autriche, 29 ans) 2 podiums
Brièvement vu en monoplace, l'autrichien a surtout été vu en GT et en Endurance, remportant cette année les 24 heures de Daytona GTLM avec la M8. Pour sa première saison DTM en 2018, Eng a effectué une prestation très honorable à la 9e place du championnat.
Joel ERIKSSON (Suède, 20 ans) 1 victoire
Révélé en 2017 par une belle saison en F3 européenne (vice-champion), le suédois (aucun lien avec Marcus) n'a terminé que 14e du championnat 2018 mais compte 1 victoire, acquise en Italie.
Sheldon VAN DER LINDE (Afrique du Sud, 19 ans)
Un autre débutant, issu des championnats de GT ADAC et Blancpain où il a obtenu pas mal de bons résultats pour...Audi. Il s'est distingué lors des Young Driver Test organisés par BMW fin 2018 et a obtenu le dernier volant.
ASTON MARTIN
La marque britannique débute mais n'est en réalité qu'un prête-nom. C'est en partie le savoir-faire de Mercedes qui est à l’œuvre, par le biais de la fameuse structure HWA, qui a monté une joint-venture avec AF Racing/R-Motorsport (une équipe qui brille en GT avec...Aston Martin) pour développer le projet, ayant obtenu de la firme anglaise l'autorisation d'utiliser la silhouette de la Vantage.
R-Motorsport
Paul Di RESTA (Écosse, 33 ans) Champion 2010, 11 victoires
Champion du DTM avant d'arriver en F1 chez Force India, l'écossais est retourné dans cette discipline en 2014 et demeure un des animateurs réguliers du peloton. Si la Vantage est dans le coup, il fera partie des prétendants au titre.
Daniel JUNCADELLA (Espagne, 27 ans) 1 victoire
L'ancien champion de F3 Euroseries (2012) entame sa 6e saison en DTM. Plutôt discret (son meilleur résultat final en championnat est une 15e place en 2018), il a néanmoins obtenu son 1er succès l'an passé avec Mercedes, marque pour laquelle il est aussi engagé en GT.
Ferdinand HABSBOURG (Autriche, 22 ans)
Arrière petit-fils du dernier empereur d'Autriche-Hongrie, le jeune héritier sort de deux saisons de F3 européenne plutôt discrètes, malgré un succès à Spa en 2017. C'est un des débutants de la saison.
Jake DENNIS (Angleterre, 23 ans)
Vu en GP3 en 2016, le britannique s'est reconverti en GT et fait donc également ses débuts en DTM.
Palmarès
Année | Titre pilote | Voiture pilote | Titre constructeur |
1984 | Volker STRYCEK | BMW 635 CSI | / |
1985 | Per STURESON | Volvo 240 Turbo | / |
1986 | Kurt THIIM | Rover Vitesse | / |
1987 | Eric VAN DE POELE | BMW M3 | / |
1988 | Klaus LUDWIG | Ford Sierra RS500 | / |
1989 | Roberto RAVAGLIA | BMW M3 | / |
1990 | Hans-Joachim STUCK | Audi V8 Quattro | / |
1991 | Frank BIELA | Audi V8 Quattro | Mercedes |
1992 | Klaus LUDWIG | Mercedes-Benz 190E Evo II | Mercedes |
1993 | Nicola LARINI | Alfa Romeo 155 V6 Ti | Alfa Romeo |
1994 | Klaus LUDWIG | Mercedes-Benz C-Klasse | Mercedes |
1995 | Bernd SCHNEIDER | Mercedes-Benz C-Klasse V6 | Mercedes |
1996 | Manuel REUTER | Opel Calibra V6 4x4 | Opel |
2000 | Bernd SCHNEIDER | Mercedes-Benz CLK DTM | Mercedes |
2001 | Bernd SCHNEIDER | Mercedes 190E Evo II | Mercedes |
2002 | Laurent AIELLO | Audi TT-R DTM | Mercedes |
2003 | Bernd SCHNEIDER | Mercedes-Benz CLK DTM | Mercedes |
2004 | Mattias EKSTRÖM | Audi A4 DTM | Audi |
2005 | Gary PAFFETT | Mercedes-Benz C-Klasse | Mercedes |
2006 | Bernd SCHNEIDER | Mercedes-Benz C-Klasse | Mercedes |
2007 | Mattias EKSTRÖM | Audi A4 DTM | Audi |
2008 | Timo SCHEIDER | Audi A4 DTM | Mercedes |
2009 | Timo SCHEIDER | Audi A4 DTM | Mercedes |
2010 | Paul Di RESTA | Mercedes-Benz C-Klasse | Mercedes |
2011 | Martin TOMCZYK | Audi A4 DTM | Audi |
2012 | Bruno SPENGLER | BMW M3 DTM | BMW |
2013 | Mike ROCKENFELLER | Audi RS5 DTM | BMW |
2014 | Marco WITTMANN | BMW M4 DTM | Audi |
2015 | Pascal WEHRLEIN | Mercedes-Benz C63 AMG | BMW |
2016 | Marco WITTMANN | BMW M4 DTM | Audi |
2017 | René RAST | Audi RS5 DTM | Audi |
2018 | Gary PAFFETT | Mercedes-Benz C63 AMG | Mercedes |
Rang | Pilote | Victoires |
1 | Bernd SCHNEIDER | 43 |
2 | Klaus LUDWIG | 37 |
3 | Mattias EKSTRÖM | 23 |
| Gary PAFFETT | 23 |
4 | Kurt THIIM | 19 |
5 | Nicola LARINI | 18 |
6 | Jamie GREEN | 16 |
7 | Bruno SPENGLER | 15 |
8 | Alessandro NANNINI | 14 |
| Johnny CECOTTO | 14 |
9 | Hans-Joachim STUCK | 13 |
10 | Marco WITTMANN | 11 |
| Paul Di RESTA | 11 |
| Manuel REUTER | 11 |