La faillite de Marussia entraine celle de la vénérable écurie Manor. Autant la dispersion des biens de l'écurie de F1 est médiatisée, autant celle de Manor passe inaperçue. Il y a pourtant de jolis lots, comme cette Tatuus FR 2000 ex-Kimi Räikkönen. Elle passera sous le marteau en marge du salon Autosport.

Retour sur la carrière météorique de "Iceman". En 1999, Räikkönen était un parfait inconnu. Le Finlandais n'était qu'un de ces jeunes kartmen qui tentaient leur chance en monoplace. Au mieux, on se rappelait un Grand Prix de Monaco karting où il avait fait un gros détour ("I know what I'm doing", déjà...), avant de revenir en piste et de finir 3e.

Faute de budget, sa saison en FR UK (avec Haywood) se limita à 2 meetings. Il réapparu à l'automne, en FF, avec une Van Diemen "usine". Au Festival, il ne passa pas les éliminatoires, mais il termina 5e de l'Europa Cup (remportée par Anthony Davidson.)

Manor l'embaucha pour la Winter Series de Formula Renault. 4 courses, 4 victoires !

Manor le conserva logiquement pour la saison 2000. Le Finlandais recommença sa razzia : 7 victoires en 10 courses. Il s'offrit une sortie en Eurocup... Où il remporta les 2 manches !

Or, il était managé par David Robertson. Ce dernier était le manage en verve, après avoir "repéré" et casé en F1 Jenson Button. Sauber cherchait un pilote pour 2001. Mika Salo, son pilote, avait un contrat de pilote d'essai chez Toyota (et Peter Sauber n'avait pas forcément envie qu'il leur raconte son expérience en direct.) Red Bull, sponsor principal, poussait Enrique Bernoldi. Robertson hurlait sur tous les toits qu'il avait trouvé "le nouveau Button". Sauber lui offrit un test, au Mugello, pour voir. Räikkönen ridiculisa Bernoldi. Il était même dans les temps de Nick Heidfeld ! Un 2e essai à Jerez confirma la hiérarchie (alors qu'il ne connaissait aucun des 2 circuits.)

A partir de là, Sauber, à son tour, ne jurait plus qu'en Räikkönen. Qu'importe les menaces de Dieter Mateschitz de lui couper les vivres ! La FIA avait des doutes. Le Finlandais avait 20 ans, 1 saison et demi de monoplace et il n'était même pas passé par la case "F3" comme Jarno Trulli (également arrivé en F1 après 1 saison et demi.) Il eu donc une Superlicence "provisoire".

Il termina son 1er Grand Prix à la 6e place (qui ne valait qu'un seul point.) Il s'offrit ensuite deux 4e places (Canada et Autriche), ainsi qu'une 5e place (Grande-Bretagne.) Mèche blonde, casque en dégradé de bleu, réponses en monosyllabe et pied droit lourd : Mika Hakkinen avait l'impression de se revoir, 10 ans plus tôt ! Le double-champion vint lui donner des conseils... Et Räikkönen lui répondit qu'il n'avait besoin de rien ! Pas rancunier, le Finlandais volant parla de lui à Ron Dennis (qui lorgnait sur Heidfeld.)

Et c'est ainsi qu'un an après son titre en FR UK, Räikkönen terminait sa 1ère saison de F1 avec 9 points au compteur et un contrat chez McLaren !

Et la Formule Renault ? En 2001, Manor la fila à Leighton Walker, qui remporta un podium avec. Apparemment, Walker conserva cette même Tatuus en 2002, avant de décider de raccrocher le casque. Manor la racheta en 2005 et la reconstruisit en version "Kimi Räikkönen".

L'an dernier, la voiture utilisée -brièvement- par Räikkönen en 1999 a été vendue aux enchères à Silverstone (ci-dessous.) Elle est partie pour 18 000£ (23 000€.) Curieusement, le vendeur avait préféré insister sur le fait qu'on pouvait encore l'utiliser en courses de clubs (et non sur son ex-sociétaire.)

Coys aura-t-il plus de chances avec la voiture championne ?

Crédits photos : Coys (photos 1 et 4), Renault Sport UK (photo 2) et Sauber (photo 3)