D'autres temps forts comme des concours agrémentent le week-end, notamment le très prestigieux Le Mans Heritage Club. Cette année, se retrouvaient en lice 24 châssis glorieux ayant tous participé aux 24 Heures du Mans entre 1923 et aujourd'hui. Nous avons décidé de nous intéresser à une participation particulière d’une auto qui évoquait nous bien des souvenirs. En effet, sortie de la réserve du Musée Peugeot, une CD Peugeot du Mans 1966 portant le N° 52 (A. Bertaut-P.Lelong), paradait dans ce concours au point de remporter le premier prix dans sa catégorie d’âge. Le prix est celui de la FIVA (Fédération Internationale des Véhicules Anciens) au titre de la préservation du patrimoine, sous le patronage de l'UNESCO.
Bien des souvenirs donc car il se trouve que nous étions justement en juin 1966 dans le stand de sa sœur, la N° 51 pilotée par Claude Laurent et Jean Claude Ogier, voisinant celui de la troisième CD N° 53 (G.Héligoin-J.Rives).
Un brin d’histoire
Au début de 1966, Charles Deutsch (d'où le CD), peine à trouver la motorisation adéquate pour ses nouveaux coupés issus de la filiation des René Bonnet, à l’aérodynamisme particulièrement travaillé, quand il décroche un soutien officiel de Peugeot. Les CD SP 66 sont dessinées par Robert Choulet de la SERA (Société d'Études et de Réalisations Automobiles), aérodynamicien de génie à qui l'on devra de grandes avancés dans le domaine, et se caractérisent par une très grande fluidité de ligne avec deux ailerons de requin très impressionnants pour assurer une bonne stabilité à haute vitesse.
Le moteur sera celui de la 204, un 4 cylindres de 1 130 cc préparé avec la collaboration du Moteur Moderne et développant une puissance de 110 chevaux. Le but avoué de l’engagement aux 24 heures du Mans, reste bien entendu la victoire au classement de l’indice énergétique.
Malheureusement les trois voitures devront abandonner. Jean Claude Ogier sur la N°51 glisse sur de l’huile et s’accroche avec l’ASA RB 613 du North American et sera évacué avec plusieurs fractures. La N°52 sera victime dès la 6ème heure d’une panne d’embrayage alors que, la N°53 pilotée sous la pluie par G. Héligoinen, voulant laisser le passage à la Matra 620 de Schlesser, part en tête à queue et se voit heurtée et par la Matra et par la Ferrari de Scarfiotti. En 1967, la chance ne sera pas plus au rendez-vous. Les CD rouleront en course à Magny-Cours 1966 (2ème place en catégorie moins de 1150 cc), aux 1000 kilomètres de Paris en 1966 et aux 12 heures de Reims en 1967 (3ème place en catégorie prototypes).
Une actualité
Le Mans Classic édition 2016 était une superbe occasion pour marquer les 50 ans de cette implication de Peugeot en compétition automobile. Le Musée a donc ressorti de ses réserves cette N° 52. Un brin de préparation pour rendre l’auto fonctionnelle et voilà Jean Christophe Boll-Reddat du design Peugeot et Gaëtan Demoulin, Responsable de la Communication du constructeur, chargés de présenter l’auto lors de la parade sur un tour du circuit des 24 heures samedi dernier à 15 heures.
Gaëtan Demoulin habitué des compétitions en circuit se déclarait enchanté de l’expérience précisant par ailleurs :
"Cette auto est intéressante, très légère. On est quasiment assis par terre et avec seulement 1,06m de hauteur, son remarquable aérodynamisme et sa faible masse, on demeure admiratif de ses performances potentielles. Nous n’avons pas atteint les 245 km/h revendiqués pour la course en 1966 mais, en poussant un peu, la voiture se plaçait parfaitement, avec pas mal d’appui et un niveau d’adhérence tout à fait remarquable".
Après ce tour prestigieux au milieu des autres concurrentes du Le Mans Heritage Club, la belle CD affrontait le très sérieux jury de la FIVA. Etaient pris en compte des critères concernant l’authenticité de la voiture, ses résultats, ses performances et son degré d’innovation. Sur ce secteur, la CD moissonna de gros points ce qui lui permit de remporter la palme. Rien d’étonnant d’ailleurs car tout au long du week-end, la CD N°52, telle une star, fut prise en photos par de nombreux visiteurs et suscita beaucoup d’interrogations de la part des membres des clubs nombreux et variés, présents pour cette sorte de pèlerinage de la voiture historique.
Peugeot ne replonge-t-elle pas dans ses racines pour réaffirmer sa volonté de s’impliquer en compétition ? Nous savons combien Carlos Tavares, d'ailleurs en piste également ce week-end, attache d’importance à la compétition et, maintenant que le redressement financier est en bonne voie, nous ne serions pas étonnés qu’un programme d’endurance revienne à l’ordre du jour...