Les origines
Nous sommes en 1830. A l’époque, et comme la majorité des grandes aventures industrielles, tout commence à partir d’un arbre généalogique multi-branches, et d’un arbre en particulier, l’hévéa, dans le cas de Michelin. Nièce du chimiste écossais Charles Macintosh et épouse d’Edouard Daubré, alors industriel aux côtés de son cousin Aristide Barbier, Elizabeth Pugh-Barker est la première à installer l'usage du caoutchouc en Auvergne en confectionnant des balles pour enfant suite aux conseils de son oncle, inventeur de l’imperméabilité des textiles grâce à cette matière première naturelle. Les deux cousins se sont ensuite mis à intégrer de plus en plus d’éléments de cette matière dans leur production de matériel agricole. Grâce à l’invention de la vulcanisation par Charles Goodyear en 1840, procédé qui rend le caoutchouc plus élastique et moins plastique, Aristide imagine des bandages de roues pour voiture légère.
Après la mort des deux fondateurs, l’entreprise Barbier-Daubré connait de grosses difficultés financières. La fille d’Aristide, mariée à Jules Michelin, décide de reprendre le flambeau, en vain. Elle fait alors appel à son fils aîné André, rejoint plus tard par son frère Edouard, pour gérer la nouvelle société Michelin et Cie fondée en 1889. L’aventure Michelin commence…
Un nouveau départ
Avec de nouvelles mains (52 personnes), la société Michelin ne cesse d’innover. En 1891, un cycliste répondant au nom de Charles Terron arrive à l’usine avec un pneu Dunlop crevé. Après de longues heures de réparation qui se soldent par une seconde crevaison, les frères Michelin mettent au point le pneu démontable et l’installent sur le vélo de l’anglais avant son départ pour la course Paris-Brest-Paris. 1200km, 3 jours et 3 nuits plus tard, Terron gagne la course avec son vélo équipé de pneus clermontois.
Les années suivantes, André et Edouard imaginent le pneu gonflé à l’air et veulent le proposer aux constructeurs d’automobiles. Ils construisent sur un châssis Peugeot l’Eclair, muée par un moteur Daimler et équipée de pneus à air. En 1895 elle termine dernière du Paris-Bordeaux-Paris. Pas rapide certes, mais Michelin prouve qu’il est possible de rouler sur l’air. La révolution est en marche.
Les pneumatiques Michelin encerclent désormais les roues d’automobiles et s’associent aux grands défis industriels et/ou sportifs de l'époque en permettant notamment à la Jamais Contente d’être la première voiture (accessoirement électrique) à dépasser la barre des 100km/h en 1899 ou à Ferenc Szisz de remporter le premier grand Prix de France en 1906 grâce à la roue amovible.
Naissance de Bibendum
En 1894, Alors qu’André explique à une assemblée que le pneu est capable d’absorber les obstacles de la route, Edouard découvre une pile de pneus qui, avec un peu d’imagination, forme une silhouette humaine. Un peu plus tard, André rencontre le dessinateur O’Galop qui dispose dans ses cartons d’un dessin où s’affiche un bonhomme ventru brandissant une coupe et s’exclamant Nunc est bibendum, c’est maintenant qu’il faut boire. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, André décide que ce personnage s’habillera de pneus, disposera d’une coupe remplie de débris pointus et sera l’emblème de la marque : Nunc est bibendum, c’est-à-dire le pneu Michelin boit l’obstacle.
En 1898, André Michelin se fait appeler par le nom de Bibendum lors du Salon de l’Automobile. Une icône est née.
Presque aussi vieux que l’automobile (113 ans cette année), le gros bonhomme blanc est sans doute le seul à rajeunir avec le temps, notamment avec la technologie 3D. Véritable outil de communication, Bibendum a été élu meilleur logo de tous les temps en 2000, rien que ça.
Usez vos pneus qu’il disait
Avec l’apparition de l’automobile et de son développement, la notion de tourisme de masse apparait (à remettre dans le contexte du début du 21ème siècle). Conscients des difficultés à se déplacer sur le territoire, les frères Michelin inventent une série d’outils d’aide à la mobilité, le tout motivé par une logique imparable : "plus les gens voyagent, plus ils usent leurs pneus !"
Ainsi sort en 1900 le premier Guide Michelin, le Guide Rouge, qui indique où trouver de l’essence, un garagiste, un restaurant ou un hôtel dans un ouvrage offert. Le succès ne se fait pas attendre. Seulement l’histoire raconte qu’un des frères Michelin avait découvert une pile de Guide Rouge servant de cale dans un entrepôt. Vexé, il décidera alors de le vendre pour que les lecteurs lui accordent l’importance qu’il mérite.
Michelin se donne les moyens de ses ambitions. En 1913, le président de la République Armand Fallières et 199 000 autres personnes signent la pétition d’André pour généraliser la numérotation des routes et ainsi des bornes de direction. En 1925, Michelin met à disposition des usagers de la route le bureau d’itinéraires où une centaine d’employés répondent par courrier (avec un délai d’une semaine !) aux voyageurs qui ne savaient pas quel chemin emprunter pour se rendre sur un lieu voulu. Un GPS avant l'heure...
Après près de cent ans d’évolutions dans le domaine de la mobilité et de la cartographie, le Guide Rouge a laissé sa place au Guide Vert et les voyageurs peuvent planifier leur itinéraire eux-mêmes et rapidement grâce au site viamichelin.fr, inauguré en 2001.
L'histoire Michelin illustrée (crédit photos Michelin) :
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