Des véhicules fabriqués en partie par des enfants
"Vous devez savoir que ces voitures sont fabriquées, au moins en partie, par des travailleurs qui sont des enfants et qui devraient aller à l'école, plutôt que de risquer leur vie et leur intégrité physique parce que leurs familles ont désespérément besoin de revenus", a déclaré David Michaels. Les travailleurs mineurs travaillaient récemment dans une usine d'emboutissage de métaux exploitée par Smart Alabama LLC, a précisé quant à elle la police.
Reuters a appris l'existence de travailleurs mineurs chez le fournisseur appartenant à Hyundai en février dernier, suite à la brève disparition d'un enfant migrant guatémaltèque du domicile de sa famille en Alabama.
Une fille, qui aura 14 ans ce mois-ci, et ses deux frères, âgés de 12 et 15 ans, travaillaient à l'usine au début de cette année. Tous trois n'ont pas été scolarisés, selon des sources proches du dossier. Son père a confirmé les déclarations de ces personnes dans un entretien accordé à Reuters.
Smart, une filiale de Hyundai qui fournit des pièces à l’usine US du constructeur sud-coréen
Hyundai détient une participation majoritaire dans Smart selon les registres d'entreprise. Cette filiale fournit des pièces pour équiper les voitures et les SUV produits à Montgomery, sa principale usine d'assemblage aux États-Unis.
L'usine SMART fabrique ainsi des pièces pour les modèles Elantra, Sonata et Santa Fe, des véhicules qui, jusqu'en juin, représentaient près de 37 % des ventes de Hyundai aux États-Unis, selon le constructeur automobile.
Hyundai affirme ne tolérer aucune pratique d'emploi illégales
Dans un communiqué , Hyundai a déclaré qu'il ne tolérait les pratiques d'emploi illégales dans aucune entité Hyundai. « Nous avons des politiques et des procédures qui exigent le respect de toutes les lois locales, étatiques et fédérales » a précisé la société … qui n'a toutefois pas répondu aux demandes de précisions de Reuters sur les incidents.
Smart nie toute allégation
Smart a déclaré dans un communiqué séparé qu'il se conformait aux lois fédérales, étatiques et locales et qu’il niait « toute allégation selon laquelle il emploierait sciemment des personnes inaptes à l'emploi. » La société a déclaré qu'elle coopérait pour combler les postes vacants dans les agences de travail temporaire. Il s'attend à ce que "ces agences respectent la loi dans le recrutement, l'embauche et le placement des travailleurs dans ses locaux".
Une « cohorte » de travailleurs mineurs
Les enfants qui sont maintenant inscrits pour le prochain trimestre scolaire, faisaient partie d'une « cohorte » de travailleurs mineurs qui ont trouvé un emploi chez le fournisseur appartenant à Hyundai au cours des dernières années, selon des entretiens avec une douzaine d'anciens et actuels employés de l'usine et les recruteurs.
Plusieurs de ces mineurs, ont-ils dit, ont renoncé à l'école pour travailler de longues heures à l'usine, une installation tentaculaire avec un historique documenté de violations de la santé et de la sécurité, y compris des risques d'amputation.
Reuters n'a pas été en mesure de déterminer le nombre précis d'enfants qui auraient pu travailler à l'usine SMART, le salaire des mineurs ou d'autres informations sur les conditions de leur emploi.
La sécurité des fournisseurs américains de Hyundai : un problème récurrent
David Michaels a déclaré que la sécurité des fournisseurs américains de Hyundai était une préoccupation récurrente à l'OSHA au cours de ses huit années à la tête de l'agence jusqu'à son départ en 2017. Michaels s'est rendu en Corée en 2015 et a déclaré avoir averti les dirigeants de Hyundai que sa forte demande de pièces " just-in-time /juste à temps" entraînait des manquements à la sécurité.
L'usine a reçu des sanctions répétées de l'OSHA pour des violations de la santé et de la sécurité, selon les archives fédérales.
Des difficultés pour recruter
L'usine, dont le site Web indique qu'elle a la capacité de fournir des pièces pour jusqu'à 400 000 véhicules chaque année, a également eu des difficultés à trouver de la main-d'œuvre pour répondre à la demande de Hyundai.
Fin 2020, SMART a écrit une lettre aux responsables consulaires américains au Mexique demandant un visa pour un travailleur mexicain. La lettre, rédigée par le directeur général de SMART, Gary Sport indiquait que l'usine manquait "gravement de main-d'œuvre" et que Hyundai "ne tolérera pas de telles lacunes".
Notre avis, par leblogauto.com
La révélation du travail d’enfants dans la chaîne d'approvisionnement américaine de Hyundai pourrait déclencher une réaction négative des consommateurs soucieux de la réglementation. Un scandale qui pourrait salir la réputation de l'un des constructeurs automobiles les plus puissants et les plus rentables au monde. Dans une "politique des droits de l'homme" publiée en ligne, Hyundai déclare interdire le travail des enfants dans l'ensemble de son effectif, y compris les fournisseurs.
La société a récemment déclaré qu'elle allait se développer aux États-Unis, prévoyant plus de 5 milliards de dollars d'investissements, notamment une nouvelle usine de véhicules électriques près de Savannah, en Géorgie.
Dans une période de pénurie de main-d'œuvre aux États-Unis et de perturbations de la chaîne d'approvisionnement, des experts du travail laissent entendre qu'il existe des risques accrus que des enfants, en particulier des migrants sans papiers, se retrouvent dans des lieux de travail dangereux et illégaux pour les mineurs.
Sources : Reuters, Handelsblatt