Le fort prix du baril de pétrole (107 dollars US à date), sans qu'il ne soit trop fort non plus, permet aux géants pétroliers d'afficher des résultats record. Le Français TotalEnergies n'est pas en reste puisque le groupe vient d'annoncer un bénéfice net, part du groupe, pour le second trimestre 2022 de 5,7 milliards de dollars. En 2021, ce T2 n'était ressorti qu'à "seulement", 2,21 milliards de dollars !
Le résultat net ajusté fait même mieux puisqu'il ressort à près de 10 milliards de dollars contre à peine 3,46 milliards un an auparavant. Ce résultat retraite certains éléments financiers comme les participations, les stocks de pétrole, etc. La division "exploration-production", a dégagé un résultat opérationnel ajusté de 4,72 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, contre 2,21 milliards de dollars un an plus tôt.
Diversification amorcée depuis les années De Margerie
Pour TotalEnergies il n'y a pas que le pétrole. Ainsi la partie "Integrated Gas, Renewables & Power" (gaz liquéfié, électricité, EnR) affiche un solide résultat opérationnel ajusté de 2,51 milliards de dollars contre à peine 891 millions au T2 2021. TotalEnergies dispose de centrales solaires, éoliennes, éoliennes offshore, etc. un peu partout sur le globe, dont une grande partie aux USA ou en Asie. Pour la partie dite aval, le groupe devrait produire de l'hydrogène dit vert en Inde via une participation de 25% dans Adani New Industries Limited (ANIL). Il y a également des programmes de carburant aérien renouvelable au Japon, de plastiques recyclés aux USA, etc.
Tout cela se fait à production d'hydrocarbures plus ou moins constante : 2,74 millions de barils équivalent pétrole (BEP) par jour au deuxième trimestre. La production est même en légère baisse (4% environ) du fait de maintenances programmées. Grace à ce très bon deuxième trimestre 2022, le résultat net, part du groupe, du 1er semestre ont pratiquement doublés : 10,6 milliards de dollars soit +92%.
En France, TotalEnergies a été mis "sous pression" par le Gouvernement pour continuer, et même accentuer son geste à la pompe pour les Français. De septembre à novembre prochain, il y aura un nouveau rabais de 20 centimes par litre de carburant. Ce rabais sera ramené à 10 centimes de novembre à fin 2022. Le groupe avait débuté par une aide de 10 centimes sur certaines de ses stations. Puis ce coup de pouce a été augmenté à 12 centimes, toujours en complément des 18 centimes d'aide de l'Etat.
Un geste à plus de 500 millions d'euros
Certains groupes à l'assemblée veulent taxer ce qu'ils appellent les "super-profits" des pétroliers, mais aussi des transporteurs maritimes comme CMA CGM. TotalEnergies tente donc d'apaiser la grogne et la pression politique en faisant ces gestes qui au final pèseront peu dans ses comptes. La distribution de carburants routiers, situé en France, représente une goutte d'eau dans l'océan des bénéfices du pétrolier. La majeure partie des bénéfices se fait à l'étranger, sur la production, le raffinage (la pétrochimie), mais aussi le gaz.
Dans beaucoup de station, notamment l'autoroute, le pétrolier explique faire une plus grande marge en vendant un croissant qu'en vendant un litre de carburant. En France, TotalEnergies vend chaque année environ 10 milliards de litres de carburant (un peu plus de 20% des 48,2 milliards de litres vendus annuellement selon l'UFIP (*)). Si on suppose que TotalEnergies maintenait sa ristourne de 20 centimes toute l'année, cela ferait une perte de 2 milliards. Ici, la baisse de 20 centimes est programmée sur 2 mois, puis 2 autres mois à 10 centimes. Cela donne une perte estimée à 500 millions d'euros. Mais, elle devrait être en partie compensée par l'effet d'aubaine. Le prix étant rabaissé, plus de clients devraient aller chez TotalEnergies. En gros, les profits générés à l'étranger permettent de compenser cette ristourne.
(*) Union Française des Industries Pétrolières