Stellantis passe désormais à de nouvelles méthodes RH (Ressources Humaines) : souhaitant recruter la majorité de ses ingénieurs dans des pays comme le Maroc, l'Inde et le Brésil. Une stratégie menée alors que les constructeurs automobiles font face à une concurrence axée sur la guerre des prix et à une demande en baisse.
Selon des sources proches du dossier, Stellantis embauche des ingénieurs là où le coût par salarié s'élève à environ 50 000 euros (53 000 dollars) ou moins par an.
Le coût de la main-d'œuvre dans des centres de production comme Paris et Détroit peut être jusqu'à cinq fois plus élevé est-il indiqué.
Les rémunérations annuelles des ingénieurs aux États-Unis ou en France tendent à se situer entre 150 000 et 200 000 dollars, avantages sociaux inclus, ont déclaré plusieurs personnes. Ajoutant que celles des ingénieurs de pays comme le Mexique, le Brésil ou l'Inde peuvent être inférieurs de 20 % ou 30 % à ces montants.
Les constructeurs automobiles occidentaux sont soumis à l’heure actuelle à une double pression, confrontés à une demande en baisse pour les véhicules électriques alors qu'ils tentent de concevoir et produire des véhicules à des prix plus abordables.
Stellantis est actuellement parmi les constructeurs les plus enclins à utiliser cette stratégie de recrutement et vise désormais à avoir environ deux tiers de ses ingénieurs dans des pays à moindre coût à long terme, ont déclaré les sources.
Des constructeurs, tels que Tesla et le groupe Volkswagen, suppriment des emplois et délocalisent une partie de leur production vers des sites moins onéreux.
Alors que la pression est la plus forte chez les marques grand public, les constructeurs automobiles haut de gamme comme BMW recrutent également des emplois de cols blancs en Inde et ailleurs pour - nous dit-on – « exploiter les talents locaux ». Il s’agit avant tout de réduire les charges salariales ….
Une des raisons qui motivent la politique de réductions des coûts de Stellantis s’avère être le lancement de la Citroën e-C3 électrique à 23 300 euros, dont les premières livraisons devraient débuter au cours du deuxième trimestre 2024.
Or, produire des véhicules à des prix abordables signifie que l'entreprise doit rechercher davantage d'économies. Le DG du groupe automobile, Carlos Tavares a ainsi lancé un sévère avertissement en janvier dernier sur le "mépris de la réalité de la situation de coûts".
"Si vous baissez vos prix sans égard pour la réalité de vos coûts (..) alors vous aurez un bain de sang", a lancé tout de go Carlos Tavares au cours d'une téléconférence de presse sur le lancement par Stellantis d'une nouvelle architecture électrique. Ajoutant : « j'essaie d'éviter une course vers le bas."
Après la présentation des revenus du premier trimestre de cette semaine, les actions de Stellantis ont chuté de 10,5 %, leur plus forte baisse en quatre ans, après que la directrice financière Natalie Knight a déclaré que les rendements en Europe souffraient d'une demande en baisse.
"Il y a toujours plus de potentiel en matière de discipline des coûts", a déclaré Knight. "Nous allons continuer à optimiser nos coûts de main-d'œuvre - c'est quelque chose qui a été important à la fois du côté des cols blancs et, dans une moindre mesure, du côté des cols bleus » a-t-elle ajouté.
En plus de rechercher des économies, Stellantis cherche à ajouter des compétences dans des domaines tels que les logiciels, l'intelligence artificielle et la chimie des cellules de batterie, a déclaré un porte-parole.
À son siège social américain à Auburn Hills, Michigan, Stellantis a récemment supprimé environ 400 emplois d'ingénieurs salariés, dont des personnes travaillant sur le calibrage des véhicules et l'électronique ainsi que les commandes de contrôle.
En parallèle, le groupe automobile cherche à recruter des ingénieurs électroniciens pour travailler au Mexique.
Stellantis prévoit également d'embaucher environ 500 ingénieurs pour s'ajouter aux près de 4 000 qu'il compte déjà au Brésil, a déclaré Emanuele Cappellano, directeur des opérations pour l'Amérique du Sud, lors d'une interview. Les ingénieurs, dont beaucoup sont basés à Betim, se concentrent sur des projets mondiaux, a-t-il précisé.
Une politique de recrutement qui pourrait être à l’origine d’une nouvelle controverse … alors que Carlos Tavares vient de se voir attribuer un paquet de rémunération de 36,5 millions d'euros - le plus élevé parmi les patrons des constructeurs traditionnels - tout en exhortant le personnel de Stellantis à la sobriété dans le cadre de plans visant à éliminer des milliers d'emplois supplémentaires.
Une stratégie qui alimente par ailleurs les tensions politiques. Stellantis est sous pression croissante en Italie, où le gouvernement s'oppose aux plans visant à éliminer des milliers d'emplois. En parallèle, ses salariés en Italie et en France se sont plaints que les mesures d'économies de Tavares ont entraîné une augmentation de la charge de travail, des conditions insalubres dans certaines usines, des manques d'équipement de travail ainsi qu’un chauffage insuffisant.
Sources : Bloomberg, Reuters
Stellantis passe désormais à de nouvelles méthodes RH (Ressources Humaines) : souhaitant recruter la majorité de ses ingénieurs dans des pays comme le Maroc, l'Inde et le Brésil. Une stratégie menée alors que les constructeurs automobiles font face à une concurrence axée sur la guerre des prix et à une demande en baisse.
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