Les droits de douane : un piège majeur selon Tavares
Alors que les responsables américains ont annoncé mercredi qu'ils prévoient d'imposer des droits de douane allant jusqu'à 100 % sur les véhicules électriques et les matériaux pour véhicules électriques fabriqués en Chine d'ici le 1er août, Carlos Tavares a déclaré pour sa part que les droits de douane sur les véhicules chinois importés en Europe et aux États-Unis constituaient "un piège majeur pour les pays qui suivent cette voie" et ne permettront pas aux constructeurs automobiles occidentaux d'éviter une restructuration pour relever le défi des fabricants chinois, dont les coûts sont moindres.
Conséquences sociales à prévoir
"Lorsque vous luttez contre la concurrence en vue d’absorber 30 % de l'avantage en termes de compétitivité des coûts en faveur des Chinois, il y a des conséquences sociales. Mais les gouvernements, les gouvernements d'Europe, ne veulent pas faire face à cette réalité en ce moment," a déclaré Tavares.
Laissant ainsi sous-entendre que la bataille pourrait avoir d’importantes incidences en terme d'emploi au niveau du groupe automobile qu’il dirige. Mais que, selon lui, les Etats européens jouaient à l’autruche … Chantage à peine voilé pour obtenir des aides européennes ?
Tavares a toutefois indiqué que Stellantis était engagé dans des "discussions très fructueuses" avec les syndicats de ses opérations européennes : "La plupart du temps, ils sont d'accord avec nous sur les risques que nous affrontons et sur la manière de traverser cette période."
Des droits de douane générateurs d’inflation
Tavares a par ailleurs ajouté que les droits de douane ne feraient qu'alimenter l'inflation dans les régions où ils sont imposés, impactant potentiellement les ventes et la production.
"Nous ne parlons pas d'une période darwinienne, nous y sommes," a déclaré Tavares lors de la conférence Reuters Events Automotive Europe à Munich, tout en ajoutant que la bataille des prix avec les rivaux asiatiques serait "très dure".
Risque de surcapacité
Les constructeurs automobiles chinois sont déjà en voie de vendre 1,5 million de véhicules en Europe, ce qui équivaut à une part de marché de 10 % et jusqu'à 10 usines d'assemblage en termes de production, a ajouté Tavares.
"Si nous laissons la part des OEM chinois croître ... alors il est évident que vous allez créer une surcapacité, à moins de lutter contre cette concurrence," a-t-il également estimé, reprenant le terme utilisé par Janet Yellen dans de récents propos.
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a en effet déclaré mardi que l'offre surabondante émanant de l'industrie chinoise constituait une "menace pour le développement d'énergies propres" dans le monde. Un sujet hautement stratégique qui sera discuté en priorité lors du G7 Finances qui se tient cette semaine.
Stellantis veut tenter de devenir chinois
Tavares s’est également exprimé sur l’annonce faite par Stellantis la semaine dernière précisant que le groupe automobile commencerait à vendre des véhicules électriques de son partenaire chinois Leapmotor en dehors de la Chine cette année, en commençant par l'Europe en septembre prochain.
"Nous allons essayer de devenir nous-mêmes chinois, ce qui signifie qu'au lieu d'être purement défensifs face à l'offensive chinoise, nous voulons faire partie de l'offensive chinoise," a affirmé le dirigeant.
Pour rappel, la coentreprise Stellantis-Leapmotor est la première de ce type établie entre un constructeur occidental et un constructeur chinois, conçue pour vendre et produire des véhicules électriques d'un fabricant chinois en dehors de la Chine.
Sources : Reuters