Les fournisseurs vent debout contre Stellantis
Stellantis a fait face ces dernières semaines à des fermetures d'usines et à des retards dans les livraisons de véhicules en raison du refus des fournisseurs d'expédier des pièces en signe de protestation contre les coûts. D'autres fermetures pourraient être imminentes.
Stellantis refuse une hausse des coûts en réponse à l’inflation
Le groupe automobile qui commercialise aux Etats-Unis des marques telles que Jeep, Chrysler, Dodge et Ram adopte une position ferme envers les fournisseurs de pièces qui demandent une augmentation des coûts liée à l'inflation.
La société a mis en place une politique de "stop aux réclamations" (“no more claims” ) plus tôt cette année. Provoquant la riposte de certains fournisseurs.
Arrêt des expéditions et de certaines activités
Au moins deux grands fournisseurs de premier rang ont cessé d'expédier des pièces à Stellantis au cours des dernières semaines en raison de différends sur les prix, selon des informations issues des poursuites devant le tribunal du comté d'Oakland, déposées par FCA - constructeur qui a désormais fusionné avec PSA en vue de former Stellantis - dont le siège nord-américain est à Auburn Hills.
Dans le cadre d’un des dossiers, un juge a ordonné à un fournisseur de fixations de reprendre les expéditions fin février alors que son refus de livrer avait entraîné la fermeture du complexe d'assemblage de Toledo, où sont fabriqués les Jeep Gladiator, Wrangler et Wrangler 4xe. Dans une affaire distincte, un juge différent a rejeté le 11 avril dernier la demande du constructeur automobile visant à contraindre un fabricant d'engrenages et de pignons à poursuivre les expéditions.
Couper l'approvisionnement en ces pièces pourrait, dès lundi, entraîner la fermeture des usines Stellantis à Kokomo qui fabriquent des transmissions pour les Ram 1500, Wrangler, Grand Cherokee, Charger, Durango, Pacifica et une douzaine d'autres plateformes, selon les éléments contenus dans le texte de la poursuite devant les tribunaux . Ces usines avaient déjà été fermées fin mars en raison du différend, ce qui a entraîné des pertes de plusieurs millions de dollars.
Un impact financier catastrophique selon les avocats de Stellantis
"Si la situation n'est pas rapidement résolue, l'impact financier sur FCA sera catastrophique et entraînera des dommages de l'ordre de dizaines, voire de centaines, de millions de dollars en raison des fermetures, en plus des pertes incalculables résultant de l'exclusion des démarches d'approvisionnement futurs avec ses fournisseurs et de la perte de divers employés en raison de licenciements forcés", ont déclaré les avocats du constructeur automobile dans une motion d'ordonnance de restriction temporaire qui a été rejetée.
Les avocats du côté des fournisseurs qualifient les poursuites d'"urgence" factice née du refus du constructeur automobile d'accorder un « soulagement » des coûts depuis des mois.
Stellantis affirme de son côté que les fournisseurs ne peuvent pas mettre fin à des contrats de longue date, quelle que soit le caractère défavorable des conditions économiques ces dernières années.
"Nous sommes extrêmement déçus de devoir recourir au système judiciaire en dernier recours pour résoudre certains de ces problèmes de fournisseurs qui ont entraîné la fermeture de nos usines, l'immobilisation de nos effectifs et de ceux d'autres fournisseurs, et le retard des livraisons de véhicules à nos clients", a déclaré un porte-parole de Stellantis dans un e-mail au journal Crain's. Ajoutant : « nous continuerons à prendre les mesures nécessaires pour protéger notre entreprise, nos employés, nos fournisseurs, nos concessionnaires, nos communautés et nos clients."
Selon le journal de Detroit, ces litiges mettent en lumière la fragilité de l'interconnexion de la chaîne d'approvisionnement automobile et offrent un aperçu rare de la relation tendue entre Stellantis et ses fournisseurs.
Cette relation est devenue de plus en plus tendue depuis la fusion entre Fiat Chrysler Automobiles et Peugeot S.A. annoncée en 2020 et finalisée l'année suivante, ont déclaré quant à eux des dirigeants de fournisseurs et des experts de l'industrie à Crain's.
Notre avis, par leblogauto.com
Comme un petit air de chantage à l’emploi du côté de Stellantis. Ses avocats invoquant le fait que l’arrêt des expéditions pourraient avoir des conséquences catastrophiques sur les finances du constructeur …. Et donc sur l’emploi. Le tout en pleine période de campagne présidentielle aux Etats-Unis.
Sources : Reuters, Automotive News, Crain’s Detroit Business