Il faut dire que le groupe Stellantis affiche une santé financière insolente avec 18 milliards d'euros de bénéfices pour l'exercice 2023. Et comme la rémunération des dirigeants de ce genre de groupe a un grand volet variable qui dépend des performances de la société, il est "normal" d'atteindre ce genre de chiffres. Néanmoins, elle fait, comme à chaque fois, grincer des dents les syndicats.
Il est vrai qu'en valeur absolue, 36,5 millions d'euros représente plus un très gros gain du Loto qu'un salaire. Dans le détail, Carlos Tavares touchera une prime de 10 millions d'euros pour la transformation du groupe Stellantis. Mais comme souvent, il y a des rémunérations à long terme. C'est le cas de pensions de retraite que Tavares ne touchera que sur les objectifs 2025 sont atteints et qu'il est toujours en place (on ne sait jamais).
Ce qui fait que la partie sûre de la rémunération n'est "que" de 23,5 millions d'euros, en grande partie en action Stellantis. C'est une façon qu'ont les groupes cotés en bourse (ou non) de rémunérer la performance des dirigeants. Avec les bénéfices, les groupes rachètent des actions sur le marché, récompensant les actionnaires au passage, puis redistribuent ces actions en guise de bonus, aux dirigeants comme aux salariés selon les plans de performance.
Ces patrons qui touchent le jackpot chaque année
Avec un cours de bourse qui a doublé depuis la création du groupe Stellantis, ce sont des avantages très juteux. Au final, est-ce que sa rémunération est scandaleuse ? Chacun jugera. Ce n'est pas le patron le mieux payé du CAC 40 et il dirige le 4e groupe automobile mondial, avec un bilan financier à faire pâlir bien des sociétés internationales. Il n'est finalement pas loin de Bernard Charlès, le Président de Dassault Systèmes qui touche plus de 40 millions d'euros "à long terme".
Pour comparer, Jim Farley, patron de Ford, a touché plus de 22 millions de dollars en 2022, et sa rémunération continuer de grimper. Chez General Motors, Mary Barra émarge aussi au-dessus des 20 millions de dollars. Volkswagen de son côté a décidé de plafonner à 10 millions d'euros la rémunération de son patron depuis 2017.
Mais ces dirigeants automobile ne sont rien à côté de Chung Mong-koo, l'ancien patron de Hyundai-Kia qui aurait touché (conditionnel car l'homme ne s'étend pas trop sur le sujet) largement plus pendant des années. Mais il faut dire que le chaebol fait bien plus que des voitures. Chung Mong-Koo a une fortune personnelle estimée à plus de 4 milliards de dollars US.
Evidemment, cette annonce des émoluments totaux de Carlos Tavares pour l'année 2023 ne va pas sans faire grincer des dents. 100 000 € par jour (s'il touche intégralement les 36,5 millions d'euros) fait évidemment bondir quand on compare avec les salaires de base des ouvriers (environ 1400 € par mois).
Dans le même temps, les salariés français de Stellantis vont toucher de 4 100 à 6 000 €. Un total de 1,9 milliard d'euros va être redistribué aux 242 000 salariés du groupe dans le monde. Si Tavares renonçait à 26,5 millions d'euros, cela représenterait 109,5 € par salarié qui pourraient être redistribués.