La stratégie actuelle du secteur du nickel de Nouvelle-Calédonie pose question
Un audit de l'Inspection générale des finances (IGF) et du Conseil général de l'économie (CGE), rendu public le 1er août dernier s’interroge sur la stratégie concernant le nickel. Malgré l’importance de cet élément clé dans la fabrication de batteries pour véhicules électriques, la politique menée à l’heure actuelle ne permet pas aux entreprises qui l’exploitent d’atteindre la rentabilité.
Alors que le nickel est l'un des métaux stratégiques les plus demandés sur les marchés mondiaux, les trois sociétés qui assurent sa production en Nouvelle-Calédonie (la Société le Nickel / SLN, Koniambo Nickel SAS et Prony) subissent des pertes depuis douze ans, si l’on en croit le rapport de début août.
Pour mémoire, en moyenne, une batterie électrique contient 50 kilos de nickel, 45 kilos de lithium et 7 kilos de cobalt.
Plusieurs réunions de travail à Bercy
"Plusieurs réunions de travail au niveau technique avec les différentes parties prenantes sur le sujet du nickel" vont se tenir "à Bercy cette semaine" et ce dès lundi, a indiqué le ministère.
Objectif affiché : « essayer de mettre en oeuvre les orientations données" par Emmanuel Macron lors de son déplacement à Nouméa fin juillet.
Pour rappel, lors de sa visite, le chef de l’État avait promis un "projet nickel d'avenir" afin de permettre aux usines qui exploitent ce minerai d’atteindre la rentabilité. Et ce, notamment via un financement de l'Etat permettant une "refonte de la filière énergétique" afin de fournir une électricité "compétitive" et "décarbonée".
Augmenter la production et réduire les coûts
Selon le rapport, pour devenir rentables, les 3 sociétés du secteur présentes en Nouvelle- Calédonie - la Société le Nickel / SLN, Koniambo Nickel SAS et Prony - doivent pouvoir augmenter la production de leurs usines en vue d’atteindre leur capacité nominale tout en réduisant parallèlement leurs coûts. Lesquels s’avèrent élevés comparés à ceux de la concurrence internationale. Le rapport préconise par ailleurs la conversion d’activité de deux usines de production de ferronickels - essentiellement utilisés dans les alliages inoxydables - pour les orienter vers la production de nickel utilisable dans les batteries.
Une coûteuse énergie
Autre point majeur d’amélioration : la consommation énergétique du secteur. A l'heure actuelle, l'énergie utilisée par les industriels calédoniens est particulièrement carbonée et représente un coût largement supérieur aux unités de production de leurs concurrents d’Indonésie.
Les investissements nécessaires sont chiffrés à 4,15 milliards d'euros pour la conversion des deux centrales à charbon existantes en centrales à gaz, un développement de l'énergie photovoltaïque, des stockages via des batteries et des stations de transfert d'énergie par pompage.
Lors de sa visite à Nouméa, fin juillet, Emmmanuel Macron a reconnu que cette stratégie imposait des solutions coûteuses qui ne pourront être prises en charge que par l'État.
Element contradictoire : le nickel est censé permettre de créer une société durable et moins polluante. Or, son extraction, sa transformation et la fabrication de batteries dédiées aux véhicules électriques sont très énergivores.
Des besoins importants
En 2020, selon les estimations de l’US Geological Survey, les réserves mondiales de nickel étaient de 94 millions de tonnes. À l’heure actuelle, le marché du nickel représente 2,5 millions de tonnes. En 2050, il devrait atteindre 10 millions de tonnes.
Toujours en 2020, la production de batteries de véhicules électriques consommait 200 000 tonnes de nickel. . Selon Transport & Environnement, en 2023, les ressources de nickel à notre disposition permettraient de produire 14 millions de véhicules électriques.
Notre avis, par leblogauto.com
La Nouvelle-Calédonie doit faire face à la concurrence venue d’Indonésie. En juillet dernier, les autorités indonésiennes et celles de l’État d’Australie-Occidentale ont signé un accord en vue d’exploiter ensemble deux minerais essentiels à la fabrication des batteries des véhicules électriques : le nickel et le lithium. Selon la presse locale, ce partenariat devrait dynamiser les relations économiques, jusque-là frileuses, entre ces deux voisins.
L’Indonésie n’a pas de lithium, mais elle a du nickel. De ce fait, l’accord qui a été signé le mardi 4 juillet 2023 entre le gouvernement de l’État d’Australie-Occidentale et la Chambre de commerce et d’industrie indonésienne (Kandin) sur le développement et le traitement de ces deux minerais critiques est hautement stratégique.
Forte de ses abondantes ressources en nickel, à savoir 22 % des réserves planétaires et 37 % de la production mondiale, ainsi que d’une importante main-d’œuvre bon marché, l’Indonésie ambitionne de devenir un centre régional de production de batteries et de voitures électriques.
Le secteur du nickel néo-calédonien se doit de réagir pour rester tout à la fois compétitif et rentable.
Reste que l’immense besoin en énergie du secteur fait débat : l’Indonésie abrite un parc industriel comprenant pas moins de 24 fonderies surmontées d’une demi-douzaine de grues. Situé à Morowali, il est destiné à l’industrie du nickel et de ses dérivés. Or, la fonte brute de nickel est extrêmement énergivore : le pays est un gros consommateur d’énergies fossiles (le charbon représente 60 % du mix énergétique).
Vous avez dit respectueux de l’environnement les véhicules électriques ?
Sources : AFP