Des investissements allant à contre sens des objectifs climatiques
Après analyse des sommes investies par les entreprises financières actionnaires de 15 grandes entreprises privées du secteur des hydrocarbures comme le britannique BP, l'américain ExxonMobil ou le français TotalEnergies, Carbon Tracker estime qu’aucune des majors pétrolières n'est réellement en phase avec un objectif de limiter le réchauffement mondial à 1,5°C par rapport à la période préindustrielle. L’ONG prenant comme référence l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris de 2015.
Des fonds d’investissements US et français très avides de pétrole
Un certain nombre de groupes financiers américains se distinguent ainsi par leurs importants investissements dans les entreprises pétrolières et gazières, tel le géant BlackRock (avec une valeur des actifs dans le pétrole et gaz de 116 milliards en 2022). Mais la France n’est pas en reste …
D'autres, tel que le français Amundi sont également pointés du doigt, avec 12 milliards d’investissements et la gestion de 1.934 milliards d'euros liés au secteur au 31 mars 2023. Ses arguments : selon lui, son rôle d'investisseur est "aussi d'accompagner la transition de l'économie (...) vers un modèle plus durable, décarboné et inclusif", ce qui implique "d'accélérer la transition du secteur énergétique" en les poussant vers une "stratégie climat ambitieuse".
Des fonds officiellement engagés sur les aspects climatiques
Reste, toujours selon l’étude, que bon nombre de ces investisseurs se sont pourtant officiellement engagés sur le front climatique, notamment via leur adhésion à la "Net Zero Asset Managers Initiative" (NZAM).
Laquelle s’est fixée pour objectif de "soutenir l'objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici 2050 ou avant, en ligne avec les efforts pour limiter le réchauffement à 1,5°C". Parmi ces « adhérents » aux « doubles facettes » figurent BlackRock, JPMorgan, UBS, Amundi, BNP Paribas ainsi que la banque Lazard.
Des investissements dans le secteur des hydrocarbures même en hausse
Selon Carbon tracker, les 25 groupes financiers membres de la NZAM les plus exposés au secteur des hydrocarbures totalisent près de 417 milliards de dollars d'investissements dans le secteur pétrolier et gazier. L’ONG note même que nombre d'entre eux ont augmenté leur exposition au secteur fossile entre 2021 et 2022, secteur dont les bénéfices ont été dopés par la guerre en Ukraine.
Une « hypocrisie » néanmoins risquée
Mais cette « hypocrisie » pourrait néanmoins s’avérer quelque peu risquée … et un retour de bâton n’est pas à écarter prévient Maeve O'Connor, auteur du rapport.
Les gestionnaires membres de l'initiative NZAM "signalent au marché qu'ils vont investir en phase avec l'objectif de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5°C", fait-elle remarquer. Mais, poursuit-elle, « s'ils investissent dans des entreprises du secteur pétrolier et gazier qui ne sont pas alignées avec cet objectif, ils risquent leur réputation auprès des propriétaires d'actifs qui se soucient de la question climatique". "D'autres investisseurs peuvent aussi s'inquiéter de leur exposition aux risques liés à la transition énergétique", ajoute-t-elle, certains actifs fossiles risquant selon elle de perdre leur valeur avec l'essor d'autres formes d'énergies plus propres.
Sources : AFP, Carbon Tracker