Soyons clairs : nous n'avons pas réuni toutes les autos pendant trois jours sur un circuit loué pour l'occasion, ni passé l'ensemble au crible de tests scientifiques. C'est donc avec une certaine dose de subjectivité que chacun a apporté son avis, en essayant d'être cependant le plus honnête possible. Les explications données reprennent les commentaires des uns et de autres, et ne reflètent pas forcément l'opinion du seul auteur de ce post. Ces quelques mots d'avertissement étant prononcés, allons-y :
1. Peugeot 308
La nouvelle 308 a fait à peu près l’unanimité. Elegante, aboutie, dynamique, qualitative, on sent que les équipes de Peugeot ont tout donné pour cette auto vitale pour le constructeur. Plusieurs des rédacteurs se retrouvent sur le qualificatif “germanique”. C’est un adjectif chargé de bagage, qui évoque à la fois la “Deutsche Qualität”, concept important pour la perception des productions d’Outre-Rhin dans la psyché hexagonale, et son corollaire, une image de classicisme sans fantaisie, tendant vers le rigorisme. Le terme, dans toutes ses acceptions, ne devrait pas forcément déplaire sur les terres de Peugeot, à quelques dizaines de kilomètres du voisin allemand. Aux cousins de Citroën l'audace anticonformiste parfois géniale, parfois horripilante, et à Peugeot les voitures sérieuses, élégantes mais un tantinet conservatrices, et les vaches seront bien gardées. Avec la nouvelle génération des modèles en 8 les Sochaliens reviennent à cette identité marquée et devraient bien s’en porter. Bonus: c’est une approche qui marche en dehors de l’hexagone également.
2. BMW i3
C’est la surprise de ce classement. La BMW i3 a suscité le doute lors de sa gestation, mais tous ceux qui l’ont approchée depuis sa présentation s’en sont trouvés sinon convaincus, il est encore trop tôt pour cela, mais à tout le moins très intéressés. Grâce à son positionnement, BMW n’a pas la contrainte des généralistes d’arracher la rentabilité du volume à prix serré. Le constructeur bavarois a donc pu se concentrer sur une approche originale de la problématique du véhicule électrique, osant des solutions techniques différentes de la concurrence comme le tout carbone ou le prolongateur d'autonomie thermique optionnel. Le plus étonnant reste le design très particulier de l’auto. La clientèle BMW n’est pas connue pour son goût de l’expérimentation esthétique, et le choix de BMW pour l’i3 comporte une bonne part de risque. Ceux qui ont vu l'i3 en personne cependant peuvent en témoigner, ça fonctionne, et les premiers chiffres semblent conforter le pari du constructeur.
3. Alfa Romeo 4C
Oublions un instant les qualités et défauts éventuels de cette voiture : si elle est citée ici, c’est avant tout pour le soulagement de constater qu’Alfa Romeo bouge encore, et que les maigres subsides envoyés par la maison mère jusqu’à Milan vont directement à son cuore sportivo. Petite berlinette à moteur central, la 4C n’a pas le profil classique des productions maison mais elle en a les gènes, et malgré une diffusion au compte goutte elle a déjà rempli son objectif, qui est de garder la flamme allumée pour les Alfisti passés, présents et, croisons les doigts, à venir.
4. Mercedes CLA
La nouvelle Mercedes Classe A avait signifié un grand coup de jeune chez Mercedes, qui s’endormait alors doucement dans l’ombre de ses voisines et rivales. La CLA (et, dans son genre, la GLA) enfonce le clou en démontrant que les Souabes sont combatifs. Pas décidé à abandonner le marché de la compacte premium aux autres, Mercedes avance une bien séduisante proposition avec la CLA, qui adapte parfaitement l’esprit maison à un petit gabarit, qui plus est en traction, tout en étant très actuelle. Il y a même une AMG débordant de chevaux.
5. Jaguar F-Type
La Jaguar F-Type avait été la révélation du Mondial de l’Automobile en 2012, et la voiture de série n’a pas déçu. Réussite stylistique autant que mécanique, elle légitime parfaitement la démarche de Tata avec les deux constructeurs britanniques dont il a pris le contrôle. Sans aller jusqu'à convoquer les mânes de la Type E, il ne faut pas pousser, la F-Type est une parfaite représentante de la lignée Jaguar, et le coupé qui vient d'être révélé devrait confirmer l'importance retrouvée de la marque dans le paysage des sportives.
6. Skoda Octavia
Un des effets de bord de la politique de plateforme commune est la comparaison directe qui peut être faite entre les modèles qui en sont tirés. A ce petit jeu, c’est selon nous la Skoda Octavia qui gagne la partie en ce qui concerne la plateforme MQB. Dotée des mêmes qualités que la Golf, pas si loin de l’A3 en terme de finition et aussi agréable à conduire que la Seat Leon, elle est le choix le plus rationnel du lot grâce à son rapport tarif/équipement et à un badge en phase de reconnaissance croissante.
7. Tesla Model S
Il était une fois un visionnaire qui voyait des voitures électriques partout grâce à un ingénieux réseau de stations de recharge rapides qu’il construirait également. Un pari risqué, mais l’homme avait du bagout et savait embarquer des investisseurs dans son aventure. Arrivé à ce point de l’histoire, il fallait comme dans les petits livres “des aventures dont vous êtes le héros”, faire un choix. Soit Shai Agassi et Better Place, soit Elon Musk et Tesla. On sait maintenant que le choix B était le bon. La Tesla Model S, associée au réseau toujours plus étendu des superchargers, apparaît comme une réussite. Indépendamment de son système de propulsion, c’est une grande berline premium très brillante, en particulier par son intégration des technologies de l’information grâce au flair de Musk dans ce domaine. Et elle a su trouver son public en s’adressant à la fibre progressiste et environnementaliste de la nouvelle aristocratie entrepreneuriale américaine bien mieux que les vieux industriels, bien aidée par le déploiement très réfléchi du réseau de recharge. En attendant l’étape suivante de la courte et turbulente histoire de Tesla, la Model S est déjà entrée dans l’histoire automobile.
8. Renault Captur
Les constructeurs français auront mis le temps à voir la vague montante des petits crossovers. Mais, avec la Captur et la 2008, ils ont indéniablement réussi à prendre leur place sur le marché. Moins statutaire et plus ludique que la sochalienne, au prix sans doute d’une qualité perçue quelque peu inférieure, la Captur et son sympathique style Van Den Acker pur jus retrouve l’esprit des voitures à vivre qui avait si bien réussi à l’ex-régie. Les couleurs vives, la personnalisation poussée participent également à faire de cette Clio haute sur pattes une alternative tentante a cette dernière. Les premiers chiffres de ventes montrent que Renault a visé juste.
9. McLaren P1
Il était obligatoire d’avoir dans ce classement au moins une des trois hypercars de la nouvelle génération, et le choix fut cornélien. C’est la McLaren P1 qui s’impose à la LaFerrari et la Porsche 918, mais n’attendez pas d’explication rationnelle. On pourrait bien sûr se pencher sur les fiches techniques, lire les chronos, étudier les pedigrees, mais à quoi bon ? On est ici fermement dans le domaine du rêve, restons-y. La McLaren l'emporte pour un je ne sais quoi de plus extrême. Avec la MP4-12C et la P1, et bientôt la P13, McLaren est désormais un des grands noms de la haute couture automobile pour la route. En quelques courtes années (si l’on garde la F1 à part), c’est impressionnant.
10. Caterham Seven 160
Celle qui ferme la route de ce top 10 est sans doute celle qui la fermerait aussi si l’on mettait ces autos en convoi. Pourtant ce ne serait pas celle qui manquerait le plus de volontaires pour prendre son volant. Idée curieuse au premier abord mais totalement brillante au second, mettre un petit trois cylindres turbo japonais simple, éprouvé et frugal dans le châssis antique mais adéquat de la Caterham Seven est exactement ce qu’attend l’époque : en ces temps de diabolisation de l’automobile accusée de monstruosité destructrice, quelle meilleure réponse que ce concentré de plaisir de conduite à l’empreinte carbone minuscule qui se rit de la course à la performance sans renier son hédonisme. Une fois encore réinventée, la Lotus Seven est plus que jamais l’avenir de l’automobile plaisir. Colin Chapman doit en sourire d’aise du haut de son nuage. Le seul problème qui se présente à Caterham désormais est qu’il va falloir faire face à un soudain afflux de commandes.
Voilà pour nos dix voitures de l’année. Bien sûr il en manque, et bien sûr nous ne sommes pas détenteurs de la vérité universelle. Voici donc les dix, plus les cinq suivantes de notre liste, sous forme de sondage pour faire entendre votre voix. Surtout n’hésitez pas à commenter nos choix, et les vôtres, c’est le but premier de ce post.
Crédit images aux constructeurs respectifs.
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