En six semaines, donc, 50 000 ménages ont fait une demande de leasing social d'un véhicule électrique. Il faut dire qu'avec l'aide de l'Etat, la location d'un VE devient financièrement très très intéressante. Certains modèles sont à peine à 60 € par mois ce qui est imbattable en termes de LLD.
650 millions d'euros au lieu de 325 prévus ?
Sauf que derrière une bonne idée apparente peut se cacher un gros souci pour tout le monde. En effet, avec 50 000 demandes au lieu de 25 000 pour l'année 2024, les crédits sont déjà largement épuisés. Des crédits financés sur le denier public. Ensuite, si on laissait faire les demandes, on serait plutôt sur 90 000 inscriptions (pas toutes recevables) et sans doute encore plus à attendre.
Et cela ne va pas sans poser des problèmes aux industriels ! En effet, pour répondre à la demande, les constructeurs doivent se livrer à une guerre des prix pour rendre leurs véhicules, au moins un, éligible au leasing social. La voiture à 100 € par mois c'est un argument massue niveau mercatique, en revanche pour les marges et le plan produit, ce n'est pas top.
Autre souci, la production ne peut pas suivre. C'est un véritable appel d'air vers ces modèles éligibles qui a lieu et les constructeurs doivent monter (trop) rapidement en cadence. Et quand l'effet leasing social sera retombé pour l'année 2024, il faudra redescendre en cadence. Car l'Etat accepte, par la voix de Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l’Industrie, de financer 50 000 leasings sociaux cette année, si et seulement si, les constructeurs s'engagent sur des délais.
Or, cela pourrait pousser à changer quelques approvisionnements de pièces pour du "made in China" et/ou baisser en qualité pour assurer le rythme de production.
Cela bouleverse les plans des constructeurs
Enfin, cela dérègle les plans produits des constructeurs qui se voient "tordre le bras" par cette aide et pourrait surtout dans quelques mois/années se retrouver avec des retour de location à gérer en plus de ceux qu'ils financent déjà eux-mêmes.
Victime de son immense succès, le leasing social va donc être mis en pause pour l'année et sans doute amendé pour éviter un afflux délétère de demandes. On pourrait passer à un quota mensuel plutôt qu'annuel. Cela permettrait de lisser la demande et d'éviter un effet d'attente. Surtout, pour les constructeurs qui vont sortir de grosses nouveautés dans l'année, cela signifie qu'elles ne pourront prétendre au leasing social que l'année suivante.
Exemple en 2024, on doit découvrir la Renault 5 E-Tech Electric, mais aussi le e-3008 déjà dévoilé mais non encore disponible, ou le Scenic E-Tech et le e-5008 pour ne parler que d'eux.
13 000 € pour chaque leasing social
Pour rappel , le leasing social est accessible aux ménages des 5 premiers déciles, dont le revenu fiscal de référence par part est inférieur à 15 400 euros par an. Il faut de plus être actif et devoir faire au moins 15 km pour aller au travail ou faire 8000 km par an pour des raisons professionnelles.
La location aidée prévoit que l'Etat verse un bonus de 13 000 € ce qui permet d'accéder à une location sans "premier loyer" (étant subventionné par les finances publiques). Cela donne accès à un véhicule citadin électrique à moins de 100 € par mois (entretien et assurance non compris) ou une familiale sous les 150 €/mois. Pour avoir cette aide, les véhicules doivent obtenir un bon score environnemental, formule trouvée par le gouvernement français pour éliminer du bonus électrique les véhicules hors Europe (ou presque).