Le gouvernement exhorte les groupes pétroliers à répercuter leurs bons résultats sur les salaires
"J'appelle les entreprises concernées, qui, pour la plupart, ont quand même de bons résultats, à considérer aussi les demandes d'augmentation de salaire", a déclaré Olivia Grégoire, ministre déléguée aux Petites et moyennes entreprises, sur Franceinfo.
Si le nom de TotalEnergies n’a certes pas été ouvertement cité, il n’en demeure pas moins que la polémique enfin depuis quelques semaines sur une éventuelle taxation des mega profits du secteur pétrolier, générés par le conflit en Ukraine.
Alors que TotalEnergies a engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre, Olivia Grégoire a indiqué que le gouvernement attendait que les entreprises fassent « des efforts à l'endroit des salariés ».
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a quant à lui formulé expressément une demande à TotalEnergies sur BFMTV, indiquant que le gouvernement était "extrêmement attentif à ce que ce mouvement social trouve une solution le plus rapidement possible".
Plusieurs sites de TotalEnergies en grève
La plus grande raffinerie de TotalEnergies, près du Havre (Seine-Maritime), est à l'arrêt et d'autres sites du groupe sont également en grève.
Les grévistes sont fortement mobilisés au dépôt de carburants de Flandres, près de Dunkerque (Nord), à la "bioraffinerie" de La Mède (Bouches-du-Rhône) et au dépôt de carburants de Grandpuits (Seine-et-Marne). Objectif : limiter au maximum la sortie de produits pétroliers, selon la CGT.
10 à 30% de grévistes sont comptabilisés à la raffinerie de Feyzin (Rhône), une mobilisation certes moindre mais d’une importance notable car concentrée sur le service stratégique des expéditions, où la CGT revendiquait "entre 80 et 100% de grévistes ».
Mais le groupe énergétique français n’est pas le seul à être secoué par des mouvements sociaux : les deux raffineries françaises de l’américain Esso-ExxonMobil sont également à l'arrêt, à l'appel de la CGT, afin d'obtenir une hausse des salaires.
Le gouvernement veut faciliter le dialogue social
"Nous faisons tout pour que dans les prochains jours cette situation puisse se résorber" et le gouvernement est "en lien avec Total pour essayer de faciliter le dialogue social", a indiqué de son côté le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, sur LCI.
Améliorer l’approvisionnement
Les camions-citernes seront exceptionnellement autorisés à circuler dimanche en raison des "difficultés assez localisées, mais importantes", a par ailleurs annoncé Clément Beaune, qui a réuni vendredi matin les fédérations des transporteurs "pour voir localement où on peut améliorer l'approvisionnement".
Rupture de stocks
Les blocages opérés par les grévistes entraînent de facto une baisse des livraisons de carburant, conduisant à des ruptures de stocks des stations. Pour rappel, TotalEnergies gère près du tiers des stations françaises.
Le groupe explique également ses perturbations par le succès de la remise à la pompe de 20 centimes qu’il accorde depuis le 1er septembre, en plus de la ristourne de l'État.
Actuellement, 15% des stations-service sont concernées par un manque d'un ou plusieurs carburants, selon un chiffre cité par plusieurs ministres. Pour endiguer le phénomène de panique poussant certains automobilistes à stocker au maximum le carburant de leur côté, l'État a interdit la vente et l'achat de carburant dans des jerricans et bidons, notamment dans certains départements des Hauts-de-France.
"Ceux qui peuvent attendre un tout petit peu, ne vous ruez pas sur les stations-service parce que ça accroîtra le problème", a demandé M. Beaune lors d'un point presse.
Afin d'apaiser la situation, le gouvernement a activé ponctuellement les stocks stratégiques de l'Etat, notamment dans les régions où il y a les plus grosses tensions.
Silence radio
Reste que TotalEnergies semble à l’heure actuelle comme insensible à toutes ces « sollicitations ». Depuis la raffinerie de Feyzin, les syndicalistes évoquent un "silence radio complet » de la direction qui rencontre pas les syndicats et « qui ne veut absolument pas faire avancer les choses".
Dialogue de sourds
Alors que la CGT réclame 10% d'augmentation sur 2022 - 7% pour l'inflation et 3% pour "le partage de la richesse" -, la direction de TotalEnergies rappelle depuis le début qu'elle a octroyé des mesures salariales représentant une augmentation moyenne de 3,5% en 2022 et renvoie à une séance de négociations prévue le 15 novembre... pour les salaires de 2023.
"S'il faut tenir jusqu'au 15 novembre, il n'y a pas de soucis", a assuré M. Afonso, assurant pouvoir compter sur une importante "caisse de solidarité", créée pour compenser les éventuelles pertes de salaires qu'occasionnerait le conflit pour les grévistes.
Sources : AFP