Projet de loi sur normes Euro 7 : l’UE fait soft
La Commission européenne a présenté jeudi un projet de loi sur les nouvelles limites d’émissions polluantes – normes dites « Euro 7 ». Un texte qui souhaite éviter de trop contraindre l’industrie automobile, et qui ne relève très peu les exigences en termes d’émissions d’oxydes d’azote ou de monoxyde de carbone pour les voitures particulières.
La proposition concernant la norme Euro 7 ne diffère pas beaucoup des normes actuellement en vigueur, fixées il y a 12 ans. Pour l'oxyde d'azote, la Commission a fixé le seuil à 60 milligrammes par kilomètre pour tous les véhicules légers sortis des chaînes à compter du 1er juillet 2025. A l'heure actuelle, le seuil est fixé à 60 milligrammes par kilomètre pour les voitures à essence et à 80 milligrammes pour les modèles diesel. L’Association des constructeurs européens (ACEA) estimait pourtant qu’il était possible d’abaisser leur limite à 35 milligrammes par kilomètre, dans la mesure où de nombreux modèles respectent d’ores et déjà ces valeurs.
Selon la Commission, Euro 7 permettra de réduire les émissions de NOx (oxydes d’azote) des véhicules légers de 35% en 2035 par rapport à Euro 6.
Les véhicules électriques également concernés
À noter que les normes porteront également sur la réduction de la pollution des véhicules électriques. Elément nouveau par rapport à Euro 6, elles prendront en compte les émissions liées au freinage et aux pneumatiques. Avec l’électrification du parc, «les freins et les pneus deviendront prochainement la principale source de pollution atmosphérique», souligne le commissaire européen Thierry Breton.
Réglementation durcie pour bus et camions
A contrario, le texte durcit les normes pour les camions et les bus. Selon les calculs de la commission européenne, d'ici 2035, la nouvelle réglementation Euro 7 va permettre de réduire de 56% les émissions d'oxyde d'azote pour les poids lourds et diminuer de 39% leurs particules fines.
Ménager les constructeurs …
La politique de l’UE semble être de prime abord de ménager l’industrie. « Il est difficile de demander aux constructeurs automobiles d’investir en même temps dans l’électrique et le thermique », reconnaît Pascal Canfin, président de la commission environnement du Parlement européen. Ajoutant toutefois en guise d’argument que la pollution de l’air fait des dizaines de milliers de morts chaque année. Pour lui, « la Commission pouvait être plus ambitieuse ». "Certains vont reprocher à la Commission d'être trop ambitieuse, d'autres de ne pas l'être assez", a résumé quant à lui Thierry Breton. "C'est bien la preuve que nous avons trouvé le bon équilibre" estime-t-il.
Une « réforme abordable » selon l’UE
Souhaitant rassurer les industriels, le commissaire européen Thierry Breton a tenu à souligner qu’Euro 7 serait «une réforme abordable».
«Avec un coût d’environ 100-150 euros par voiture, et de moins de 3% du prix des véhicules lourds, les consommateurs européens n’auront pas à retarder l’achat d’un véhicule neuf», a-t-il estimé.
Maintenir l’effort sur le thermique
Thierry Breton considère par ailleurs qu’il ne faut pas abandonner les efforts sur les moteurs thermiques. Le commissaire européen défend même un scénario où les véhicules thermiques bannis d’Europe pourraient être exportés vers d’autres continents après 2035.
«Je l’ai toujours dit, et je le redirai encore : l’Europe n’a rien à gagner à laisser ce segment du marché automobile aux seuls constructeurs chinois ou américains», argumente-t-il.
Notre avis, par leblogauto.com
Reste que cette « douceur » toute relative pourrait s’avérer contre-productive, obligeant les constructeurs automobiles à courir après deux lièvres à la fois : VE et thermique. Les contraignant à de coûteux investissements sans pouvoir réellement connaître s’ils pourront s’avérer payants en retour. Leurs débouchés étant contraints par l’arrivée de telle ou telle nouvelle réglementation.