Une hausse de 83 % en 2022
La consommation de bioéthanol, carburant produit à base d'alcool agricole, s'est envolée de 83% en 2022, soit plus de 854 millions de litre. Des chiffres annoncés mardi lors d'une conférence de presse par la Collective du bioéthanol qui a qualifié l'année d'"exceptionnelle". Ce biocarburant représente désormais 6,5% du marché des essences, contre 4% en 2021. Il est désormais proposé dans une station-service sur trois, selon les professionnels du secteur.
Un engouement majeur lié à la flambée des cours de l’or noir
Elément notable : la moitié des automobilistes roulant au bioéthanol se sont tournés vers ce type de carburant depuis moins d'un an, selon une enquête menée en novembre par la filière.
Parmi les événements qui ont opéré un rôle de déclic, sont évoqués l'augmentation des prix des carburants (citée à 74 %) et la dimension écologique associée à ce biocarburant (citée à 39 %).
Un carburant produit à 80% en France
Pour rappel, le bioéthanol, commercialisé sous le nom de Superéthanol-E85 ou E85 est un carburant où l'éthanol remplace une partie de l'essence contenue dans les carburants traditionnels. A l'heure actuelle, il est produit à 80% en France, à partir de céréales (maïs et blé) ou de betteraves à sucre dans des champs situés notamment dans le Nord ou le Sud-ouest.
Risque d’importations massives
Mais les temps pourraient être durs pour la filière alors que le gouvernement a annoncé lundi soir vouloir renoncer à une troisième dérogation permettant aux betteraviers d'utiliser des insecticides néonicotinoïdes.
"En l'absence de solutions efficaces, les surfaces (de betteraves) risquent de baisser sensiblement", a affirmé le syndicat des betteraviers (CGB), affirmant que cela allait renforcer "le risque d'importations massives de sucre ou d'éthanol (du Brésil notamment)".
Un carburant plus écologique selon ses promoteurs
Si le bioéthanol coûte moins cher, ses promoteurs affirment également qu'il émet moins de CO2 au litre que les carburants traditionnels. Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat national des producteurs d'alcool agricole (SNPAA), citant comme source la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) indique quant à lui que les volumes de bioéthanol consommé en France permettent d’éviter près de 1,8 million de tonnes de CO2.
A noter que pour pouvoir utiliser ce carburant, il est nécessaire d’acquérir directement un véhicule adapté soit de convertir le sien en installant un boîtier homologué dit "flex fuel" dans un garage agréé.
L'an dernier, près de 35 000 véhicules flex-E85 d'origine ont été vendus, environ six fois plus qu'en 2021. Parmi ces véhicules, plus des deux tiers sont des hybrides.
Durant la même période, 85 000 nouveaux boîtiers ont été installés contre 30 000 en 2021, soit quasiment le triple. Le leader du marché, Biomotors, en a vendu l'an dernier "un toutes les quatre minutes", selon son directeur général, Alexis Landrieu.
Si le coût d'un boîtier peut s'élever à 1.000 euros, certaines régions, départements ou communes les subventionnent.
Le prix du bioéthanol également en hausse
Mais comme tous les autres carburants, le bioéthanol a vu son prix s’envoler avec l'inflation. Son prix a fortement augmenté dans les stations-service françaises, pour franchir le seuil de 1 euro le litre.
"Le tarif du bioéthanol a subi l'augmentation des coûts agricoles et des prix de l'énergie, notamment du gaz, ce qui a été répercuté dans les contrats d'approvisionnement conclus entre les fournisseurs d'éthanol et les distributeurs de carburants pour l'année 2023", selon la Collective du bioéthanol.
Une solution néanmoins avantageuse
Même s'il faut prévoir d'utiliser une plus grande quantité de carburant lorsqu’on roule au bioéthanol, ce carburant reste néanmoins avantageux.
Selon les calculs de la filière, les consommateurs peuvent économiser jusque 675 euros par an en moyenne pour 20 000 km parcourus (hors investissement dans le boîtier).
A la pompe, l'E85 était vendredi dernier à 1,1083 euro le litre, selon des chiffres du ministère de la Transition énergétique, soit 30% à 40% moins cher que les autres carburants, gazole, essence sans plomb et SP95-E10. Début 2022, le bioéthanol se vendait encore 0,7433 euro le litre, et même 0,6517 euro début 2021.
Notre avis, par leblogauto.com
Autre avantage et non des moindres : les métropoles du Grand Reims et de Montpellier ont voté des dérogations permettant aux véhicules roulant au super éthanol E85 de circuler au sein de ces zones. Deux arrêtés ont été publiés, créant de facto un trou dans la raquette des ZFE.
En ce qui concerne le Grand Reims, la dérogation est permanente pour tout véhicule équipé d'un boîtier homologué E85, ou homologué de série pour rouler à l'E85 (flex-fuel). Du côté de Montpellier Métropole, la dérogation est individuelle et chacun devra en faire la demande sur le site internet de la Métropole. Cela concerne les automobiles avec moteur essence Crit’Air 2 et Crit ‘Air 3, là aussi équipées de boîtiers E85 homologués. Cela donnera lieu à l'envoi d'un nouvel autocollant à coller sur son pare-brise pour pouvoir entrer librement dans la ZFE. Le lobby de l'éthanol pousse évidemment pour de telles autorisations dans les autres ZFE. L'éthanol permet de une réduction moyenne de 70% des émissions de CO2eq (équivalent CO2) pour du carburant préparé en France. A l'échappement, c'est en moyenne 47% de CO2 en moins, et des particules 10 fois moins présentes. Ce sont évidemment des moyennes vu que l'E85 est un supercarburant qui peut contenir entre 60 et 85% d'éthanol.
Sources : AFP