Max Verstappen : un titre sans discussion possible
Une saison record pour « Super Max », qui a signé 15 victoires et totalement écrasé la saison, surtout dans sa seconde moitié. Encore plus fort que l’an dernier, mais avec il est vrai une adversité moindre, il n’a commis aucune erreur, si ce n’est une tentative de dépassement optimiste sur Hamilton au Brésil, a réalisé des attaques spectaculaires et effectué des remontées du diable quand il s’est retrouvé parfois en fond de grille, comme en Belgique. Arrivé à totale maturité, avec une équipe fédérée autour de lui comme le fut la Scuderia avec Schumacher, Max affole les statistiques, bien aidé par une excellente monoplace et une équipe nickel sur la stratégie. Il ne sera jamais le pilote le plus sympa du plateau – ce n’est d’ailleurs pas la marque de fabrique des grands de la F1 – et n’a pas d’états d’âme. Il faudra être très, très, très fort pour battre ce binôme Verstappen/ Red Bull
Adrian Newey : la patte du génie
Adrian Newey ne cesse de rentrer dans l’histoire lui aussi. 189 victoires, 12 titres pilotes et 11 constructeurs : voici le bilan du génial ingénieur, qui a contribué au succès de Williams dans les années 90, de McLaren sous l’ère Hakkinen puis de Red Bull depuis 2005. Ingénieur inspiré et atypique – il continue de conceptualiser sur des planches à dessin et laisse à ses collaborateurs la modélisation 3D – Newey a pris un peu de recul depuis quelques années. Si la conception de la RB16 revient avant tout au français Pierre Wacher, adoubé par le britannique, ce dernier a conçu les suspensions et apporte une vision globale, surtout dans l’interprétation des règlementations et l’art d’y trouver les failles, ou d’anticiper des phénomènes, comme celui du marsouinage qu’il a mieux senti que d’autres, ce qui s’est vu en piste avec une Red Bull peu sensible à cet effet et très économe avec ses gommes.
Sergio Perez : plus qu'un simple "lieutenant"
Il rate de peu le titre de vice-champion mais « Checo » fait le taf à merveille. En début de saison, il a quasiment fait jeu égal avec Verstappen, remportant même une superbe victoire à Monaco. Par la suite, les développements de la Red Bull ont visiblement davantage convenu à son équiper, et ses performances ont été plus irrégulières. Néanmoins, avec 2 victoires et 11 podiums, le mexicain a rempli son rôle, apportant enfin ce plus stratégique en course dont Red Bull manquait les années précédentes. La fin de saison a cependant fait émerger des tensions sous-jacentes, avec l’affaire de l’arrivée du grand prix du Brésil, où Verstappen a refusé de céder sa place à Perez pour lui permettre de marquer quelques points supplémentaires dans sa lutte face à Leclerc, lui reprochant un comportement plus tôt dans la saison, qui a été l’objet de rumeurs. La crispation d’Interlagos a été vite calmée en interne, et d’ailleurs, le recrutement de Ricciardo en 3e pilote est peut-être un signal, une épée de Damoclès pour le faire rentrer dans le rang.
George Russell bouscule Lewis Hamilton
« Mister Consistency » a réussi son entrée chez Mercedes F1, se payant le luxe de terminer au championnat devant Lewis Hamilton et de remporter la seule victoire de l’équipe, au Brésil. Si en vitesse pure, Hamilton a repris un peu le dessus dans la seconde moitié de la saison, Russell a mis à profit son expérience de « lutte » chez Williams, a mieux surmonté les problèmes de l’entame de la saison et a souvent fait preuve d’opportunisme stratégique, un brin aidé par le hasard à certains moments. Il a en tous cas tous les éléments en main pour être l’un des grands de demain.
Lando Norris : il a tenu la barre McLaren
Le jeune britannique a porté McLaren à bout de bras, étant donné les contre-performances de son équipier Ricciardo. Très opiniâtre en course, il a confirmé malgré les difficultés son talent et sa solidité en piste, même si ses piques répétées à Alpine dans les médias ont sans doute traduit une certaine frustration…
Alpine : une 4e place méritée
Tout n’est pas parfait, loin de là. La fiabilité et les affaires de gestion interne entachent le bilan, comme nous le verrons dans les Flops, mais Alpine a néanmoins réussi son pari en progressant dans la hiérarchie et en arrachant la 4e place à McLaren. L’équipe française a livré une monoplace rapide et efficace, qui a évolué tout au long de l’année et qui s’est montrée par moments très performante en course, même si le niveau de compétitivité a encore oscillé selon les circuits. La solidité d’Ocon et le « racing spirit » d’Alonso, au moins sur les 2/3 de a saison, ont beaucoup compté face à d’autres concurrents.
Le design des F1 : plus agréable à l'oeil !
La nouvelle donne règlementaire 2022 a modifié sensiblement le design des monoplaces. Avec un aérodynamisme moins chargé, le retour de l’effet de sol et les jantes 18 pouces, le look des F1 2022 a quand même fait un bond qualitatif, avec des formes plus fuselées et plus agréables à l’œil. Avantage d’une nouvelle donne technique, les monoplaces ont proposé une certaine diversité, notamment sur le segment clé des pontons, résultat des expérimentations et des approches différentes des équipes en début de saison. Cet aspect devrait néanmoins rapidement s’estomper, avec une convergence des designs vers les meilleures solutions, comme en atteste déjà l’Aston Martin qui a vite singé la Red Bull, ou Mercedes qui risque fort d’abandonner son concept « sans pontons » extrême et qui ne s’est pas révélé payant.
Le succès populaire
Certes, les nouveautés apportées par Liberty Media ont tendance à « américaniser » la F1, mais force est de constater que la popularité de la discipline a repris des couleurs. Les grands prix qui se bousculent pour intégrer le calendrier, les tribunes combles d’Austin ou du Mexique et l’arrivée de nouveaux constructeurs témoignent d’une attractivité retrouvée, et donc d’un championnat qui peut pérenniser son avenir.
Semi-top
Esteban Ocon : un potentiel leader
Le français termine la saison devant Alonso, qui a été certes accablé davantage par les soucis de fiabilité. Le normand a confirmé sa solidité en piste, car il commet peut d’erreurs et sait se battre, comme en atteste son superbe dépassement en Belgique, mais parfois un peu à la limite, à l’image de ses frictions en piste avec son équipier. Il manque encore quelque chose en vitesse pure pour passer la vitesse supérieure, mais l’on peut espérer que l’arrivée de Gasly provoquera une saine émulation.
Charles Leclerc : très rapide, mais encore quelques fragilités
Le monégasque termine vice-champion, avec 9 pôles et 3 victoires, et il devance assez nettement don équipier Sainz de 62 points, un écart qui aurait pu être plus grand sans les nombreux errements de Ferrari dans la stratégie. Très rapide, auteur de belles passes d’armes en piste (sa résistance à Silverstone en pneus usés ou ses dépassements en Autriche resteront dans les annales), Leclerc a tout de même montré encore quelques signes de faiblesse. Quelques erreurs, dont une très coûteuse en France, et peut-être plus grave, l’impression d’un manque de leadership au sein de la Scuderia, notamment dans les choix stratégiques (contrairement à Sainz qui semble plus apte à imposer ses choix) et ses communications radio parfois fébriles. Bref, Leclerc a de nombreux atouts mais n’a pas fait le vide au sein de la Scuderia comme Verstappen l’a fait chez Red Bull. La clé est peut-être plus psychologique que sur le plan du pilotage.
Sebastian Vettel : une saison mitigée, un départ de grande classe
Le quadruple champion du monde allemand termine mieux la saison qu’il ne l’avait commencé, avec quelques belles courses, dont celles d’Austin où l’on a retrouvé le Seb mordant des années Red Bull. D’un point de vue comptable et sportif, l’année 2022 n’est pas folle, mais Vettel n’a pas raté sa sortie et prend sa retraite la tête haute, apprécié de tous ses pairs et du public, grand gentleman qui aura joué le rôle de tuteur pour Mick Schumacher et cultivé sa personnalité attachante jusqu’au bout. Au revoir champion !