La paix des braves ?
Jean-Philippe Imparato, nouveau directeur des opérations en Europe, a présenté hier le plan tant attendu de relance des productions italiennes du groupe Stellantis lors de la table ronde organisée au ministère du Commerce et du Made in Italy. L’année 2024 a été émaillée par des tensions à répétition et particulièrement vives entre le groupe, accusé de réduire à néant l’industrie automobile italienne à coup de délocalisations (Alfa Romeo Junior en Pologne, Fiat Grande Panda en Serbie, etc), et le ministre Adolfo Urso, qui s’est placé en défenseur acharné de la production nationale, n’hésitant pas à tancer vertement les choix de Stellantis. Selon les estimations du syndicat FIM-Cisl, la production automobile en Italie (voitures particulières et camionnettes) devrait passer de 751 000 véhicules en 2023 à moins de 500 000 véhicules cette année. On se souvient également du psychodrame suscité par l’appellation « Milano » du B-SUV d’Alfa Romeo. Le nouveau plan, présenté quelques semaines après l’éviction de Carlos Tavarès, est-il en mesure de panser les plaies et d’enterrer la hache de guerre ?
« Le moment est venu pour nous, Stellantis, de faire équipe avec l’Italie pour faire face aux défis existentiels auxquels nous sommes confrontés et sous-estimés par certains en Europe ». Est-ce à dire que ce n’était pas le cas avant ? Le ton a changé en effet, alors que Carlos Tavarès était plutôt du genre à dénoncer le manque d’investissement et de soutien de l’Etat transalpin. Pendant que John Elkann joue au pompier avec des visites aux Etats-Unis, autre point noir du groupe, et en France, le projet doit rassurer. Il se caractérise par l’arrivée de nombreux modèles hybrides sur les chaînes de montage de toutes les usines, a été présenté aux ministres Adolfo Urso (Entreprise), Giancarlo Giorgetti (Économie), Marina Calderone (Travail) et au commerce, ainsi qu’aux représentants syndicaux et aux régions où sont implantées les usines. Passons en revue ce plan.
STLA Small et STLA Large
Melfi et Pomigliano. « Toutes les usines italiennes resteront actives et à partir de 2026 la capacité de production augmentera grâce aux nouveaux modèles », a-t-il été expliqué, soulignant que « chaque usine a un plan de production pour des modèles qui couvrent les prochaines années et atteignent 2032 ». Stellantis attribuera de nouveaux hybrides à son usine de Basilicate : Melfi accueille la plateforme Stla-Medium, sur laquelle à partir de 2025 seront produits le nouveau Jeep Compass (à la fois électrique et hybride), la nouvelle Lancia Gamma, la nouvelle DS n°8 et la nouvelle DS7.
A été également confirmée l’attribution de la plate-forme pour petites voitures à Pomigliano : la nouvelle Stla Small sera installée à partir de 2028 dans l’usine de Campanie, où il est prévu de produire au moins deux nouveaux modèles compacts. Petite surprise, l’arrivée confirmée de la « Pandina nouvelle génération » alors que la production de l’actuelle Pandina, malgré des exigences strictes des nouvelles réglementations européennes sur les émissions de CO2, est poursuivie jusqu’en 2030 avec un allongement de sa durée de vie initiale. Alors que la toute nouvelle Fiat Grande Panda est fabriquée en Pologne à Tychy, où les coûts de production sont bien plus avantageux, cette petite Pandina, forcément électrique, serait donc de fabrication italienne.
Cassino et Atessa. Sur le site du Latium, les architectures électroniques Stla-Brain et Stla-Smart Cockpit seront développées et trois nouveaux modèles produits sur la base de la plateforme Stla-Large. Dans ce cas figurent la nouvelle Alfa Romeo Stelvio prévue à partir de 2025, la nouvelle Giulia à partir de 2026, et – pour 2027 à priori – une nouvelle voiture haut de gamme, qui n’est pas encore précisée. On semble néanmoins se diriger vers un nouveau modèle haut de gamme, peut-être ce fameux « D-SUV » qui est évoqué depuis longtemps déjà. Une nouvelle Giulietta n’aurait-elle pas été plus judicieuse pour faire du volume ? Des évaluations sont en cours pour produire également le Stelvio et la Giulia dans les variantes hybrides et pas seulement électriques, car le prix élevé des modèles EV risque d’être encore un frein majeur. L’importance de l’usine Atessa dans les stratégies pour les véhicules utilitaires a également été confirmée : « À partir de 2027, une nouvelle version du Grand Fourgon sera créée spécifiquement conçue pour une compétitivité maximale face à la concurrence asiatique », à quoi s’ajoute un programme de conversion et de personnalisation Stellantis CustomFit.
Mirafiori et Modène. Quant à Mirafiori, le dirigeant a voulu souligner le « rôle central de Turin » pour l’ensemble du groupe, réitérant le début de la production de la 500 hybride fin 2025 et de la nouvelle génération de la 500 électrique jusqu’en 2032-33, ainsi que ainsi que la poursuite de l’assemblage des boîtes de vitesses eDCT. Turin sera, à partir du 1er janvier 2025, le siège de la Région Stellantis Europe, de la division Véhicules Utilitaires et des activités d’économie circulaire SUSTAINera. Mirafiori semble néanmoins rester encore très dépendant de sa mono-culture 500, dont on a vu les effets depuis l’an passé. Enfin, le centre de technologie des batteries chargé des tests et du développement des batteries devrait être renforcé.
« Modène deviendra le hub haut de gamme, fierté du Made in Italy, en impliquant dans cette mission l’écosystème de production de la Motor Valley afin de développer le projet avec tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement, de la conception à la pré-industrialisation. , avec les meilleures composantes nationales en termes d’innovation et de circularité », précise Stellantis, soulignant que le plan pour l’Italie, caractérisé par des engagements économiques de 2 milliards d’euros rien qu’en 2025 et des achats auprès de la chaîne d’approvisionnement pour 6 milliards supplémentaires, tous les investissements sont financés sur ressources propres sans aides publiques. Modène doit devenir un pôle haut de gamme et un fleuron du « Made in Italy », mais tout cela reste encore brumeux. Pour le moment, cela reste exclusivement lié à Maserati, avec les MC20 et MC20 Cielo et un « projet haut de gamme » non précisé. Nous savons qu’un plan dédié est en cours d’élaboration pour le Trident dont la gamme attend le renouvellement du SUV Levante et la grande berline Quattroporte, tandis que les Folgore piétinent.
Concernant Termoli et la Gigafactory d’ACC, Stellantis a réaffirmé son engagement dans le soutien financier de la coentreprise, qui communiquera son plan en 2025 et reste ouverte à l’étude de la réalisation de la Gigafactory en fonction de l’évolution des technologies et en tenant compte du marché et de la compétitivité des facteurs habilitants du système pays.
Un ministre satisfait
La réaction du ministre Urso a été positve, selon lequel le plan représente « une réponse » aux demandes du gouvernement et du système national et place
« la production et l’emploi en Italie au centre de la stratégie de Stellantis, avec le maintien de toutes les usines, des investissements importants en recherche et développement, dans de nouveaux modèles et plateformes de production, avec la valorisation du Made in Italy et la protection de l’emploi, la reconversion des compétences et le renouvellement générationnel« .
Le ministre désire que ce plan puisse « remettre les voitures italiennes et européennes sur le devant de la scène. le bon chemin, nous pouvons le faire dès aujourd’hui en Italie, nous devons le faire ensemble en Europe ».
Urso a également annoncé de nouvelles ressources de 1,6 milliard d’euros pour le redéveloppement de la chaîne d’approvisionnement italienne entre 2025 et 2027. En particulier, pour 2025, le fonds automobile s’élève à 200 millions d’euros, en plus des 100 millions résiduels de 2024 du même fonds et des 500 millions provenant des fonds du PNRR (plan nationale de reprise et de résilience) pour les chaînes d’approvisionnement stratégiques. Pour 2026 et 2027, le ministère estime que 400 millions seront respectivement alloués au fonds automobile.
Par contre, pas de miracles. JP Imparato a reconnu que 2025 serait encore « une année dure et difficile » avec une production similaire à 2024 avant un rebond de 50% espéré en 2026, à condition que les ventes suivent et que les marques regagnent des parts de marché. Mais l’objectif d’un million de véhicules produits en Italie d’ici 2030, arraché par Rome à Carlos Tavares en juillet 2023, semble désormais bien compromis. La crise de l’automobile européenne, outre la chute du marché EV et la concurrence chinoise, s’explique aussi par la réduction des engagements étatiques, notamment sur la politique de bonus et d’aides à l’achat. Là encore, la chasse aux économies des gouvernements, dans un contexte budgétaire aussi délicat, risque de complexifier les efforts.
avec un tel héritage de catastrophes laissées par carlos 2( décidement ils sont pas bons les carlos ), la nouvelle équipe à du pain sur la planche. vont ils nous faire une stellantislution ? . en tous cas je leur souhaite la reussite, et la pérennité
Mis à part l’arrivée des futurs Ducato/Boxer/Jumper en 2027 (il était temps…), d’une prochaine Pandina (plus petite que la Grande Panda donc?) qui sera fabriquée en Italie, rien de bien nouveau en fait? Parce-que le reste des annonces on le savait déjà ou ça avait déjà été répété un an avant (Corrigez moi si je me trompe).
Il faut vite mettre la stratégie de synergie des plateformes !
Il y a encore trop de différence et trop de plateformes obsolètes actuellement.
Je pense qu’en 2025-26 les choses vont pouvoir s’améliorer.
N’oubliez pas que d’après les plans initiaux… La synergie et le renouvellement total des marques sont prévus 10 ans après la création de Stellantis… Donc 2031 !
Des surprises arrivent en WEC chez Stellantis !!!
Enfin
🙂
Il est temps de sortir les Alfa Romeo (sport), Lancia (premium) et Maserati (Luxe) sur la plateforme Giorgio Evo 2 et laisser la STLA Large pour les marques américaines (comme cela chacun à sa plateforme.
Bonne nouvelle que Maserati va se concentrer totalement sur Modena et la faire évoluer comme Ferrari à Maranello ou Lamborghini à Bologne.