Stellantis traverse une zone de turbulences en 2025 : droits de douane, pertes financières, changement de stratégie et incertitudes politiques. A trop vouloir grimper, le groupe automobile s’est-il brûlé les ailes ?
En 2025, alors que le président de Stellantis, John Elkann, annonçait une année de stabilisation après les turbulences de 2024 pour le géant automobile, la réalité semble bien différente. Le constructeur franco-italo-américain est plongé dans une période d’incertitudes économiques et politiques qui menacent non seulement ses résultats financiers, mais également sa stratégie industrielle à long terme.
À l’origine de cette instabilité, plusieurs facteurs convergent : des tensions commerciales avec les États-Unis, une gouvernance fragilisée, une stratégie de relocalisation coûteuse, et des choix antérieurs contestés en matière de gestion des coûts et de production. Retour sur une crise qui pourrait redéfinir l’avenir de Stellantis, un acteur majeur de l’industrie automobile mondiale.
Les tarifs douaniers américains : un choc frontal pour Stellantis
Au cœur de la tourmente : l’annonce de nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump sur les importations d’automobiles, d’acier et d’aluminium en provenance du Canada et du Mexique. Des droits de douane de 25 %, entrés en vigueur le 2 avril 2025, menacent directement les chaînes logistiques et les marges de Stellantis. Une menace qui pourrait s’aggraver, Trump ayant évoqué la possibilité de porter ces taxes à 50 %, avant de reculer.
Cette incertitude tarifaire survient à un moment critique pour Stellantis, dont les actions ont chuté de plus de 50 % en un an. Le constructeur, connu notamment pour ses marques Jeep Wrangler et Dodge, voit son avenir compromis par une politique commerciale américaine imprévisible.
Appel à l’aide généralisé : dirigeants et syndicats unis face à la crise
Face à cette menace, John Elkann, mais aussi les dirigeants de Ford et de General Motors, se sont tournés vers Donald Trump pour obtenir un soutien ou un allègement des mesures. De manière inédite, Stellantis a également sollicité le soutien du syndicat United Auto Workers (UAW), symbole d’un désespoir grandissant.
Le recours au syndicat illustre l’ampleur des enjeux pour Stellantis. Plus qu’un simple problème économique, ces droits de douane pourraient avoir des répercussions sociales profondes : perte d’emplois, fermeture d’usines, et ralentissement des investissements.
Résultats financiers en berne : la facture de la stratégie Tavares
La situation actuelle de Stellantis est aussi le résultat d’un choix stratégique radical mené par l’ex-PDG Carlos Tavares, artisan de la fusion entre Fiat Chrysler et le groupe PSA en 2021. Sous sa direction, Stellantis a connu une politique de réduction drastique des coûts, associée à une augmentation significative des prix de vente.
Si cette stratégie a permis de dégager des marges à court terme, elle a aussi creusé le fossé avec la concurrence. Résultat : une chute spectaculaire de 70 % du bénéfice net en 2024, alors que General Motors enregistrait des profits record. Tavares a quitté le groupe, laissant derrière lui une entreprise fragilisée, en quête d’un nouveau capitaine.
Là, ce sont les véhicules Stellantis produits au Canada ou au Mexique qui sont directement touchés par le réhaussement des droits de douane décidé par Trump.
En quête de stabilité : Elkann tente de redresser la barre
Aujourd’hui, John Elkann, héritier de la famille Agnelli, fondatrice de Fiat, tente de corriger le cap. Sa mission est double : redonner confiance aux investisseurs et répondre aux exigences politiques américaines. Un défi d’autant plus complexe que l’entreprise est engagée dans une transition cruciale vers l’électrification de sa gamme.
Elkann a rencontré Donald Trump en amont de son retour au pouvoir et a annoncé, dans la foulée, plusieurs milliards d’investissements aux États-Unis. Parmi les projets phares : la réouverture d’une usine en Illinois, fermée sous l’ère Tavares, et l’embauche de 1 000 salariés supplémentaires sur le territoire américain.
Ces gestes visent à rassurer l’administration américaine et à prouver la volonté de Stellantis de participer à la revitalisation industrielle des États-Unis, une priorité affichée par Trump.
Une stratégie industrielle à rebours des choix passés
Les investissements actuels de Stellantis aux États-Unis marquent un retour en arrière stratégique. Sous Tavares, le groupe avait misé sur une délocalisation massive de la production vers des pays à bas coût, notamment pour financer le développement de ses véhicules électriques.
Cette stratégie s’inscrivait dans une logique de compétitivité globale, mais elle entre désormais en contradiction avec les politiques protectionnistes américaines. Elkann tente donc de corriger le tir, mais le coût financier de ce revirement est considérable.
D’autant que les chaînes de production ne se déplacent pas du jour au lendemain : relocaliser implique des investissements lourds, des délais logistiques, une formation du personnel, et une gestion fine des risques sociaux. Une industrie lourde comme l’automobile c’est un paquebot transatlantique, cela ne vire pas dans une rade.
Un leadership à reconstruire : Stellantis sans capitaine
Autre incertitude majeure pour le constructeur : l’absence de directeur général depuis le départ de Tavares. Dans un contexte de crise, cette vacance du pouvoir est perçue comme un signal négatif par les marchés.
Le groupe est à la recherche d’un nouveau PDG capable de concilier vision stratégique, compétences industrielles, et capacité de négociation politique, notamment avec les États-Unis. Un profil rare, alors que la pression ne cesse de croître.
Un nom est aujourd’hui dans toutes les conversations : celui d’Antonio Filosa. Actuel patron des activités américaines depuis octobre 2024, cet Italien a passé 20 ans chez Fiat. Mais, Stellantis pourrait aller chercher finalement un Américain pour « donner des gages » à l’administration Trump.
Pour autant, sans leadership affirmé, Stellantis risque de naviguer à vue dans un environnement de plus en plus volatil, marqué par la montée des tensions géopolitiques, l’inflation des matières premières, et la complexité de la transition énergétique.
Stellantis face aux défis structurels de l’industrie automobile
La situation de Stellantis illustre une réalité plus large : l’ensemble du secteur automobile est en mutation profonde. Entre la transition vers les véhicules électriques, les pressions réglementaires (normes environnementales, sécurité), et les changements de comportement des consommateurs, les constructeurs doivent sans cesse s’adapter.
Mais pour Stellantis, ces défis sont démultipliés par sa structure multi-marques (Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep, Dodge, Chrysler, Opel…), son exposition internationale complexe, et son passé industriel hétérogène. L’entreprise doit désormais repenser ses fondamentaux : où produire, pour qui, avec quelle technologie, et à quel coût.
Ces questions se posent finalement dans les trois zones qui composent le groupe. Les ex-PSA en France, les ex-Fiat en Italie et les ex-Chrysler aux USA.
Quel avenir pour Stellantis en 2025 ?
Alors que John Elkann promettait une année de stabilisation, 2025 s’annonce comme une année charnière, voire de reconstruction. Le groupe doit jongler entre les pressions politiques, la gestion d’une transition industrielle majeure, et le défi de reconquérir la confiance des marchés.
La réussite de cette nouvelle phase dépendra de plusieurs facteurs :
- La capacité à négocier avec l’administration Trump pour éviter une explosion des coûts.
- La rapidité à nommer un nouveau dirigeant fort, capable d’incarner la nouvelle stratégie.
- L’efficacité des relocalisations industrielles sans altérer la compétitivité du groupe.
- Et enfin, la capacité à maintenir le cap sur l’innovation et l’électrification, malgré les vents contraires.
Stellantis peut-il encore redevenir le géant mondial qu’il rêvait d’être en 2021 ?
Avec Bloomberg.
Stellantis était déjà en grandes difficulté, mais là Trump porte le coup de grâce au groupe. Je ne lui donne pas longtemps avant une scission entre la division Europe et US. Après tout même quand c’était encore sous FCA, la branche US n’a jamais réellement voulue fusionner. Ils ont toujours gardé leur siège social et leur indépendance. Tavares a voulu le fermer… Il n’en aura jamais eu le temps. Les discours de Trump avant son élection sur Stellantis annonçaient déjà la couleur. Récupérer Chrysler et ses marques.
De toute façon il n’y a rien à gagner aux US. Seulement à perdre. Peugeot dans le passé à abandonné. Fiat n’y est arrivé non plus. Ou bout d’un moment il faut arrêter les frais. Stellantis ferait bien de se débarrasser de tout ça et les laisser se démerder avec leur marques en perdition. Les marques de Stellantis Europe couvrent tout le reste du monde, c’est suffisant.
stellantis va morfler. Deja que Lancia, alfa, DS, maserati et chrysler sont en mort cérébrale…
@Amiral, il y a plus, pour ainsi dire, plus de modèles en préparation qu’en vente.
Seul Chrysler, n’a pas vraiment de modèle proche d’une sortie !?
Les autres, il faut être un peu patient.
Stellantis est mal aussi pour son exposition aux USA… Comme jadis PSA en Chine dans les années 2010…. Et l’Iran pour Peugeot.
C’est donc les marques de l’ex FCA qui va être dur a gérer.
Les perspectives d’avenir en Europe s’apaise quand le renouvellement des gammes serait fait… Mais pour le moment, tout le monde trinque… Sur toute la planète !
non dodge, ram et jeep vont plutot bien
Oui OK @Amiral, mais je pensais aussi au futur proche avec les mesures de Trump !
Les Dodge RAM et Jeep vont coûter entre 3 à 15 k$ de plus dans un mois… Fourchette très large, sachant qu’il est extrêmement difficile à quantifié aujourd’hui.
Mais la gestion de Chrysler de l’ex.FCA est digne de Lancia, Alfa voire Fiat si l’on met de côté la 500… Le non-investissement pour économiser de l’argent.
Le renouveau commence que maintenant sous l’ère Stellantis… Mais on ne change pas tous les modèles de 15 marques en 4 années en claquant des doigts !
« Je ne lui donne pas longtemps avant une scission entre la division Europe et US ».
D’un point de vue stratégique, économique et industriel, s’il y avait une scission totale cela signifierait également une scission européenne entre l’exPSA et l’exGroupe-Fiat, donc un retour à la case départ.
Les marques européennes des 2 ex-groupes sont toutes des doublons, hormis Maserati et Alfa Romeo.
L’exPSA s’en sortait mieux sans l’usine à gaz Stellantis et toutes ses marques européennes se chevauchant.
S’il y a une scission Europe/USA, elle sera partielle.
Stellantis a besoin du marché américain pour être viable et je les vois mal abandonner une pépite comme Jeep (marque mondiale).
Pour les autres marques américaines, c’est possible sous les diverses pressions, économiques et politiques.
Ce qui peut arriver de mieux à Stellantis en Europe, c’est une rationalisation de ces marques, notamment sur le modèle Opel/Vauxhall.
C’est-à-dire cantonner les marques les plus faibles uniquement sur les pays où elles ont de réels parts de marché.
Par exemple :
– Fiat : Italie, Europe du sud, Brésil et pays émergents où c’est la seule marque Stellantis présente.
– Lancia uniquement en Italie (à la place de DS et sur le modèle Opel/Vauxhall)
– Maserati : Vente de la marque
– DS : Ce que beaucoup de gens ne comprennent pas, c’est que DS est le symbole d’une tentative (probablement la dernière) du retour d’une marque française dans le premium.
La plupart des gens se plaignent de n’avoir aucune marque française dans ce segment et lorsque qu’il y en a une qui arrive (créé par un grand groupe et donc économiquement viable), les gens font du french-bashing et passent leur temps à cracher sur DS.
A mon avis pour DS, c’est aussi le signe que ce sont les français qui sont aux manettes de Stellantis car sinon, il y a longtemps que la marque aurait été supprimée.
Donc à moins que DS soit définitivement déclarée non-viable (ce qui est tout à fait possible), je pense qu’elle existera encore ne serait-ce parce que c’est une vitrine du savoir-faire français dans le haut de gamme.
Ce n’est pas une volonté économique mais plus culturel et technologique : faire exister une marque française dans le segment du haut-gamme.
C’est aussi une image de marque pour le savoir-faire et l’industrie français.
Si Stellantis vends Chrysler, Dodge et RAM, à long terme, c’est possible qu’il fasse revenir Peugeot sur le marché américain, en complément de Alfa Romeo (sauf si Alfa n’arrive toujours pas à décollé aux US).
Peugeot car c’est une marque généraliste et on peut très bien imaginer que le constructeur se scinde en 2 : Peugeot USA/Canada et Peugeot reste du monde, comme sur le modèle Ford US et Ford Europe.
Je trouverais ça idiot de vendre Chrysler car la marque est juste endormie et elle a du potentielle en Amérique du Nord.
Pour Dodge et RAM, la vente peut se comprendre si Stellantis subit trop de pression de la part des américains.
Cette vente pourrait être un boulet politique/culturel en moins pour Stellantis, un peu comme Renault qui s’est désengagé de Nissan car la situation conflictuelle avait atteint un point de non retour.
DS ne fait que des gros trucs moches avec un kitch de coréenne d’il y a 10 ans et sous motorisés… dans un style comparable j’étais pas fan des Vel Satis chez Renault mais a l’époque ils avait au moins le bon goût d’y coller le V6 3.5l…
Cette appellation est une insulte a son inspiratrice.
« …sous motorisés… »
DS 4 hybride rechargeable
la compacte française développe 225 chevaux et 360 Nm. Elle autorise 233 km/h de vitesse maximale et un 0 à 100 km/h abattu en 7,7 secondes.
…ouais.
« s’il y avait une scission totale cela signifierait également une scission européenne entre l’exPSA et l’exGroupe-Fiat, donc un retour à la case départ. »
Pas forcément. Les actionnaires majoritaires (à savoir Exor et les Peugeot) peuvent se mettre d’accord pour continuer l’aventure ensemble sans la partie US qui pourrait redevenir indépendante comme avant. Ce serait une catastrophe industriel pour les marques italiennes si elle redevenaient indépendantes. Les usines ont été adaptées et transformées pour fabriquer des produits sur base PSA. Plus de la moitié des modèles des marques FCA ont basculés sur technologie PSA. Des postes en R&D ont été liquidés et/ou fusionné/rapatrié avec ceux de l’ex-PSA. La machine arrière n’est plus possible a moins de repartir à zéro, chose qui est impossible.
La branche US elle, a gardée une certaine indépendance technologique par ses moteurs et plateformes. Même dans sa gestion. Eux ils pourraient se le permettre. Ils paieraient surement quelques royalties pour des droits d’utilisation de quelques moteurs et modèles qui partagent des plateformes, mais c’est rien. A la rigueur seul Jeep pourrait éventuellement être « gardé ». C’est d’ailleurs la marque la plus « fusionnée » avec la branche Europe. Tout l’inverse des autres.
Si vous voulez une Lancia c’est le moment de se précipiter !
Peugeot, FIAT, Citroen, Alfa Roméo, Opel et Maserati.
Voilà ce qu’il faut sauver pour faire un champion européen et si possible recentrer sur des marques avec de l’avenir.
je ne crois pas en Lancia si c’est pour faire des clones des autres.
FIAT a une vrai légitimité dans les petits 4X4 et peut certainement remplacer JEEP chez nous
Alfa peut redevenir cette marque premium qu’elle n’aurait jamais dû lâcher et se positionner sur le marché d’Audi/ BMW
Citroen n’a pas vocation à être low cost, du confort et de l’audace.
Peugeot avec Opel peuvent être le pendant de VW+Skoda
Pas besoin des boulets nord-américain, on a une gamme de moteurs de 3 à 6 cylindres, des VEs, des hybrides bien suffisants et des chassis nettement plus modernes
aux Etats Unis dodge, jeep et RAM cartonnent , ça serait idiot de s’en passer. Par contre zéro synergies avec les marques européennes pour le moment
Normal Stellantis n’a que 4 ans… il faut attendre au minimum 7 années pour un total renouvellement des modèles sur base plateformes STLA.
… Mais ça commence !
C’est qu’on a trop donné de pouvoir aux marchés financiers, prenez Black Rock premier actionnaire de Tesla qui en a fait un valeur refuge et qui a incité ces 30 dernières années, les Big Three, à délocaliser pour afficher des taux de rentabilité sans faire en sorte que ces trois entreprises soient valorisées à leur juste valeur en bourse.
Donc si on résume, ces 3 entreprises sont massivement attaquées en bourse ces derniers jours pour avoir suivi les recommandations des marchés boursiers sans jamais y gagner.
« une chute spectaculaire de 70 % du bénéfice net en 2024, alors que General Motors enregistrait des profits record. Tavares a quitté le groupe, laissant derrière lui une entreprise fragilisée, en quête d’un nouveau capitaine. »
En 2024… Stellantis n’avait que 3 années… Pour vendre, il faut aussi des nouveaux modèles (un peu quand même)… Qui demande de 3 à 5 années pour les concevoir.
Qu’avait préparé l’ex.FCA pour les USA pour pouvoir garantir un minimum de ventes ?
https://www.largus.fr/actualite-automobile/stellantis-1-2-puretech-la-nouvelle-generation-rencontre-des-soucis-d-arbre-a-cames-30039794.html
Quelle blague ce groupe………..
ils savent plus faire de voitures