La 2e voiture Red Bull, une tueuse en série
Kvyat, Ricciardo, Gasly, Albon, Perez et désormais Lawson : depuis quelques saisons, le second baquet chez Red Bull semble être maudit, car tous ces pilotes ont fini par s’y casser les dents. Un véritable cimetière de carrières. Le mur, c’est évidemment Max Verstappen, autour duquel l’équipe, mais aussi la voiture, sont construites. A l’image de Senna ou Schumacher par le passé, Verstappen rince ses équipiers, qui doivent tenir la comparaison face à un tel cador mais aussi s’adapter rapidement à une voiture dont on sait qu’elle est très particulière et délicate à piloter. Sauf que Liam Lawson n’a eu que deux courses pour essayer d’éviter le couperet, là où Sergio Perez a eu deux saisons, Alex Albon une saison et Pierre Gasly une demi-saison, avant de plier bagages.
Lors d’une réunion de crise qui s’est déroulé à Dubaï, les actionnaires de Red Bull ont acté le remplacement de Liam Lawson et la promotion de Yuki Tsunoda. Il se dit aussi que Honda a mis la main à la poche pour asseoir ce changement. Christian Horner a évoqué les données dimanche soir à Shanghai, lors de son intervention devant les médias après la course. Le sort de Liam Lawson était alors presque scellé. Certaines sources suggèraient que l’option de le remplacer par Yuki Tsunoda avait été sérieusement envisagée avant même le départ. Lawson aurait pu gagner du temps avec une performance miraculeuse dimanche après-midi, mais il a eu du mal à trouver le rythme.
Un cadeau empoisonné pour le japonais ?
Liam Lawson a enchaîné trois qualifications catastrophiques (en étant dernier à deux reprises), une course sous la pluie qui s’est terminée dans un mur en Australie, une course sprint passable et un grand prix en fond de peloton en Chine. Pas de bol pour Liam de plus, la Red Bull, dominatrice jusqu’au début de la saison 2024, est clairement en retrait cette saison et accentue encore plus le fossé monumental avec Max Verstappen, qui exploite au-delà du possible sa voiture. Red Bull s’est donc déjà ravisé et rétrograde Lawson chez Racing Bulls, comme ce fut le cas pour Pierre Gasly en 2019, et promeut Yuki Tsunoda.
Pour le japonais, c’est peut-être un piège mais c’est l’opportunité de sa vie. Il s’apprête à monter au volant d’une voiture d’écurie de pointe, une expérience que peu de pilotes en F1 ont l’occasion de vivre, et encore moins des japonais. Depuis Takuma Sato, qui avait roulé chez BAR en 2004 et 2005, jamais un pilote du soleil Levant n’avait été dans un top team. Tsunoda avait réalisé des essais plutôt concluants fin 2024 lors des rookie tests et avait affirmé que la Red Bull lui correspondait bien, même si son style de pilotage est, à priori, sensiblement différent du néerlandais.
Tsunoda en est désormais à sa 5ème saison de F1. Il est expérimenté, s’est assagi et a déjà montré ses qualités. S’il ne réussit pas au volant de la Red Bull, on pourra dire « un de plus » et incriminer la stratégie de conception de Red Bull entièrement tournée autour de son leader. Si ça ne marche pas trop mal, alors c’est tout à son bénéfice, alors qu’il arrive à un tournant de sa carrière et pourrait éventuellement rejoindre Honda chez Aston Martin en 2026.
Red bull, ton univers impitoyable
Placer Tsunoda au volant maintenant – sans essai et pour sa course à domicile, qui s’accompagne d’une pression supplémentaire – n’est pas idéal. Il sera inévitablement en difficulté, comme tous les anciens coéquipiers de Max Verstappen. Mais en même temps, Red Bull n’a pas d’autre choix. Si les données montrent que Lawson est tout simplement trop loin, et si les ingénieurs constatent qu’il lui faudra une éternité pour maîtriser la RB21, alors il est inutile d’attendre plus longtemps. Faire appel à Tsunoda est également un risque.
C’est évidemment très dur pour Lawson, dont le retour de bâton est violent après quelques déclarations peut être présomptueuses, lui qui a été jusque-là prometteur, dans les formules de promotion, ou même lors de ses débuts avec Alpha Tauri en 2023 puis VCARB en 2024. Ne pas lui donner l’occasion de rebondir, au moins à Suzuka, sur le circuit qu’il connaît et sur lequel il a déjà connu du succès, est rageant. Était-ce trop tôt pour le promouvoir, alors que Lawson n’avait pas de saison complète dans les jambes, et seulement 11 GP en carrière, ce qui en a fait le pilote le moins expérimenté de la galaxie Red Bull à être promu dans l’écurie reine ? Le remplacer au bout de deux courses seulement, c’est du jamais vu dans un top team.
La 2e voiture sacrifiée au nom du « tout Verstappen »
Le véritable problème pour Red Bull, est-ce la voiture ou alors le recrutement et la stratégie globale ? ou les deux ? On connait la RB21 pour être difficile à piloter, Verstappen exigeant un train avant très vif et réactif qui perturbe beaucoup les autres pilotes qui préfèrent disposer d’un train avant sûr. Problème ? Ce n’est pas du tout le style de Lawson et, à priori, pas celui non plus de Tsunoda. Red Bull doit-elle alors recruter un pilote au pilotage compatible avec le typage Verstappen ? Lawson a expliqué que la VCARB était nettement plus facile à piloter que la Red Bull, et Verstappen lui-même étaye ces propos. La Racing Bulls offre visiblement une plus grande amplitude de règlages, contrairement à la très pointue Red Bull dont la fenêtre optimale de performance est très ténue.
Red Bull doit agir si elle veut sauver 2025 et offrir un autre titre, peut-être au championnat des constructeurs, du moins un cinquième à Verstappen. Ils ont besoin d’un deuxième pilote pour l’aider. Après tout, la logique derrière la décision de Red Bull de promouvoir Lawson plutôt que Tsunoda cet hiver n’était pas très claire, le Néo-Zélandais n’ayant que 11 courses de F1 à son actif. Les tensions entre Helmut Marko et Christian Horner, évidentes depuis « l’affaire Horner » qui avait marqué le début de saison 2024, s’étaient réveillées dans le choix du n°2. Mais Horner a quand même pris le risque, espérant que la capacité naturelle de Liam Lawson à résister à la pression serait d’un grand secours.
Une stratégie globale à revoir ?
Ces changements sont peut-être aussi le signe d’une fébrilité de Red Bull, dont la suprématie est désormais derrière, qui a perdu Adrian Newey et qui sait aussi que la fin de son idylle avec Verstappen est peut-être plus proche qu’on ne le pense. En écartant un pilote aussi expérimenté que Perez, on aurait pu penser que Red Bull avait fait un choix réfléchi et bien pesé, et un revirement au bout de seulement 2 courses est très étonnant.
Red Bull ne doit-elle pas repenser son système entièrement organisé autour de Verstappen ? Les témoignages passés de Gasly et Albon sont assez édifiants pour comprendre que le pilote N°2 de Red Bull n’est qu’un faire-valoir, qui doit s’adapter et se débrouiller dans le sillage de Max, à ses risques et périls. Cela n’avait que peu d’importance tant que Red Bull était ultra dominatrice et que Verstappen écrasait tout. Toutefois, cela se complique désormais face à une concurrence qui s’est renforcée et qui est revenue dans le jeu. Verstappen va avoir besoin d’aide pour aller chercher le titre.
Une filière pléthorique mais une boucherie
Quid enfin de cette filière, qui semble envoyer presque tout le monde au casse-pipe ? Autre contraste saisissant, le différentiel de préparation entre Lawson et Antonelli chez Mercedes. L’italien a pu faire beaucoup de roulages et prendre la mesure des caractéristiques de la Mercedes. Lawson n’a, pour certains observateurs, pas assez été préparé. Il n’a pas eu le temps de sa familiariser avec les caractéristiques des Red Bull, qui sont similaires depuis plusieurs années.
Cette volte-face semble symptomatique d’un management qui dysfonctionne chez Red Bull, où, il ne faut pas l’oublier, les tensions internes et ls luttes de clan sont importantes. Verstappen n’est pas éternel et Red Bull se doit de préparer la relève, mais encore faut-il donner le temps aux jeunes de se former. A moins que Red Bull cherche à prendre un top driver en dehors de la filière, ce qui serait d’une certain façon un aveu d’échec.
Incroyable… Red Bull bat son propre record de baquet éjectable. Et d’après ce que vous dites il aurait même pu être viré après 1 course ! À coté de Lawson, Gasly semblerait avoir été choyé avec sa demi-saison (certes avec des résultats plus honorables).
Les décisions sont RB sont incompréhensibles.
1. Perez conservé très longtemps malgré des résultats médiocres jusqu’à la fin de saison, au lieu d’utiliser ces courses pour laisser le temps à un remplaçant pour se faire la main.
2. Lawson choisi au lieu de Tsunoda alors que ce dernier était plus performant sur la même voiture.
3. Tsunoda à la place de Lawson grâce à un chèque de Honda…
Est-ce que RB est devenues une équipe de pilotes payants, avec Perez puis maintenant Tsunoda ?