On a vu : Gran Turismo

Les adaptations de jeu vidéo au cinéma sont parfois casse-gueule, et les films sur le sport automobile plutôt rares.

Ici, Neil Blomkamp (qui s’est fait connaître avec District 9) signe une adaptation du fameux jeu Gran Turismo. Pour ceux qui l’ignorent, la série Gran Turismo a révolutionné le jeu de sport automobile, et ce dès le 1er opus sorti en 1997 (déjà !) sur la Playstation. Outre qu’il exploitait à fond les capacités d’alors de la console, ce jeu repoussait les limites du réalisme. On n’avait jamais vu à l’époque une reproduction aussi détaillée des voitures et un aussi bon ressenti de leur comportement, avec aussi un gros travail de fond sur la bande sonore. Depuis, Gran Turismo a évolué et en est à son 7e épisode, et il fait partie bien sûr des titres de référence dans le simracing, qui a pris désormais une toute autre ampleur.

Evidemment, le film se pose en hommage à la saga, et ce dès le début avec la mise en avant de son fondateur Kazunori Yamauchi, des plans montrant les équipes de concepteur du jeu modélisant les voitures et bien sûr des plans en drone de différents circuits qui nous rappellent les cinématiques du jeu. D’ailleurs, le réalisateur s’amuse, des scènes de courses, dont beaucoup sont en prises réelles, à y insérer des incrustations d’écran ou des plans, comme la vue arrière, qui rappellent évidemment le simulateur.

Basée sur l’expérience de la GT Academy Nissan

Sur cette question de la porosité réel/virtuel, le film met les pieds dedans puis le scenario repose sur des faits réels, à savoir la mise en place par Nissan (belle pub pour la marque au passage) de la GT Academy, un programme de sélection qui a été instauré dans les années 2010 et qui proposait de sélectionner les meilleurs simracers afin d’être formés et préparés en vue d’obtenir le sésame, c’est-à-dire un volant officiel Nismo pour se lancer dans une véritable carrière professionnelle dans une véritable écurie de course. L’histoire repose en somme sur le parcours réel de Jann Madenborough, qui a été sélectionné après sa victoire dans la GT Academy en 2011 et a débuté en 2012 dans les courses de GT européennes. Issu d’un milieu ouvrier, le jeune homme doit faire face à l’hostilité et l’incompréhension de ses parents, puis ensuite aux multiples défis qui l’attendent. Le film s’appuie aussi sur des moments réels de sa carrière, comme son podium aux 24 heures du Mans (en LMP2) et aussi son terrible accident du Nürburgring, où il s’est envolé sur le fameux virage du Flugplatz, tuant involontairement un spectateur dans son accident.

Outisders et passages obligés

L’angle du film est évidemment de montrer des outisders auxquels personne ne croit, qu’il s’agisse de ce jeune issu des quartiers populaires (on a aussi l’impression de voir des allusions au parcours de Lewis Hamilton),  du team manager farfelu qui a lancé cette idée folle (incarné par Orlando Bloom) ou de l’ingénieur de piste, ancien pilote marqué par une tragédie lors de sa carrière, qui n’y croit pas du tout au début puis noue une relation de plus en plus forte avec le jeune poulain de la GT Academy.  Les étapes inévitables sont là, avec les débuts difficiles, les espoirs déçus, le crash révélateur puis le final e apothéose.

On n’évite pas aussi quelques clichés, avec l’antagoniste tête à claque et fils à papa imbu de lui-même, le love interest, les dépassements improbables et les rétrogradages virils pour déboiter et doubler l’adversaire. Quelques invraisemblances aussi, avec des pilotes qui surréagissent au volant et même parfois perdent leurs nerfs de manière exagérée, des explications et des conseils radio parfois très enfantins (qui sont là pour éclairer le spectateur profane, certes, mais qui font passer les pilotes pou des débiles par moments), des comportements en piste au-delà de la limite mais jamais pénalisés (le grand rival Capa qui vous tasse contre le mur et vous donne des coups de roues) ou encore cette séquence au début des 24 heures du Mans où Jann, encore perturbé par son crash du Nürburgring, roule au ralenti perdu dans ses angoisses. Les pointilleux auront aussi remarqué que sur la séquence censée se passer au Mans, beaucoup de prises de vue se sont faites sur le Hungaroring…)

Cocorico, le prototype Nissan que l’on voit dans la séquence finale est une Ligier JS-PX.

Au final, on passe tout de même un agréable moment, même si le spectateur éclairé et connaisseur peut sourire sur de nombreuses situations. Les séquences de course sont bien représentées, malgré des recours par moments aux CGI parfois trop visibles et un scénario assez convenu.

 

Un commentaire

  1. J’ai emmené mon fils le voir aujourd’hui. En grand fan de la saga gran turismo nous avons passé un bon moment. Je ne connaissais pas l’histoire de Jann Mardenborough, ni même l’existence des simracers. D’après Wikipedia, il a un palmarès honnête et sachant d’où il vient c’est signe d’un bon coup de volant. Quant à la réalisation, on est sur du classique. Le fameux Capa est un mélange de lance stroll pour le côté fils à papa, et de Max Verstappen pour le physique. Les rétrogradages pour dépasser comm’e dans driven. Évidement quelqu’un d’initié peut regretter certaines aberrations comme les LMP1 qui semblent absentes des 24 h, mais pour un profane ce n’est pas si grave. Bref, c’est loin d’être le film de l’année mais ça se regarde avec plaisir.

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